Hydroserre Mirabel acquiert Serres Lefort pour 24,2 M$

AGRICULTURE – Le président d’Hydroserre Mirabel, Sylvain Terrault, a annoncé le 3 mars dernier l’acquisition de Les Serres Lefort de Sainte-Clotilde. Cette dernière s’était placée il y a quelques mois sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (loi sur la faillite et l’insolvabilité). L’entreprise était menacée de faillite, croulant sous des dettes de plus de 46 M$.

Il a fallu plusieurs rondes de discussions avec l’ensemble des créanciers et Hydroserre Mirabel pour parvenir à une conclusion heureuse du dossier le 19 février. Celui-ci était mené par le syndic Raymond Chabot inc. Après la dernière proposition aux créanciers (145 non garantis et cinq garantis), l’offre de rachat et de réorganisation des Serres Lefort a été acceptée par la Cour supérieure du Québec le 28 février. Hydroserre Mirabel a jusqu’au 31 mars pour conclure la transaction.

De lourdes dettes

Les Serres Lefort ont un passif de plus de 46 millions $, et des actifs de 23,5 M$, pour un déficit de plus de 22,5 M$.

La majeure partie du passif est une dette de près de 31,7 M$ envers la Fédération des caisses Desjardins du Québec, et une dette de près de 7 M$ envers Investissement Québec.

Plusieurs causes expliquent les revers financiers des Serres Lefort. Il y a notamment eu des récoltes moins efficaces dans le secteur de la production de concombres et de poivrons biologiques, et un projet d’acquisition qui a avorté.

Les Serres Lefort étaient décrites comme le plus important producteur serricole sur un seul site au Québec avec 20 hectares de serres. Il y a 350 serres, soit l’équivalent de 40 terrains de football. L’essentiel de la production était des transplants de légumes pour les producteurs maraîchers en champs (pas moins de 65% des transplants vendus au Québec pour une valeur de 300 M$ à la ferme).

Les projets s’étaient multipliés au fil des années, l’annonce la plus importante étant faite en mars 2016 quand l’entreprise annonçait un investissement de 27 M$ pour la construction de 8 ha de serres additionnelles pour la culture de concombres, de mini-concombres et de poivrons biologiques, connus sous les marques VÔG et VÔG BIO. Les partenaires de cet investissement étaient Desjardins Entreprises, le Fonds de solidarité FTQ, et Investissement Québec.

Des investissements à venir

En décidant de se porter acquéreur des Serres Lefort, Hydroserre Mirabel a accepté d’injecter 24,2 M$ dans l’entreprise. Le président directeur-général d’Hydroserre Mirabel, Sylvain Terrault, nous a indiqué qu’après avoir complété la transaction, sa compagnie va procéder à une réorganisation des Serres Lefort. Il prévoit ensuite investir une quinzaine de millions supplémentaires pour la consolidation et l’intégration des deux entreprises. Il n’y a pas de mises à pied de prévues. Ce pourrait même être le contraire.

«Nos deux entreprises, qui existent depuis une trentaine d’années, sont très complémentaires, indique M. Terrault. Nous sommes d’ailleurs des partenaires depuis 2010. Nous avons construit plusieurs serres chez Lefort (passant de un à sept hectares en dix ans) qui agissait comme sous-traitant dans la culture de laitues et autres légumes. Nous allons renforcer cette collaboration et nous allons étudier de nouveaux projets, comme la production éventuelle de laitues romaine et iceberg. Nous voulons poursuivre notre croissance ensemble».

Le chiffre d’affaires de la nouvelle entité devrait dépasser les 50 M$. Hydroserre Mirabel est déjà bien connu pour ses célèbres laitues Boston, cultivées dans des serres hydroponiques, et pour une douzaine d’autres produits comme la mâche, l’oseille et la laitue frisée.

Investir dans la production en serre coûte cher. Selon M. Terrault, il faut compter au moins 4 M$ pour un hectare.

Alors, si tous les projets se concrétisent, la nouvelle entité Hydroserre Mirabel/Serres Lefort sera un joueur majeur en Amérique du Nord dans la production en serres. Leurs produits sont déjà vendus au Québec, en Ontario, dans les Maritimes et dans le nord-est des États-Unis. Et il y a encore beaucoup de potentiel pour développer ces marchés et en ajouter de nouveaux. La bonne nouvelle dans toute cette opération, c’est que, selon M. Terrault, «le garde-manger du Québec demeure québécois». Il ajoute que pour un avenir prévisible, les noms des deux entreprises vont demeurer les mêmes.

Nous aurions aimé parlé aux dirigeants des Serres Lefort pour conclure notre reportage, mais ils préfèrent demeurer discrets jusqu’à ce que toute la poussière de cette saga qui a été difficile pour eux ces derniers mois soit retombée. On doit leur souhaiter du succès dans le nouveau partenariat avec Hydroserre Mirabel.