Secteurs maraîcher et serricole: la production pourrait doubler d’ici 10 ans

AGRICULTURE – La production maraîchère et serricole du Québec pourrait doubler d’ici 2025. Avec le sirop d’érable, ces deux secteurs présentent les plus hauts potentiels de croissance de l’agriculture de la province.

C’est ce que révèle une étude réalisée par ÉcoRessources pour le compte de l’Union des producteurs agricoles (UPA), publiée en février.

Intitulée L’agriculture au Québec, un potentiel de développement à exploiter, cette étude avait pour objectif d’évaluer le potentiel de croissance de l’agriculture pour la période 2016-2025 et les retombées économiques possibles.

Les auteurs estiment que l’agriculture québécoise, tous secteurs confondus, pourrait connaître un taux de croissance de 30% au cours de la prochaine décennie.

Le revenu brut des entreprises pourrait doubler, passant de 360 M$ en 2015 pour le secteur maraîcher à 720 M$ en 2025 et de 233,4 M$ pour le secteur des serres à 466,8 M$ pour la même période.

Réaction

Ce scénario est tout à fait réaliste, estime André Plante, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ).

«La conjoncture est favorable depuis trois ou quatre ans, explique-t-il. Il y a une forte progression des ventes à cause du taux de change [c’est-à-dire la faiblesse du dollar canadien versus américain].»

M. Plante rappelle que jusqu’en 2012 les agriculteurs québécois n’exportaient que 27% de leur production.

«Il faut exporter 50% de ce qu’on produit pour avoir un bon équilibre, dit-il. On produisait beaucoup trop pour la demande locale et on n’avait pas le choix de laisser des légumes dans le champ.»

En 2015, les agriculteurs ont vu leurs exportations passer à 48%.

Investissements et retombées

Dans le cadre de l’étude, les producteurs maraîchers et en serre ont aussi évalué les investissements nécessaires pour atteindre leur plein potentiel de croissance.

Pour le secteur maraîcher, les investissements requis sont estimés à 64 M$ pour l’achat de matériel agricole, des systèmes d’irrigation ou la construction d’entrepôts.

Du côté des producteurs en serre, les investissements requis seraient de l’ordre de 500 M$ pour construire des serres, installer des systèmes de ventilation et de chauffage, etc.

Selon les répondants au questionnaire soumis par les auteurs de l’étude, les investissements dans le secteur maraîcher permettraient la création de 452 emplois équivalents à temps complet (ETC) génèreraient un produit intérieur brut (PIB) de 59,6 M$ et des recettes fiscales de 12,3 M$.

L’investissement dans le secteur de la production en serre créerait 3925 emplois ETC. Il contribuerait au PIB de la province à hauteur de 345 M$ et rapporterait des recettes fiscales de 73,4 M$.

Conditions

Pour que l’agriculture québécoise puisse contribuer pleinement à l’économique de la province, certaines conditions doivent être réunies. Une dizaine d’entre elles ont été identifiées dans l’étude.

Pour augmenter leur production, les agriculteurs doivent d’abord avoir accès à des terres, affirme M. Plante.

«Les producteurs ne peuvent pas défricher les milieux humides, rappelle-t-il. C’est le prochain défi avec le ministère de l’Environnement. Quand une terre agricole est exploitable et qu’elle n’est pas en zone inondable, on ne devrait pas nous empêcher.»

Le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec souligne aussi l’importance de mettre en place des programmes pour stimuler l’investissement.

«Il y a dix ans, la Colombie-Britannique représentait 6% de la production en serre du Canada, dit-il. Aujourd’hui, elle est passée à 25% grâce à ces programmes.»

Selon lui, le Québec doit en faire plus pour conserver ses parts de marché.

«Depuis 10 ans, on perd 1% de marché par année au profit de l’Ontario, parce que l’investissement y est plus encouragé qu’au Québec», précise André Plante.

Si des investissements sont nécessaires, notamment pour développer la production en serre, ils le sont aussi pour s’adapter aux changements climatiques qui affectent les rendements.

«La saison de production se prolonge, défend-il. On a gagné quatre à cinq semaines dans les 15 dernières années. Il y a de nouveaux ravageurs des cultures parce qu’il fait plus chaud. Ça prend des programmes pour aider les producteurs à gérer le risque parce qu’il y a de plus en plus de facteurs externes qu’ils ne contrôlent pas.»

D’autre part, M. Plante est d’avis que si le gouvernement restreint l’usage de certains pesticides, il devrait du même coup investir dans des initiatives alternatives, comme la lutte intégrée.

«On veut protéger la population, mais on veut aussi la nourrir», conclut-il.

Retombées de l’agriculture québécoise en 2015
71 000 Le secteur agricole québécois a généré 71 000 emplois équivalents à temps complet (2000 heures de travail par an).
5,9 G $ La contribution de l’agriculture au produit intérieur brut du Québec était de 5,9 milliards de dollars.
1 G $ Le secteur agricole a généré des revenus fiscaux d’environ un milliard de dollars pour les trois paliers de gouvernement (municipal, provincial et fédéral).
Source: ÉcoRessources