Saint-Rémi: c’est la fin pour la Maison de l’éducation des adultes

ÉDUCATION – Après plus de 30 ans d’existence, la Maison de l’éducation des adultes (MÉA), qui occupe le quatrième étage de l’école Saint-Viateur, à Saint-Rémi, cessera ses activités au mois de juin. La Commission scolaire des Grandes-Seigneuries (CSDGS) invoque le faible nombre d’inscriptions pour expliquer sa décision.

«Nous voulons optimiser nos services, explique la porte-parole de la CSDGS, Hélène Dumais. Nous avons pris la décision de fermer en raison du manque d’inscriptions. Le nombre d’élèves décroît chaque année depuis cinq ans et c’est encore plus flagrant cette année. Il y a pratiquement autant de personnel que d’élèves. Il faut offrir la possibilité à nos enseignants d’enseigner et pour ça, ça prend des élèves.»

Pour l’année scolaire 2019-2020, 30 élèves sont inscrits à la MÉA, dont 9 à temps plein. Si plusieurs élèves sont inscrits à temps partiel, c’est qu’il ne leur manque parfois qu’un ou deux cours pour obtenir leur diplôme.

Transport

Depuis 1988, la MÉA permet aux personnes qui veulent terminer l’école secondaire à Saint-Rémi. Elles proviennent de Saint-Rémi et des municipalités environnantes, comme Saint-Michel, Sherrington ou Sainte-Clotilde.

Les élèves qui fréquentent présentement la MÉA vont terminer l’année à Saint-Rémi, assure Mme Dumais. Cependant, à compter du mois de juin, les élèves de moins de 18 ans pourront terminer leur parcours secondaire à l’école Pierre-Bédard. Pour les autres, ils devront se déplacer vers un autre pavillon où cette formation est offerte, soit à La Prairie ou à Châteauguay.

«La réorganisation des services est déjà en cours, explique Mme Dumais. La direction de l’école rencontre chaque élève.»

Cette dernière évoque la possibilité pour la CSDGS d’organiser un système de transport, mais aucune décision n’a encore été prise en ce sens.

«Il y a déjà du transport qui existe pour aller dans les écoles, précise Mme Dumais. Ce n’est pas inenvisageable. L’objectif n’est pas de nuire aux élèves qui veulent suivre une formation.»

Réaction

De son côté, la mairesse de Saint-Rémi, Sylvie Gagnon-Breton espère qu’un système de transport sera offert aux jeunes pour leur permettre de compléter leur parcours scolaire.

«Je dois rencontrer la directrice générale de la Commission scolaire, Kathlyn Morel. C’est une perte de service pour nos gens. Il faut s’assurer qu’il y aura du transport pour aller ailleurs. Les jeunes n’ont pas nécessairement de voiture. On ne s’ingère pas là-dedans, mais c’est sûr qu’on voudrait que ce service continue d’être offert à Saint-Rémi.»

Pétition

Myriam Fauvelle, une élève qui fréquente la MÉA depuis septembre 2018, a lancé une pétition en ligne, sur le site Internet change.org, le 6 février, dans le but d’empêcher sa fermeture. Près de 700 personnes ont déjà signé sa pétition intitulée «Sauvons la maison de l’éducation de Saint-Rémi!».

Cette mère de deux enfants terminera son cinquième secondaire à la fin du mois de février. Elle poursuivra ensuite son parcours pour obtenir une attestation d’études collégiales en comptabilité informatisée, au nouveau Centre d’études collégiales du Collège de Valleyfield, situé à Saint-Constant.

Elle siège au conseil d’établissement de la MÉA. C’est lors de leur dernière séance, à la fin du mois de janvier, que la direction a informé les membres de la fermeture de la MÉA. Depuis, Mme Fauvelle multiplie les démarches pour informer les élus et tenter de faire annuler cette décision.

Moi, je termine bientôt. Ce n’est pas pour moi que j’essaie de me battre. Si on ne se bat pas pour nous, personne ne va le faire.

-Myriam Fauvelle, étudiante au MÉA

«J’ai envoyé une lettre à TVA Nouvelles, au Journal de Montréal, à tous les maires et les députées, aux commissaires scolaires et à la directrice générale de la Commission scolaire, dit-elle. Je n’ai pas eu de retour. La mairesse de Saint-Rémi m’a dit qu’elle ne pouvait pas faire de publicité pour nous.»

Publicité

Dans le contexte actuel de pénurie de main-d’œuvre, il y a moins d’élèves inscrits à la MÉA, mais la situation est la même dans les autres pavillons d’éducation des adultes de la CSDGS, estime Mme Fauvelle. Selon elle, la direction de l’établissement n’en a pas fait assez pour faire connaître la MÉA et attirer de nouveaux élèves.

De plus, dans les autres pavillons, des cours sont offerts le soir, ce qui n’est pas le cas à Saint-Rémi. On y donne aussi des cours de francisation aux immigrants. Tout cela a pour effet de gonfler le nombre d’élèves inscrits.

«Les campagnes de publicité pour attirer des élèves que la direction dit avoir faites, on ne les voit nulle part, dit Mme Fauvelle. On ne peut pas affirmer avoir fait toute la publicité nécessaire quand ce n’est pas vrai. Sur le site de la Ville de Saint-Rémi, le numéro de téléphone pour rejoindre la MÉA est un numéro qui n’est plus valide depuis plusieurs années…»

Besoin

Mme Fauvelle est d’avis que la MÉA ne doit pas être fermée. Saint-Rémi étant plus isolée géographiquement et l’absence de système de transport en commun justifient la présence d’une école pour les adultes.

«Il est possible de suivre des cours à distance, mais ce n’est pas toute le monde qui est autodidacte, dit-elle. Moi, j’ai été sept ans sans aller à l’école. Mes mathématiques et mon anglais étaient faibles, mais les professeures à Saint-Rémi ont fait la différence. Nous ne sommes pas nombreux, donc ils ont le temps de nous expliquer la matière. Je détestais les mathématiques quand je suis arrivée ici, mais j’ai terminé mon examen de maths de secondaire 4 avec 98 %, celui de secondaire 5 avec 90 % et j’ai décidé d’incorporer les maths dans ma carrière future. C’est grâce aux professeurs si j’ai développé une passion pour les mathématiques. Tous les anciens élèves vont le dire: c’est une super bonne école et les profs sont géniaux.»

Taux de diplomation

Selon les données du recensement de 2016 de Statistique Canada, 21,5 % des personnes âgées entre 25 et 64 ans n’ont aucun diplôme, dans la MRC des Jardins-de-Napierville, comparativement à 13,2 % pour l’ensemble de la Montérégie.