Compressions de 120 M$: le service direct aux enfants va être touché, croit un CPE

ENFANCE – L’impact de la coupure de 120 M$ imposée par Québec aux centres de la petite enfance (CPE) se fera lourdement sentir au CPE Les jeunes pousses des Jardins-du-Québec. Pour l’ensemble de ses trois installations de Napierville, Sherrington et Hemmingford, le manque à gagner est de l’ordre de 140 000$ pour cette année et passera à 250 000$ l’an prochain. Une situation qui inquiète la directrice générale Stéphanie Richer.

Outre ces coupures, Stéphanie Richer doit absorber une coupure de 57 000$ pour la période du 1er avril 2015 au 31 mars 2016.

«C’est épouvantable, dit-elle. Le service direct aux enfants va être touché, c’est certain, que ce soit dans le matériel d’art plastique ou encore le renouvellement des meubles. Dès qu’il va y avoir des absences d’enfants, on va regrouper ceux qui sont présents et on va devoir retourner une éducatrice à la maison. C’est la stabilité des enfants qui va écoper.»

De nombreux réaménagements avaient déjà été réalisés pour pallier les réductions précédentes. «Ça doit faire quatre ans que je n’ai pas acheté de jouets ou de livres neufs. Je donne mes vieilles feuilles aux enfants», poursuit Stéphanie Richer.

À cela s’ajoutent les changements apportés au menu pour réduire les coûts. «On est rendus avec des légumes congelés, dit-elle. On a coupé le lait à la collation de l’après-midi et on remplace le bœuf par du porc ou du thon.»

Solutions

Mme Richer voit mal comment elle va parvenir à boucler son budget avec ces nouvelles contraintes, considérant que 90% de son budget représente des salaires. «Je vais devoir couper un ou deux postes dans le personnel de bureau, se désole-t-elle. Je dois récupérer 100 000$ dans la masse salariale, mais les échelles salariales sont déterminées par le ministère.»

Mme Richer a fait parvenir une lettre au député de Huntingdon, Stéphane Billette, pour déplorer la situation et réclamer des explications. Elle n’a pas reçu de réponse.

Nouvelles installations

Les membres du conseil d’administration du CPE Les jeunes pousses des Jardins-du-Québec se réunissaient le 14 mars pour décider du sort de leur projet de construction de deux nouvelles installations à Saint-Cyprien et à Saint-Jacques-le-Mineur.

Dans une entrevue que Mme Richer avait accordée au Coup d’œil avant cette rencontre, elle avait laissé entendre que ces deux projets risquaient d’être abandonnés. «Ça ne donne rien d’ajouter une quatrième et une cinquième installation si elles sont pour être déficitaires», avait-elle lancé.

Les membres ont décidé d’aller de l’avant avec le projet de nouveau CPE à Saint-Cyprien… pour l’instant. «Comme ce seront de nouvelles embauches, les salaires seront plus bas, donc on ne fera pas de déficit», explique Mme Richer.

Il reste tout de même une zone d’ombre. Le CPE avait réussi à accumuler 239 000$ à titre de mise de fonds pour ce projet évalué à 1,7 M$. Le hic? Québec a récupéré ces sommes. Impossible pour l’instant de savoir si le ministère de la Famille exigera une mise de fonds.

Selon l’échéancier actuel, ce CPE de 75 places devrait ouvrir ses portes en novembre 2017.

Le sort de l’installation future de Saint-Jacques-le-Mineur n’a pas été discuté. Mais d’après Stéphanie Richer, la réalisation de ce projet pourrait être compromise. De nouvelles règles en vigueur depuis 2014 prévoient que les CPE doivent financer 50% de leur projet, ce qui représenterait une somme d’environ 850 000$.