Rapport de la Commission mixte internationale: les efforts de lutte contre les cyanobactéries doivent être soutenus

ENVIRONNEMENT – Les gouvernements du Canada et des États-Unis doivent soutenir les efforts locaux de lutte contre les cyanobactéries dans la baie Missisquoi et le lac Memphrémagog. Aussi bien se faire à l’idée, cette lutte s’échelonnera sur des décennies.

La Commission mixte internationale (CMI) sur les eaux limitrophes vient de déposer son rapport final sur la prolifération des algues nuisibles dans la baie Missisquoi et le lac Memphrémagog.

Elle avait reçu le mandat d’étudier ce problème en 2017. À cette fin, elle avait formé un comité consultatif pour chacun des deux bassins. Celui sur la baie Missisquoi a dévoilé ses recommandations en novembre 2019. La CMI les retient largement pour faire ses propres recommandations aux gouvernements du Canada et des États-Unis.

La Commission formule quatre principales recommandations. Dans chaque cas, elle recommande aux gouvernements fédéraux de mieux soutenir les efforts du Québec, du Vermont et des organismes locaux dans la lutte aux cyanobactéries.

Dans la baie Missisquoi, la cause du problème est essentiellement le surplus de phosphore dans l’eau. Ce phosphore provient principalement de l’agriculture sous forme de fumiers ou d’engrais minéraux. Il s’est accumulé au fil des décennies.

Le rapport dresse une liste de diverses expériences techniques plus ou moins concluantes pour réduire le phosphore.

Il ressort qu’il n’existe aucune solution miracle, efficace et abordable, pour une étendue d’eau aussi vaste que la baie.

Phosphore

La solution passe par la réduction du phosphore à la source, un objectif sur lequel portent déjà les efforts locaux avec des moyens limités.

Les gouvernements fédéraux doivent accélérer le rythme de rétablissement et mettre en œuvre les recommandations du groupe consultatif.

En leur fournissant les ressources nécessaires, il faut former un nouveau comité binational permanent pour coordonner la surveillance du bassin. La CMI souligne que le comité directeur en place couvre l’ensemble du lac, mais pas spécifiquement la baie Missisquoi.

De meilleures ressources appuieraient aussi les efforts scientifiques pour mieux comprendre les apports et sorties de nutriments dans le bassin. À cette fin, il est important d’harmoniser les efforts scientifiques nationaux. La création d’un modèle binational permettrait d’établir le bilan en phosphore et de cibler les zones critiques et les mesures d’atténuation.

Plan

Les gouvernements fédéraux doivent aussi appuyer l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’action s’échelonnant sur deux à trois décennies. Ce plan doit fixer des buts et des objectifs de durabilité sociale qui tiennent comptent de l’environnement, de l’économie et du bien-être de la communauté. Il doit tenir compte des spécificités du bassin.

La diminution du phosphore passe par la mise en œuvre de pratiques de gestion agricole, de mécanismes de marché et d’incitatifs financiers. Selon les terrains, il y a des cultures et des pratiques plus avantageuses que la culture intensive du maïs et du soja, qui nécessitent plus de fertilisants. Il est important de comprendre pourquoi ces pratiques suscitent peu d’intérêts chez les agriculteurs.

La réalisation du plan doit s’accompagner d’une stratégie de communication soutenue. Enfin, il faut établir un plan de surveillance et d’évaluation continue accompagné d’un examen systématique du plan de gestion. Le rapport prévient que les améliorations perceptibles ne seront pas observées avant des décennies, mais le statu quo ne ferait qu’empirer la situation.

Dans la réalisation de ses études, la CMI s’est appuyée sur l’expertise des organismes de bassins versants, notamment de celui de la baie Missisquoi et du Lake Champlain Basin Program.

Il est possible de consulter le rapport sur le site ijc.org/fr.