Saint-Valentin: un faucon pour protéger la récolte de bleuets

ACTUALITÉ – À la fraisière Louis Hébert de Saint-Valentin, on compte maintenant sur un allié de taille pour protéger les bleuets.  Monsieur Nopalito, un faucon aplomado, y chasse les oiseaux presque tous les jours.

Il n’aime pas la pluie. C’est pourquoi il préférait rester perché sur le gant ou même sur la tête de sa maîtresse, Joanie Lamoureux, lors du passage du journal.

Les beaux jours, Monsieur Nopalito est un redoutable chasseur. Au petit matin, il se perche sur un poteau qui surplombe la bleuetière. Lorsqu’il est en position, sa fidèle alliée fait du bruit, ce qui effraie les oiseaux qui picossent les bleuets. Ils fuient d’un coup et tombent entre les pattes du faucon.

Cette technique, qu’on appelle effarouchement, est peu connue au Québec, alors qu’elle est très répandue en Europe. Elle est beaucoup plus efficace que l’épouvantail ou les coups de canon et moins contraignante que les filets.

Passion

Joanie Lamoureux n’est pas employée de la fraisière. Le site est plutôt l’un de ses lieux d’entraînement, puisqu’elle est parmi les rares au Québec à pratiquer l’art de la fauconnerie.

Sa passion est née alors qu’elle était toute petite. Plus précisément lorsqu’elle regardait les aventures de Sinbad le marin en dessins animés. Dès 16 ans, elle était embauchée à temps partiel au Parc Safari. Elle y est toujours, mais à temps plein. Au terme de ses études, elle est devenue zoologiste et directrice adjointe du département d’éducation et oiseaux de proie.

Par contre, Monsieur Nopalito n’appartient pas au zoo. Il avait deux mois lorsqu’il a été adopté. Celui qui est maintenant âgé d’un an a sa propre volière chez sa maîtresse, où il côtoie même une buse à queue rousse. Son espérance de vie est de 12 à 15 ans.

«Il n’y a que deux faucons aplomados au Québec. Il y a aussi une femelle à Chambly. C’est probablement sa sœur ou sa demi-sœur», croit Joanie Lamoureux.

Originaires du Mexique, ces bêtes sont très rares au Canada. Il n’y aurait qu’un seul éleveur en Ontario, où la Johannaise a acquis le sien.

Chasse

Même s’il est domestiqué, Monsieur Nopalito n’a rien perdu de son instinct de chasseur. En nature, il se nourrit de petits oiseaux, comme le merle ou l’étourneau. À la maison, Joanie Lamoureux lui offre de la caille, des poussins et des souris.

Lorsqu’il chasse, il porte un petit GPS à sa patte. Pour l’attirer sur son gant, Joanie Lamoureux lui offre de la viande. Il revient dans la majorité des cas, mais elle a déjà couru après lui pendant sept heures sur une distance de cinq kilomètres.

Monsieur Nopalito est un faucon aplomado âgé d’un an. Il n’y en aurait que deux au Québec.

Efficace?

C’est la première fois que l’effarouchement est utilisé à la fraisière comme technique d’éloignement des prédateurs. Il est difficile pour le moment d’en mesurer l’impact. Ailleurs, la méthode a fait ses preuves en agriculture et dans les aéroports.

«J’ai l’impression qu’il y a moins d’oiseaux, souligne Dominique Larouche, propriétaire de la Fraisière Louis Hébert. Nous avons une bonne récolte de bleuets cette année. C’est vraiment difficile à quantifier.»

«Nous verrons les répercussions à long terme, précise Joanie Lamoureux. Nous utilisons les oiseaux de proie pour éloigner les goélands au Parc Safari. Il y en avait une colonie d’environ 200 il y a quelques années. Il reste à peine six ou sept courageux.»

Comme Monsieur Nopalito travaille au lever du jour, les cueilleurs n’ont pas l’occasion de le croiser à la bleuetière. Par contre, le duo sera présent à la journée porte ouverte du Circuit du Paysan, le 30 septembre. Une date à mettre à son agenda pour les curieux.