Tristan passe des vêtements aux visières médicales

COVID-19 – En l’espace de quelques jours, le détaillant spécialisé dans la fabrication et la vente de vêtements Tristan a développé une visière médicale et a modifié sa ligne de production pour fabriquer, chaque jour, 4500 unités de cet équipement de protection en forte demande avec la pandémie de COVID-19. Entrevue avec Lili Fortin, dont le père Gilles Fortin est originaire de Napierville.

Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis que Gilles Fortin et sa conjointe, Denise Deslauriers, ont acquis la boutique Tristan & Iseut en 1973. Les plus sages d’entre vous se rappelleront que le magasin se trouvait au centre commercial Bonimart, sur le boulevard du Séminaire Nord.

Le détaillant, qui fait affaire sous la bannière Tristan, opère une quarantaine de magasins au Québec, en Ontario et en Alberta, tous fermés depuis quelques semaines, en plus d’avoir une usine de confection à Cookshire-Eaton, en Estrie. Aujourd’hui, Tristan est dirigé par Lili Fortin, la fille des cofondateurs, qui a notamment suivi des cours de ballet à Saint-Jean-sur-Richelieu et qui a grandi à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix.

Besoin

Le dernier mois a filé à la vitesse de l’éclair pour la présidente de l’entreprise. En l’espace de quelques jours, Tristan est devenu un fabricant de visières médicales.

«Une amie qui est propriétaire de cliniques et de laboratoires m’a demandé si notre usine avait la capacité de produire des visières médicales parce qu’il en manquait», expose Lili Fortin.

Désirant aider, elle a demandé à son directeur d’usine si leurs machines permettaient de couper du plastique, ce qui était le cas. L’amie en question lui a alors fourni un échantillon d’une visière.

Le détaillant de vêtements Tristan a réussi à lancer la production de cette visière médicale en l’espace de quelques jours.

Démarches

Rapidement un prototype d’un écran de protection faciale a été fabriqué avec les matériaux disponibles. «Le lendemain matin, c’était un dimanche, on est entré en mode solution parce que ça nous prenait du matériel pour produire à grande échelle. Il fallait trouver du plastique, des élastiques, de la mousse», énumère Mme Fortin.

Cette dernière a relevé le défi de réseauter avec des numéros de cellulaires en plein week-end. «On a réussi à entrer en contact avec des dirigeants qui nous ont mis en contact avec d’autres. Le lundi matin, on savait à qui parler pour avoir notre approvisionnement en matière première», raconte-t-elle.

L’histoire des visières est super parce qu’on a pu être mis à contribution pour répondre à un besoin urgent et on y a répondu rapidement. Après deux jours de production, on pouvait livrer.

-Lili Fortin, présidente de Tristan.

Le matériel a été commandé, des lignes de production, qui servent normalement à concevoir des uniformes pour la Sûreté du Québec et le ministère de la Défense nationale, ont été adaptées à la confection de visières médicales et une demande pour une licence a été transmise à Santé Canada.

Production

«À 1h20, dans la nuit du samedi au dimanche, on a obtenu l’autorisation de Santé Canada pour produire et vendre de l’équipement de protection médicale. Le lundi matin, on avait le matériel et l’usine était prête. On a réussi à fabriquer 600 visières», poursuit Lili Fortin.

Le lendemain, la production quotidienne est passée à 1000 écrans de protection faciale. Au début d’avril, 3000 visières étaient fabriquées quotidiennement. «Maintenant, on en produit 4500 par jour», précise-t-elle.

Cette entraide a aussi permis à l’entreprise de conserver l’emploi des 100 travailleurs de l’usine de Cookshire-Eaton. «On a remplacé la diminution des autres commandes par la production des visières. On n’a pas eu à couper d’employés», précise Mme Fortin.

Lili Fortin, présidente de Tristan.

Réutilisable

La capacité de production pourrait être doublée ou triplée, soit en investissant ou en optant pour la sous-traitance. «On réussit à combler la demande. On a des ententes avec le gouvernement qui prend une grosse partie de notre production», indique la présidente de l’entreprise.

La visière conçue par Tristan, qui porte d’ailleurs le slogan de l’entreprise Unum sumus, une expression en latin qui signifie nous sommes unis, est réutilisable. «L’échantillon qu’on a utilisé était jetable, mais nous avons beaucoup de difficulté à faire des choses de faible qualité. Ce n’est pas dans notre ADN. Les médecins et le personnel dans les hôpitaux peuvent réutiliser notre visière», conclut Mme Fortin.