Vols d’argent et de biens saisis: un ex-policier de la SQ connaîtra sa sentence en février

ACTUALITÉ – Richard Parent, ancien policier de la Sûreté du Québec (SQ) responsable des enquêtes au poste de la MRC du Haut-Richelieu, connaîtra sa peine le 5 février. L’homme de 56 ans a admis avoir volé de l’argent et des biens représentant une valeur totale de 6515 $. Il a remboursé la somme le matin des représentations sur sa peine, le 11 décembre.

L’ex-sergent a aussi reconnu avoir volontairement tenté d’entraver le cours de la justice en prenant, cachant ou détruisant des rapports de contrôle de pièces à conviction et en y inscrivant des données fausses. Il est coupable aussi d’avoir fait un faux document.

Me Jean-Sébastien Buissières, procureur de la Couronne, a demandé l’imposition d’une peine de 18 mois de prison dans la collectivité et de 120 heures de travaux communautaires. Me Jean-Pierre Robillard, de la défense, a plaidé pour que le juge prononce un sursis de sentence et oblige l’accusé à effectuer 240 heures de travaux communautaires. Cette suggestion tient compte du remboursement déjà fait.

Couronne

La période visée par les accusations s’étend du 20 juillet 2010 au 21 novembre 2016. L’accusé était responsable de la voûte des pièces à conviction.

En 2015, un audit avait été réalisé au poste de police et des anomalies avaient été détectées. Une enquête avait été entreprise et avait permis de remonter jusqu’à l’accusé. Des formulaires permettant de retracer les pièces saisies avaient été retirés des dossiers et des données n’avaient pas été entrées dans le système de gestion.

L’accusé avait aussi colligé de fausses inscriptions. Dans un cas, il avait inscrit avoir remis une somme de 500 $ à une employée du palais de justice alors que c’était faux.

Facteurs aggravants

Me Buissières a fait état d’une dizaine de facteurs aggravants. Il a signalé que celui-ci avait posé des gestes illégaux à plusieurs occasions et sur une longue période. Malgré l’audit, le policier avait continué. Le procureur de la poursuite considère que les gestes étaient planifiés, n’étaient pas le fruit d’erreurs et étaient motivés par la cupidité.

Me Buissières estime que les gestes de l’accusé jettent le discrédit sur la SQ et ternissent l’image de la justice dans l’opinion publique. De plus, il trouve aggravant que l’ancien policier ait délibérément impliqué d’autres intervenants de la justice. Enfin, le procureur considère que l’accusé a manqué à son serment d’office. Comme facteur atténuant, il retient le plaidoyer de culpabilité de l’accusé qui a évité un long procès.

Défense

Me Robillard a fait état de la carrière de l’accusé qui a été membre de la SQ de 1992 à 2016. Sa suspension par les autorités du corps de police, son client l’a vécue comme un soulagement, a-t-il expliqué. Le policier vivait beaucoup de stress avec ses responsabilités et la frustration de ne pas pouvoir poursuivre des enquêtes faute de budget. La pression est devenue trop forte avec les années, la soupape a sauté et il a flanché, a résumé l’avocat de la défense.

Le rapport présentenciel parle d’une forme de rébellion dans les gestes de l’accusé. C’est illogique ce qu’il a fait en prenant de l’argent, reconnaît-il aujourd’hui. L’avocat ajoute que son client a remboursé cet argent. Aujourd’hui, il occupe un emploi dans un tout autre domaine, n’a pas à assumer de responsabilité et les risques de récidive sont nuls, évalue la défense.

Concernant trois pièces à conviction, une génératrice et deux scies mécaniques non réclamées qu’il a vendues à un homme qui lavait les autos de police, la défense indique que l’argent a été remis à un organisme communautaire.

«Peut-on effacer 25 ans de service du revers de la main, le bien qu’il a fait dans la communauté, les drogues qu’il a saisies, les événements dramatiques qu’il a eu à couvrir ?», a questionné l’avocat. Des remords, des regrets, j’en ai, a dit l’accusé pour qui les événements avaient changé sa vie qu’il a reprise en main.