Sainte-Clotilde: Les Serres Lefort en difficulté financière

AGRICULTURE – L’entreprise Les Serres Lefort, située à Sainte-Clotilde-de-Châteauguay, s’est placée à l’abri de ses créanciers, le 6 septembre, en raison de son insolvabilité.   

Le dossier a été placé entre les mains du syndic Jean Gagnon, de la firme Raymond Chabot inc. Les Serres Lefort, une entreprise qui se spécialise dans la production de concombres et de poivrons en serre, ne parvient plus à faire face à ses obligations financières envers ses créanciers. Elle est contrainte de se placer à l’abri de poursuites judiciaires de ces derniers, de façon à gagner du temps pour permettre à ses administrateurs de restructurer l’entreprise.

En vertu de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité, Les Serres Lefort dispose de six mois pour faire une proposition à ses créanciers. Un document public de la Cour supérieure fait état de 143 créanciers, à qui l’entreprise doit un total de plus de 44,6 M$.

Les montants dus varient de quelques dizaines de dollars, à plus de 31 M$, qui doivent être remboursés à la Fédération des caisses Desjardins du Québec. Un autre montant de près de 7 M$ est dû à Investissement Québec.

Syndic

Le syndic responsable du dossier chez Raymond Chabot inc., Jean Gagnon, assure que l’entreprise n’est pas en faillite.

«L’entreprise continue à opérer à l’abri d’éventuelles poursuites, explique M. Gagnon. L’objectif est d’être capable de se restructurer. L’entreprise va renégocier de nouveaux termes de paiement de ses dettes.»

M. Gagnon assure que l’entreprise n’est pas à vendre. «Il n’y a pas de vente d’actifs ni de liquidation, assure M. Gagnon. Nous sommes à la recherche d’investisseurs. Nous voulons trouver des partenaires d’affaires. Il y a des gens qui ont déjà montré de l’intérêt. Le processus doit être réglé dans les six mois, mais on vise avant les Fêtes. Les chances qu’on réussisse sont bonnes.»

Questionné sur les causes probables de cette débâcle, M. Gagnon a fait état de «récoltes moins efficaces» et de «pertes financières liées à un projet d’acquisition qui a avorté et qui a causé des dommages financiers à l’entreprise».

Réaction

De côté des Serres Lefort, on est plutôt avares de commentaires, pour l’instant.

«Pour le moment, toutes les énergies sont concentrées sur les opérations liées à la production, il n’y a donc pas d’entrevues possibles, nous a indiqué par courriel André Michaud, président d’Agro Québec, organisation qui agit comme porte-parole de l’entreprise. D’ici quelques jours, nous serons en mesure de faire le point avec vous.»

Aide financière

L’entreprise Les Serres Lefort a reçu de l’aide financière des gouvernements à quelques reprises au fil des ans. Les propriétaires ont aussi injecté des sommes pour la faire croître.

En 2013, elle a reçu un soutien de 440 000 $ pour la mise en place d’une vitrine technologique pour la production de poivrons de serre. Au cours des deux années précédentes, l’entreprise avait investi plus de 15 M$ pour convertir ses installations énergétiques en alimentation à la biomasse forestière.

En 2015, plus de 3 M$ d’argent privé ont été investis par les propriétaires pour la construction d’un complexe de serres d’une superficie de 1,4 hectare, pour un total de 12 hectares de cultures abritées. Cela en faisait la plus grande surface de serres sur un même site, au Québec.

En 2016, L’entreprise annonçait un projet d’agrandissement d’une valeur de 27 M$, qui en ferait le plus important producteur de légumes biologiques cultivés en serre en Amérique du Nord. La superficie des serres passant de 12 à 20 hectares, ce projet devait permettre la création de 60 emplois. À l’époque, le gouvernement du Québec avait annoncé qu’elle attribuait un prêt de 7,5 M$ aux Serres Lefort. À cela s’ajoutait une garantie de prêt de 11,9 M$. Le Fonds de solidarité FTQ y a aussi investi 5 M$.