«Partis trop vite et sans prévenir»

Un an jour pour jour après l’accident de la route qui a coûté la vie à Catherine Leclerc, 15 ans et à Samuel Poupart, 19 ans, le 28 novembre 2012, une cinquantaine de personnes, principalement des jeunes proches des deux disparus, se sont réunies sur les lieux du drame à Saint-Rémi.

Organisé par le travailleur de milieu Alexandre Labillois, en collaboration avec la Maison des jeunes (MDJ) de la municipalité, cet événement visait à commémorer les trop nombreuses victimes de la route à faire de la prévention auprès des jeunes quant aux risques que représentent l’alcool, la drogue et la vitesse au volant.

Le 28 novembre 2012, Catherine Leclerc était la passagère du véhicule conduit par Samuel Poupart, son nouveau copain.  Ils ont tous deux perdu la vie dans un accident survenu sur le rang St-Paul, à Saint-Rémi.  La vitesse est en cause, mais les circonstances exactes de l’accident ne sont pas encore connues.  Il pourrait s’agir d’une course de rue.  D’ailleurs, le conducteur de l’autre voiture qui serait impliquée, Maxime Poissant, qui avait 20 ans au moment de l’accident, attend toujours son procès.  Il est accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort.

«Si on arrive à faire une petite différence et qu’on arrive à en sauver un ou deux…», a souligné Nathalie Gagner, dont les deux filles étaient amies avec Catherine lors de la soirée tenue un an après le tragique accident.

Ce soir-là, le groupe s’est dirigé près du lieu où l’accident s’est produit, sous escorte policière.  Ils se sont recueillis autour d’une croix qui a été plantée en bordure du rang St-Paul, pour y déposer des lampions et des roses.  «Catherine et Samuel étaient mes chums, confie Sébastien Bélanger, 23 ans.  Ça ne fait pas longtemps que j’ai mon permis.  Ça replace les idées…»

Les gens ont poursuivi leur marche jusqu’au cimetière de Saint-Rémi, pour se recueillir sur les tombes de Catherine et de Samuel.   «C’est le fun de voir que les jeunes ont organisé ça», notait le beau-père de Samuel.  Nous lui avons demandé s’il avait un message à adresser aux jeunes.  «Ils en font assez de messages que les jeunes n’écoutent pas.  Quand bien même j’en ferais un de plus…», nous a-t-il confié, la gorge nouée.

Témoignages

De retour au centre communautaire, plusieurs amis et proches de Catherine et Samuel ont témoigné du vide que leur décès a laissé dans leur vie.  La maman de Catherine, Jeannine Boyer, ne pouvait être présente lors de cette soirée, mais elle avait écrit une lettre qui a été lue par une amie de la jeune fille.  «J’aimerais tellement, pour un instant, la serrer dans mes bras et lui dire : Je t’aime!, mais malheureusement, il ne me reste d’elle que des photos et des souvenirs.  Je n’entends plus sa voix me dire : Allô maman, qu’est-ce que tu fais?»

Des amies de Catherine ont aussi témoigné, dont Amanda Duceppe.  «Avec cet accident, j’ai perdu ma meilleure amie, ma confidente, ma sœur.  Une partie de moi est partie avec elle.»  «Elle est passée dans notre vie comme une étoile filante qui ne cessera jamais de briller, confiait une autre de ses amies.  Pourquoi ne pas dépenser un petit 8$ pour aller lâcher son fou à côté d’ici, à Napierville», suggérait-elle, en faisant référence à la piste de course Napierville Dragway.

La marraine de Catherine, qui est elle-même la mère de trois enfants âgés de 15, 18 et 21 ans, a profité de l’occasion pour envoyer un message clair aux jeunes présents dans la salle.  «Si vous nous appelez pour nous dire de venir vous chercher, ça se peut qu’on ne soit pas de bonne humeur, mais on va aller vous chercher.  Ce n’est pas pour vous réprimander, c’est parce qu’on vous aime!»  Alexandre Labillois, un travailleur de milieu, avait le même message à donner aux jeunes.  «Si vous avez pris de la boisson ou fumé un joint, appelez vos parents.  Ils vont venir vous chercher», a-t-il déclaré, la voix empreinte d’émotion.

Sylvain Rémillard, le directeur de la MDJ de Saint-Rémi, se souvient de Catherine qui fréquentait régulièrement ce lieu.  «Ça fait 20 ans que je travaille à la MDJ et on en perd chaque année!  N’ayez pas peur d’influencer les gens qui roulent trop vite!  Catherine venait souvent à la MDJ.  Pendant un mois, toutes nos activités ont été annulées.  On faisait juste réconforter le monde.»

Dérapages

Les organisateurs de cette soirée ont rejoint Paul Arcand, animateur radio et auteur du documentaire «Dérapages», qui dresse un portrait des habitudes de conduite des jeunes, qui sont parfois victimes ou encore responsables d’accidents mortels.  Il leur a accordé une entrevue qu’ils ont diffusée.  «L’important pour nous, quand on a fait «Dérapages», c’était de ne pas faire la morale.  L’objectif est de montrer cette réalité.  La vie est fragile.  Un accident, ça arrive rapidement.»