Piscines et télétravail, une combinaison dangereuse

ACTUALITÉ – Les vacances annulées en raison de la pandémie, plusieurs propriétaires ont décidé d’investir leurs économies dans l’achat d’une piscine. Une situation qui n’est pas sans préoccuper la Société de sauvetage qui rappelle l’importance de mettre en place des installations pratiques et sécuritaires afin d’éviter une recrudescence des noyades.

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage, constate une hausse du nombre de piscines qui sont installées dans la province, ce qui augmente les probabilités de noyades au cours de la saison estivale.

Entre 2012 et 2016, selon les données recueillies par le Centre canadien de recherche sur la prévention de la noyade, les piscines étaient responsables de 14% des décès liés à la baignade dans la province. Les enfants de cinq ans et moins représentaient 42% des victimes suivis au deuxième rang par les personnes âgées. La principale cause? Une absence de supervision ou une supervision distraite.

Attention au télétravail

La forte propension au télétravail en période de pandémie inquiète d’ailleurs la Société de sauvetage. «L’État de la Floride a noté une augmentation de 70% des noyades chez les jeunes enfants depuis le début de la pandémie et le facteur du télétravail est dominant», mentionne M. Hawkins qui rappelle qu’il ne faut que 15 à 20 secondes pour qu’un enfant d’âge pédiatrique se noie.

La distraction que représente un ordinateur, une tablette ou même un téléphone peut donc s’avérer très dangereuse. Tout comme la décision en apparence anodine de demander aux enfants de jouer dans la cour pour permettre aux parents de se concentrer à l’intérieur de la maison. «Si on a un aménagement et un encadrement sécuritaires, on a les éléments de la baignade parfaite», soutient M. Hawkins.

Cela se traduit par des installations qui répondent aux exigences municipales requises pour l’obtention du permis (ex: enceinte clôturée, porte munie d’un système de sécurité). À cet effet, le directeur général de la Société de sauvetage invite les propriétaires de piscine à réaliser le test d’autoévaluation disponible au www.baignadeparfaite.com afin de s’assurer de la sécurité de leur cour.

Il les invite également à mettre de l’avant le concept de «sauveteur désigné» s’inspirant de celui du chauffeur désigné. La supervision ne doit pas être moindre pour les enfants plus âgés précise-t-il. Les concours de respiration sous l’eau représentent une cause importante d’accident chez les enfants de 7 à 10 ans. Pour les adolescents, ce sont les accidents liés aux plongeons qui inquiètent.

Rivière Richelieu

Si les piscines arrivent au troisième rang des lieux où se déroulent le plus de noyades au Québec, les rivières trônent au sommet. À Saint-Jean-sur-Richelieu, les dernières noyades ont d’ailleurs eu lieu en 2017, sur la rivière Richelieu. «Si les rivières n’ont pas été aménagées pour la baignade, on devrait les considérer seulement pour les sports aquatiques», soutient le directeur général.

C’est d’ailleurs afin d’éviter que les gens s’aventurent dans des plans d’eau naturels non propices à la baignade que la Société de sauvetage a plaidé en faveur de la réouverture des piscines et plages publiques auprès du gouvernement dans les dernières semaines. D’autant plus qu’un regain d’intérêt pour les sports aquatiques et les petites embarcations a déjà été noté en ce début de saison.

Soulignons en terminant que le Québec a connu une nette amélioration de son bilan de noyades au fil du temps. Il y a 30 ans, on parlait d’une moyenne de 200 décès par année. Maintenant, on parle de 80. «La majorité des noyades sont encore évitables», nuance M. Hawkins.

En date du 23 juin, la Société de sauvetage a recensé 31 noyades pour l’année 2020, comparativement à 22 à pareille date en 2019.