Qualité de l’eau dans la baie Missisquoi: six mesures contre la prolifération des cyanobactéries

ENVIRONNEMENT – Six mesures réalistes peuvent être mises en place pour contrer la prolifération des algues bleues dans la baie Missisquoi. Essentiellement, elles visent à réduire l’apport de phosphore dans le bassin versant. Forcément, il faudra une volonté politique et des ressources financières.

En octobre 2017, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont confié à la Commission mixte internationale sur les eaux limitrophes (CMI) le mandat de compiler et d’examiner les données sur la réduction des apports de nutriments et des efflorescences de cyanobactéries dans la baie. La CMI devait aussi formuler des recommandations à l’intention du Québec et du Vermont pour accélérer l’amélioration de la qualité de l’eau.

Comme elle le fait habituellement, la CMI a mis sur pied un groupe de travail pour réaliser le mandat. Le Lake Champlain Basin Program (LCBP) et son pendant québécois, l’Organisme de bassin versant baie Missisquoi (OBVBM) ont été mis à profit pour faire le travail.

Les organismes ont remis la version préliminaire de leur rapport à la mi-novembre. Des présentations publiques se sont tenues au début du mois de décembre, à Venise-en-Québec et à St. Albans, au Vermont.

Réalistes

En amorçant les travaux, le comité a convenu qu’il devait en venir à des recommandations réalistes, quitte à ce qu’elles soient moins ambitieuses, indique le président de l’OBVBM, Pierre Leduc.

Le problème des cyanobactéries s’est créé sur des décennies. Il n’y a pas de potion magique ni de formule incantatoire: il faudra des décennies pour le résoudre. Force est de constater que les solutions proposées s’inscrivent dans la continuité des interventions des organismes du bassin versant.

Phosphore et agriculture

Le phosphore est le nutriment dont se nourrissent les algues bleues. Sa principale source reste l’agriculture. Longtemps, le bassin de la baie a été occupé par une agriculture de subsistance, rappelle M. Leduc. Les cultures et les formes d’élevage étaient diversifiées.

Avec l’agriculture industrielle, la culture intensive faisant appel aux fertilisants minéraux est devenue la norme. Pendant un temps, l’eau de la baie a absorbé le choc, mais avec les années, les sédiments ont stocké un surplus de phosphore qui se libère dans l’eau. Les cyanobactéries en raffolent.

La teneur en phosphore dans la baie ne devrait pas dépasser 25 microgrammes par litre (µg/l). Elle est actuellement de 49 µg/l. L’objectif est de réduire de 65 % l’apport de phosphore dans la baie.

Comité

La première recommandation est de mettre sur pied un comité binational permanent pour suivre le dossier.

Ensuite, il faut dresser un bilan binational des importations et des exportations de phosphore dans le bassin.

Une troisième recommandation porte sur la réduction de l’utilisation du phosphore pour fertiliser les terres du bassin versant. Dans cette logique, le comité propose d’augmenter la proportion de systèmes de culture produisant moins de phosphore.

Par ailleurs, il faut accroître la protection et augmenter la superficie des plaines inondables, des milieux humides et des terrains forestiers en assurant leur «reconnexion» pour qu’ils retiennent les nutriments.

Enfin, il faut inciter les intervenants publics à s’engager dans l’atteinte des objectifs. Après l’argent, c’est, pourrait-on dire, le deuxième nerf de la guerre. Il faut une volonté politique et c’est la pression de la population qui alimentera cette volonté.