Démission de Renée Rouleau: les conseillers répliquent à l’ex-mairesse

ACTUALITÉ – Les conseillers municipaux de Sainte-Geroges-de-Clarenceville tenaient à apporteur leur lecture de la situation à la suite de la sortie publique de l’ex-mairesse de Saint-Georges-de-Clarenceville. Cette dernière a quitté son poste le 13 juillet, en précisant qu’elle ne cautionnait pas les décisions prises par le conseil.

Mme Rouleau dénonçait plus particulièrement la décision d’utiliser le surplus budgétaire pour financer le pavage du chemin Wolfridge au coût de 400 000 $ ce qui, selon elle, a entraîné un déficit au dernier budget de la municipalité.

Le conseiller Gérald Grenon a d’abord tenu à rectifier les faits concernant le déficit. La municipalité affichait un surplus de 208 000 $ en décembre 2018 et un déficit de 351 000 $ en décembre 2019, ce qui signifie que ce sont 559 000 $ qui ont été puisés à même le budget et non pas 850 000 $, comme le prétend Mme Rouleau, dit-il.

«Ce n’est pas correct et on n’est pas contents qu’il y ait un déficit de 350 000 $, mais ce déficit vient d’un ensemble de choses, pas seulement du chemin Wolfridge», explique Serge Beaudoin, le maire par intérim de Clarenceville. Selon lui, dans ses déclarations, l’ex-mairesse ne révèle qu’une partie de la vérité.

En plus du 400 000 $ pour le pavage du chemin Wolfridge, une somme de 180 000 $ a été utilisée pour refaire le chemin Middle. «Ça, elle n’en parle pas. C’était le même projet. Ça s’est fait en même temps», rappelle M. Grenon.

Selon les membres du conseil, le déficit a aussi été causé en partie en raison d’une demande de règlement d’emprunt qui a été refusée en raison d’une erreur administrative. Cette demande avait été déposée pour l’achat d’un véhicule de voirie au coût de 260 000 $.

«En janvier 2020, on a augmenté la taxe de 0,018 $ du 100 $ d’évaluation, explique M. Grenon. Ça nous rapporte 55 000 $ pendant cinq ans, pour payer le camion.»

De plus, la municipalité doit recevoir une somme de 96 000 $ du ministère des Transports pour l’entretien des chemins, précise la directrice générale, Marie-Ève Brin.

Pavage

Le conseil défend sa décision de paver environ deux kilomètres du chemin Wolfridge, malgré les coûts que cela a engendré.

M. Grenon admet qu’il réside sur ce chemin, mais il souligne qu’il fait cette demande auprès du conseil depuis 2005, soit bien avant qu’il soit élu au poste de conseiller.

«La poussière, c’est insupportable. On l’a pavé parce que c’est invivable. Ça avait été promis aux citoyens, donc on est allés de l’avant avec nos promesses, explique M. Grenon.

Bilan

La conseillère Lyne Côté questionne le bilan de Mme Rouleau au poste de mairesse.

«Une des raisons pour lesquelles on fait un déficit, c’est qu’on avait beaucoup de choses à faire et ça fait des années qu’on n’augmente pas les taxes, pense Mme Côté. Ça ne coûte rien quand on ne fait rien.»

«Elle dit qu’elle a fait le parc Reynolds, sur un terrain qui nous a été donné, poursuit-elle. Elle ne nous a pas avertis, elle a planté des arbres et nous a amenés la facture. Personne ne va là et ce parc a coûté très cher. Pendant ce temps, on a de la misère à entretenir nos autres parcs.»

Saine gestion

Dans sa déclaration, Mme Rouleau dit que la saine gestion de la municipalité était au cœur de ses valeurs, ce que le conseil met en doute.

«Après cinq ans au pouvoir, on a eu cinq directeurs généraux», illustre M. Beaudoin. Les conseillers soutiennent que cette situation a été coûteuse en termes d’indemnités de départ qui ont dû être versées à ces personnes.

«Mme Rouleau a utilisé les deniers publics pour consulter l’avocat de la municipalité au sujet de son compte de dépenses. Il y a des choses qu’on lui disait qu’elle n’avait pas le droit de se faire rembourser, mais elle n’était pas d’accord et elle revenait à la charge pour exiger d’être remboursée», plaide Mme Côté.

Ils dénoncent aussi un contrat qui a été octroyé de gré à gré, d’une valeur de 42 000 $, pour repeindre la bibliothèque et le toit d’un gazébo. «On a reçu la facture et le travail était déjà fait», déplore M. Grenon.

Serge Beaudoin, maire par intérim de Saint-Georges-de-Clarenceville.

Travail d’équipe

Les conseillers insistent sur le fait qu’il était impossible de faire équipe avec Mme Rouleau et c’est la raison pour laquelle ils l’ont exclue des réunions de travail qu’ils tenaient.

«Si on n’est pas d’accord avec elle, elle va continuer à nous en parler pendant trois heures, raconte Mme Côté. Elle met son véto et nos réunions finissent à 23 h. Pour elle, travailler en équipe, ce sont ses décisions. La loyauté du conseil pour elle, ce sont des «yesman» et des «yeswoman».»

Quand tu es un bon père de famille, tu es rassembleur. C’est ça qu’on aurait attendu de la mairesse.

-Gérald Grenon, conseiller municipal

Ils citent aussi l’exemple du projet d’égout et d’aqueduc pour le village et ils reprochent à Mme Rouleau d’avoir eu des idées de grandeur, ce qui a eu pour effet de retarder le projet.

«Elle veut des trottoirs neufs et des pistes cyclables. Elle veut aussi déplacer le square, illustre M. Beaudoin. C’était déjà un projet de 13 M$ et on a juste 6,8 M$ en subventions. On travaille pour en avoir plus, mais il faut gérer ce projet comme il le faut. Quand on lui dit qu’on ne veut pas, elle exerce son droit de véto et ça retarde le projet de trois mois.»

«On a réalisé qu’on n’avançait plus. Pour la municipalité, on a décidé que c’était fini avec Mme Rouleau et qu’on allait faire nos séances de travail sans elle», explique M. Beaudoin.

Mme Rouleau a aussi dénoncé l’intimidation et le dénigrement dont elle dit qu’elle a été victime, ce que nient les conseillers. «Si elle a subi du harcèlement et de l’intimidation, on veut voir l’enquête, lance M. Grenon. Qu’elle porte plainte.»

«C’est justement pour ne pas la dénigrer qu’on l’a tassée», assure M. Beaudoin.