Un vent d’espoir pour les traumatisés crâniens

Santé – Sylvie Boyer a longtemps eu l’impression d’être comme un prophète qui prêche seul dans le désert. Cette agricultrice de Saint-Rémi est la mère de quatre enfants, dont deux ont subi des traumatismes crâniens causés par des accidents de la route. Elle se bat pour la création de logements supervisés destinés aux victimes de traumatismes crâniens et cérébraux (TCC) et/ou aux personnes atteintes de déficiences physiques.

L’histoire de Mme Boyer semble relever d’un mauvais scénario où le destin a pris plaisir à s’acharner sur elle. En octobre 2000, sa fille Angélique, âgée de 9 ans, est heurtée par une voiture en descendant de l’autobus scolaire.

«Le cervelet a été atteint. Son débit verbal est lent et elle a des pertes d’équilibre, explique sa mère. Elle n’a jamais été capable de poursuivre ses études ou d’occuper un emploi à temps plein. Elle demeure chez moi. Je lui ai aménagé mon sous-sol en loft, car elle voulait aller en appartement, mais elle fait souvent des chutes. Elle a besoin de supervision.»

Sept ans plus tard, le même drame se reproduit. Il touche cette fois-ci Benjamin, âgé alors de 18 ans.

«C’était en mars. Il revenait d’un défi inter-collégial où il représentait l’Institut de technologie agroalimentaire à Saint-Hyacinthe. En descendant de l’autobus, une voiture le frappe. Il a subi de multiples fractures à la tête et au bassin et est demeuré six mois dans le coma. Il est tétraplégique et réside dans un centre d’hébergement et de soins de longue durée», lance-t-elle.

Logements adaptés

Par le biais de l’organisme Vents d’espoir pour la Vallée du Saint-Laurent qu’elle vient de créer, elle espère changer les choses. L’organisme souhaite voir s’implanter à Saint-Rémi un complexe multifonctionnel comprenant 32 appartements adaptés aux besoins des différentes clientèles visées, un centre de jour ainsi que des chambres de répit temporaire d’ici la fin de 2017.

Des espaces locatifs destinés à des organismes d’économie sociale dont la vocation est en lien avec la mission de Vents d’espoir sont aussi prévus. La nouvelle entité desservira une clientèle de 18 à 55 ans répartie sur le territoire de la Montérégie-Ouest.

«Nous sommes à la recherche d’un terrain pour la construction, explique Mme Boyer. On a approché la Ville de Saint-Rémi qui nous a indiqué qu’il y aurait peut-être une possibilité. C’est un projet unique dans la région. Nous sommes dans le triangle des Bermudes concernant les ressources pour les personnes handicapées.»

«Tout est à faire, poursuit-elle. Il faut expliquer et convaincre les gens. Il n’y a pas ici d’organismes qui regroupent des personnes handicapées pour défendre leurs droits. Notre mission est d’assurer une meilleure qualité de vie personnelle, sociale et communautaire dans un milieu sécuritaire et chaleureux.»

Subvention

La construction pourrait bénéficier d’une subvention de 50% par le programme Accès logis de la Société d’habitation du Québec. Par contre, l’organisme devra assumer, par des appuis du milieu, l’équivalent de 15% de la valeur totale du projet. «Si quelqu’un nous offre un terrain, sa valeur rentre dans ce 15%. On va organiser des collectes de fonds afin que le projet se réalise», explique Mme Boyer.

Avant de songer à fonder son organisme, la principale intéressée a frappé à un nombre incalculable de portes tant du côté des fondations que des instances gouvernementales. Si chaque fois on l’écoutait avec empathie, dans les faits, rien ne se produisait.

«On a décidé alors de le faire nous-mêmes! C’est à travers mes deux enfants qui ont eu un TCC que je puise ma force. Je suis là pour eux en ce moment, mais ce ne sera pas toujours le cas», lance-t-elle la voix étreinte par l’émotion.

Vents d’espoir a vu le jour en octobre dernier, mais sa première assemblée de fondation avait lieu le 21 janvier, au centre communautaire de Saint-Rémi. Environ 120 personnes étaient présentes lors de cette assemblée qui était l’occasion d’adopter les statuts et règlements de l’organisme et d’élire un conseil d’administration.

«C’est la première étape d’un rêve qui devient maintenant réalité», confie Mme Boyer, devenue présidente de Vents d’espoir.

Avec la collaboration de Marc-André Couillard