Décès d’Arie Van Winden, pionnier de l’agriculture en terre noire

AGRICULTURE – Arrivé à Sherrington en 1954, Arie Van Winden a quitté sa Hollande natale pour améliorer son sort et assurer la subsistance de ses proches. Il est décédé le 27 janvier, à l’âge de 94 ans. Il laisse dans le deuil une famille nombreuse, mais surtout, il lègue un héritage inestimable. Grâce à son travail, il a façonné un sol marécageux dont personne ne voulait, pour en faire l’une des plus belles terres agricoles du Québec.

Grâce à une expertise dans le drainage des terres acquise dans leur pays d’origine, Arie et ses frères, John et Pierre, ont transformé à tout jamais le visage de l’agriculture dans cette région que l’on nomme aujourd’hui les Jardins-de-Napierville.

«Au début, ç’a été très difficile, rappelle son fils, Stéphane Van Winden. Arie et ses frères n’étaient pas les premiers à essayer de développer l’agriculture ici. Tous les autres ont abandonné.»

Au départ, l’agriculture pratiquée par M. Van Winden devait permettre de nourrir ses 12 enfants. Après avoir travaillé pour ses deux frères, Arie Van Winden s’achète une terre d’environ 10 acres. C’était le début de ce qui allait devenir la ferme Delfland. Il produisait de la laitue, des oignons et des carottes.

Les récoltes de laitue des trois frères étaient vendues au marché Bonsecours et au grossiste Courchesne Larose, qui revendait les légumes dans différents marchés de la métropole. C’est de cette collaboration qu’est née l’entreprise VegPro International.

Arie Van Winden s’est aussi associé à ses frères et d’autres maraîchers de la région pour mettre sur pied Onipro, un plan d’emballage d’oignons situé à Sherrington, et Sapec, un plan d’emballage de carottes, à Sainte-Clotilde.

Entre 1981 et 1983, les fils d’Arie, Yvon et Léo, achètent à leur tour des terres et s’associent à leur père. Arie Van Winden prend sa retraite en 1991, après avoir vendu son entreprise à son fils Stéphane. À cette époque, l’entreprise cultive 300 acres de terre.

Les années suivantes, les autres fils d’Arie Van Winden, Éric et Martin, ont intégré l’entreprise, ainsi que Gabriel, le fils d’Yvon.

Aujourd’hui, les familles Van Winden possèdent des milliers d’acres de terre agricole de grande qualité.

«Ils avaient l’esprit coopératif. Ils savaient qu’ils étaient plus forts ensemble. Aujourd’hui, on a tous cette même philosophie. C’est vraiment ça l’héritage qu’il a laissé.»

Stéphane Van Winden

Arie Van Winden et quelques-uns de ses enfants, désherbent leur plantation de laitue, à Sherrington, au début des années 1960.

Héritage

Arie Van Winden et ses frères ont toujours travaillé ensemble. Soixante ans plus tard, leurs enfants poursuivent leur œuvre dans le même esprit.

Après 1991, l’entreprise a beaucoup évolué. La superficie cultivée s’est agrandie et la production a augmenté de manière à conquérir le marché de l’exportation.

«Il était bien fier de voir ça, témoigne Stéphane Van Winden. Il voulait toujours venir faire un tour dans les champs et quand il voyait ça, il venait les yeux brillants.»

Son fils souhaite que l’on se souvienne de son père comme étant un homme bon, très travaillant et juste. «Ce n’était pas un homme extravagant, dit-il. Il était réservé et il faisait son travail. Son but était de faire vivre sa famille et de laisser un héritage pour ses enfants. Il était bien content quand on a pris la relève.»