Jaclin Bisaillon quitte l’UPA de la Montérégie

AGRICULTURE – Le président de l’UPA du Haut-Richelieu, Jaclin Bisaillon, a quitté, il y a quelques jours, l’exécutif de la Fédération de l’UPA de la Montérégie pour se consacrer plus activement à la détresse psychologique des agriculteurs de partout au Québec.

Si M. Bisaillon quitte son poste en Montérégie, il conserve pour l’instant son titre de président dans le Haut-Richelieu. Il avoue toutefois être «en réflexion» pour savoir s’il sollicitera un nouveau mandat à la fin de celui-ci, en mars prochain.

«C’est un cheminement que tu fais dans ta vie, sans t’en apercevoir, explique-t-il. Je suis déjà administrateur d’Au cœur des familles agricoles depuis quelques années. J’ai pris le relais à titre de président il y a deux ans. Je donnais ce que je pouvais. Mais là, je veux m’y consacrer à temps plein. Je me lance.»

L’organisme Au cœur des familles agricoles (ACFA) apporte un soutien psychologique gratuit aux producteurs agricoles qui en ont besoin. Ses bureaux sont situés à Saint-Hyacinthe où se trouve également la maison de répit des agriculteurs.

Détresse

La détresse psychologique est beaucoup plus présente qu’il n’y paraît chez les producteurs agricoles, remarque Jaclin Bisaillon.

«Ça a toujours été présent, remarque-t-il. Mais comme pour les pompiers ou les policiers, les agriculteurs sont perçus comme des gens qui font un travail demandant physiquement et qui sont donc forts. Pourtant, le taux de suicide est très élevé.»

Les problèmes sont similaires à ceux du quotidien de monsieur et madame Tout-le-monde, souligne M. Bisaillon. Ce qui revient le plus souvent, ce sont les finances et les tensions dans le couple. La relève agricole est aussi très stressante. «Ça accroche beaucoup», révèle-t-il.

Depuis deux ans, 70% de la clientèle de la maison de répit provient du secteur de la production laitière. Les négociations entourant l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) et la possible disparition du système de la gestion de l’offre ainsi que l’entrée en vigueur de l’Accord économique et commercial global (AECG) avec l’Europe à la fin septembre sont au centre de leurs préoccupations.

Les producteurs de lait ont fait d’énormes investissements pour rester compétitifs. L’ALÉNA, les quotas, l’Europe, ça rend les gars nerveux. Ils ne dorment plus tellement.

-Jaclin Bisaillon, président de l’UPA du Haut-Richelieu

Alternative

L’organisme ACFA propose aux agriculteurs une alternative au système de santé québécois, mentionne Jaclin Bisaillon. Ses portes sont ouvertes 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Les producteurs agricoles sont rencontrés rapidement.

Le succès est probant. Il y a eu 860 consultations pour 2017, en date du 27 octobre. L’an dernier, pour les 12 mois, c’était plutôt 730.

«Le besoin est là, tranche M. Bisaillon. Les producteurs ne vont pas voir le système de santé d’eux-mêmes. Ils n’ont pas le temps de perdre une journée pour obtenir un simple rendez-vous. Une heure chez un psy ne règle rien. Nous leur offrons une aide de première ligne. Si jamais leurs besoins dépassent notre capacité d’action, nous les référons au système de santé. L’important, c’est que les choses bougent, que ça débloque.»

Il rappelle que tous les intervenants d’ACFA ont un lien avec le milieu agricole, ce qui leur permet de mieux comprendre les problèmes de la clientèle.

Bisaillon veut se consacrer à exporter les «travailleurs de rang» partout en province au cours des prochaines années. «Le travail de terrain, c’est ce qui m’intéresse. C’est là qu’on sent qu’on aide vraiment les producteurs.»