Victimes collatérales de la Covid-19: deux entreprises ferment leurs portes

CORONAVIRUS – La Covid-19 n’affecte pas seulement la santé des gens, mais aussi sur la santé financière des entreprises. Ses impacts peuvent parfois être fatals. C’est le cas pour le Gym Synergie, à Saint-Cyprien-de-Napierville et le Restaurant Louise, à Napierville, qui n’ont d’autres choix que de fermer boutique.  

Une page d’histoire se tourne à Napierville avec la fermeture annoncée du Restaurant Louise, le 14 juin.

Le 1er juin, l’établissement a fêté ses 45 ans. Gérald Charbonneau et Louise Hébert, un couple de Napierville, étaient à la barre de cet établissement jusqu’à l’année dernière, avant que leur belle-fille, Valérie Côté, ne prenne la relève de l’entreprise familiale avec son conjoint, Patrick Charbonneau.

«L’an passé, le restaurant était à vendre et ils avaient décidé de fermer au mois d’août parce qu’ils n’avaient pas trouvé d’acheteurs, dit Mme Côté. Moi et Patrick on a décidé d’embarquer dans l’aventure. Ç’a super bien fonctionné! Le chiffre d’affaires a augmenté et on a commencé à offrir la livraison.»

Impacts

Les normes de distanciation qui sont imposées et le coût associé au respect des mesures d’hygiène pèsent trop lourd sur la rentabilité de l’entreprise.

«J’ai calculé qu’on pouvait accueillir 30 clients au maximum, au lieu de 42, explique Mme Côté. C’est un restaurant de travailleurs. C’est plein à midi. C’est impossible de continuer avec les nouvelles normes. Les profits ne sont pas énormes en restauration. Les frais fixes ne s’envoleront pas. Oui, il y a la PCU [Prestation canadienne d’urgence], mais pour combien de temps? Les prêts, il faut les rembourser. Et il faut se le dire, 60 % de notre clientèle sont des personnes âgées. Est-ce qu’ils reviendraient comme ils le faisaient avant? Le restaurant n’a pas les moyens d’assumer ces frais.»

Émotion

Cette décision de fermer le restaurant le 14 juin n’a pas été prise à la légère.

«C’est très émotif, admet Mme Côté. Il y a beaucoup de larmes qui se versent, mais quand on est en affaires, il faut aussi penser aux chiffres. Gérald et Louise travaillent encore même s’ils devaient être à la retraite. On fait 70 heures par semaine et personne ne se prend de salaire depuis deux mois pour sauver l’entreprise. On a fermé les midis, mais là, on n’est pas pour se rendre malades.»

Ce restaurant représentait plus qu’un simple emploi pour les personnes qui y travaillaient.

Le 14 juin, ce sera la dernière journée. J’espère que les habitués vont venir nous saluer.

-Valérie Côté

«On avait nos réguliers qui étaient ici sept jours sur sept, raconte Mme Côté. C’était rendu notre deuxième famille. Pour la compagnie, c’est une perte, mais il y aussi tout le côté humain.»

La salle à manger va devenir un local commercial qui est déjà à louer. Les cuisines seront transformées en un tout nouveau logement qui sera occupé par M. Charbonneau et Mme Hébert.

Fermeture du Gym Synergie

Un groupe de quatre actionnaires, dont trois sont originaires de la région, avait racheté le Gym Synergie à l’automne 2019, dans le but de le relancer.

Les affaires allaient rondement jusqu’à ce que la Santé publique recommande la fermeture de tous les gyms. «Le gym était viable, assure une des actionnaires, Pascale Leroux. On essayait d’innover. Il n’y avait pas d’employés, sauf le soir. Les gens pouvaient entrer avec une carte. De nouveaux cours de groupe devaient démarrer.»

Quelque 450 personnes étaient abonnées à cet endroit. Malgré tout, la fermeture prolongée de l’établissement et les règles d’hygiène qui seront imposées lorsque la réouverture sera permise auront eu raison de cette entreprise.

«Il faut continuer de payer notre loyer, explique Mme Leroux. Notre propriétaire nous a dit qu’il n’a pas accès à l’aide financière du gouvernement. Avec toutes les mesures d’hygiène qui sont imposées, il aurait fallu embaucher du personnel pour tout nettoyer et on n’aurait pas eu de nouvelles entrées d’argent.»

Le Gym Synergie, situé à Saint-Cyprien-de-Napierville, a fermé ses portes en raison de la pandémie.

 

Rembourser les clients

La décision de fermer les portes a donc été prise le 22 mai. «On a pris la décision maintenant pour pouvoir rembourser les clients le plus possible, dit Mme Leroux.

Cette dernière soutient avoir demandé de l’aide aux maires et aux députés, mais en vain. «Notre but était de garder le village en santé, assure Mme Leroux. À Noël, nous avons donné des abonnements à la Société Saint-Vincent de Paul et on avait fait un prix spécial à la Maison des jeunes. Les actionnaires ont tous mis beaucoup d’argent là-dedans et on ne s’est jamais pris de salaire.»

Sur sa page Facebook, le Gym Synergie précise que les clients qui veulent être remboursés doivent le faire savoir avant le 15 juin en envoyant un courriel à l’adresse synergiegym20@hotmail.com.