Élection de Trump: «C’est business as usual» – Benoit Gosselin, de J. E. Fortin

ÉCONOMIE – Des entreprises de la région qui transigent régulièrement avec les États-Unis refusent de s’inquiéter à la suite de l’élection de Donald Trump, même si le nouveau président américain a annoncé son intention de renégocier l’accord de libre-échange entre son pays, le Canada et le Mexique. Leur espoir: que M. Trump ne respecte pas ses engagements.

C’est le cas pour la compagnie de transport Normandin Transit à Napierville, dont 80% des expéditions sont dirigées vers les États-Unis. L’entreprise de 500 personnes possède une flotte de plus de 300 camions.

Son directeur général, Alain Panneton, est d’avis que M. Trump a tenu des propos «troublants» avant d’être élu, mais qu’il ne tiendra pas le même discours lorsqu’il gouvernera.

«De notre côté, on va attendre de voir comment ça va se traduire, dit-il. On est un peu déstabilisés, mais il est un peu tôt pour émettre des hypothèses. S’il applique tout ce qu’il a dit, ça peut être un peu chaotique.»

Même son de cloche du côté de la compagnie de transport J. E. Fortin, à Saint-Bernard-de-Lacolle, dont 85% de son kilométrage est parcouru sur les routes américaines. L’entreprise de 90 employés possède une flotte de 75 camions.

«Des fois, les politiciens disent des choses et ils ne le font pas nécessairement», croit Benoit Gosselin, vice-président finances de l’entreprise.

Agriculture

De nombreuses entreprises de la région exportent des fruits et légumes frais aux États-Unis, principalement sur la côte Est. Quel serait l’impact pour elles d’un retrait des États-Unis de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA)?

«À partir du moment où un candidat dit qu’il veut renforcer le protectionnisme, c’est sûr que c’est insécurisant, mais il est encore tôt», pense André Plante, président de l’Association des producteurs maraîchers du Québec.

M. Plante souligne que les entreprises agricoles québécoises ont toujours eu de bonnes relations d’affaires avec les clients américains. Elles ont réussi à maintenir un niveau d’exportation intéressant même lorsque climat économique était plus difficile.

«Au début des années 2000, si les exportations ont baissé, c’est parce que le taux de change était au pair et que les entreprises n’étaient pas compétitives avec les coûts de transport», précise-t-il.

Selon lui, l’agriculture risque d’être un des secteurs les moins affectés par d’éventuelles politiques économiques conservatrices.

«On a un avantage géographique par rapport à la Californie pour desservir la côte Est et le taux de change est favorable», affirme-t-il.

M. Plante compte aussi sur le contre-pouvoir des membres du Parti républicain qui surveilleront M. Trump de près.

«Les candidats républicains ont toujours été ouverts à l’ALÉNA, dit-il. Ç’a pris dix ans à signer. Il ne démolira pas ça en deux ans.»

En ce qui concerne la menace de M. Trump de dresser un mur entre les États-Unis et le Mexique, M. Plante est d’avis que cette mesure, si elle se concrétise, pourrait bénéficier aux producteurs agricoles québécois qui verraient le bassin de travailleurs disponibles s’élargir.

«Mais je ne pense pas que ça va arriver», prédit M. Plante.