La santé publique et la légalisation du cannabis: le projet de loi salué, mais avec quelques réserves

SANTÉ – La création d’une Société québécoise du cannabis et la décision de fixer à 18 ans l’âge minimal pour se procurer un joint sont saluées par la directrice de santé publique de la Montérégie. En revanche, prévient Dre Julie Loslier, il faudra surveiller de près le marché du cannabis médicinal qui jouit d’une très grande visibilité en ligne et d’un marketing agressif.

«Le projet de loi sur l’encadrement du cannabis inclut la majorité de nos recommandations, observe la directrice de santé publique au nom de ses homologues du reste de la province. Le but est de faire passer les utilisateurs d’un marché illicite à un marché licite. Ça permet d’éviter la criminalisation, d’augmenter la prévention et les données de recherche.»

La mise en place du Fonds de prévention et de recherche, qui recevra plus de la moitié des revenus du cannabis, constitue un autre élément positif du projet de loi, selon elle. De plus, «comme la loi fera l’objet d’un examen tous les trois ans, on se réajustera au fur et à mesure, ce qui est très bon», ajoute Dre Loslier.

Les directeurs de santé publique demeurent préoccupés par le marché du cannabis médicinal. Celui-ci est exclu du projet de loi. Or, cette industrie a le beau jeu sur Internet où fusent les publicités accrocheuses.

Risque de dérive

«Il ne faut pas que ça devienne un produit attrayant, dit-elle. On met les bretelles et la ceinture pour se protéger. Si on est très restrictif alors qu’il se fait beaucoup de promotion en ligne, on risque la dérive et de perdre nos gains.»

Le projet de loi réglementera les produits frais et séchés ainsi que la consommation d’huile de cannabis. L’autorisation de mettre en marché des muffins ou des biscuits au pot pourrait suivre.

«On met les bretelles et la ceinture pour se protéger. Si on est très restrictif alors qu’il se fait beaucoup de promotion en ligne, on risque la dérive et de perdre nos gains.»

-Dre Julie Loslier

Intoxications

La prudence est de mise, avertit Dre Julie Loslier. «Le Colorado, un pionnier dans la légalisation du cannabis, a dû reculer sur certaines choses, comme les produits comestibles. On s’est aperçu qu’ils sont associés à des intoxications chez les adultes. Comme les effets sont plus longs à se faire sentir, les gens ont tendance à en consommer plus.»

Il reste d’autres critères à clarifier, comme la localisation des points de vente. De plus, la possibilité pour les producteurs de vendre au détail dans le cadre de projets-pilotes soulève des inquiétudes. Cela a déjà mené d’autres industries comme celle du tabac à l’augmentation de la consommation, ce qui va clairement à l’encontre des objectifs de la légalisation, concluent les directeurs de santé publique du Québec.