Dragage des canaux à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix: les riverains auront leur mot à dire, assure le maire

ACTUALITÉ – Gérard Dutil, qui a été maire de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix de 2005 à 2013, exprime des doutes quant à l’utilité de draguer les canaux, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. Selon lui, la majorité des résidents de cette municipalité n’habitent pas en bordure de ces canaux et donc, ils ne devraient pas avoir à payer pour ces travaux.   

On compte une vingtaine de canaux commerciaux et résidentiels à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. Ces canaux permettent aux marinas et aux propriétaires riverains d’avoir accès à la rivière Richelieu.

Creusés à partir de 1955, ces derniers n’ont jamais été entretenus. Des sédiments se sont accumulés à leur embouchure, ce qui a pour effet d’abaisser le niveau de l’eau et de restreindre la navigation.

En 2014, des voix se sont élevées pour demander que l’on remédie à cette situation. La municipalité est d’avis que le dragage est la seule solution viable pour corriger cette problématique. Le coût des travaux est estimé entre 5 M$ et 8 M$.

Qui va payer ?

Selon M. Dutil, ces travaux sont très coûteux et ne bénéficient pas à la majorité des citoyens. Il craint de voir leur compte de taxe augmenter.

«Ce n’est pas tout le monde qui a un bateau et parmi ceux qui en ont un, combien ont vraiment de la misère à sortir des canaux?», demande l’ancien maire.

Les propriétaires de gros bateaux devraient les stationner dans les marinas plutôt que dans les canaux, pense-t-il.

«Certaines personnes ont des bateaux qui valent 700 000 $. Ces gens sont capables de payer s’ils veulent faire draguer leur canal. Ce sont les utilisateurs des canaux qui devraient payer, pas tous les citoyens. Il y a beaucoup de gens qui n’auront pas les moyens. Qui va vraiment profiter de ça?», questionne M. Dutil.

Ce dernier est d’avis que la municipalité devrait plutôt investir dans son réseau d’égout, ce qui bénéficierait à plusieurs citoyens tout en augmentant la valeur de leur maison.

Réaction du maire

Pour l’actuel maire de la municipalité, Claude Leroux, il est primordial que ces travaux de dragage soient exécutés. Selon lui, tous les citoyens vont en bénéficier. De plus, il assure que le partage des coûts se fera de manière équitable.

«Si toutes les maisons situées en bordure des canaux sont dévaluées parce qu’on ne peut plus y circuler, qui va payer la note au bout de la ligne?, demande M. Leroux. Ça voudrait dire moins de revenus de taxe pour la municipalité et la facture serait répartie à l’ensemble de la population.»

En ce qui concerne la répartition du coût des travaux, M. Leroux précise que seulement 15 % de la facture sera répartie entre l’ensemble des citoyens, parce que les canaux font partie des infrastructures municipales.

«La différence sera payée par les résidents de chacun des canaux, dit-il. Ça va être divisé entre eux. Nous allons faire un règlement d’emprunt distinct pour chaque canal. Les résidents vont donc avoir le droit de vote et ils vont avoir l’opportunité de dire oui ou non.»

On espère être capables d’aller chercher de l’argent. Si on ne l’a pas, on va le dire et la population va décider.

-Claude Leroux, maire

«On va former un comité de citoyens, avec des élus et des gens de marina pour déterminer la répartition des coûts, poursuit M. Leroux. Les gens pourront payer tout de suite ou sur un échéancier qu’on va regarder en fonction du montant d’emprunt. L’important, c’est de faire ça en concertation avec les gens.»

M. Leroux compte financer ce projet à partir de la part plus importante qui sera versée par les marinas, mais aussi d’éventuels commanditaires et une aide des gouvernements fédéral et provincial.

«Là, on dépense pour faire la job, mais après, on va mettre en place un programme de nettoyage, qui va coûter seulement 5000 $ ou 6000 $ aux cinq ans, pour entretenir les canaux», assure M. Leroux.

Début des travaux en octobre 2021

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement a tenu une séance publique d’information sur ce projet de dragage proposé par la municipalité, au mois de juin. Au terme de cet exercice, aucun citoyen n’a demandé au ministère de l’Environnement de tenir une consultation publique.

M. Leroux assure avoir obtenu toutes les autorisations environnementales nécessaires pour aller de l’avant.

Les canaux commerciaux seront donc les premiers à être dragués, à compter d’octobre 2021. Les travaux se poursuivront jusqu’au début de l’hiver pour éviter de perturber la saison de navigation et la période de frai des poissons. L’entretien des canaux résidentiels suivra en 2022.

Le programme complet s’échelonnera sur dix ans. Les huit années suivantes seront consacrées à l’entretien des canaux. On prévoit retirer 2000 mètres cubes de sédiments par an.

La technique de dragage privilégiée se fera par barge flottante. Une fois remplies, celles-ci seront ramenées vers un site de transbordement, la plupart du temps une marina ou le site de Parcs Canada. Des camions à benne étanche transporteront ensuite les sédiments vers des carrières des environs.

(Avec la collaboration de Valérie Legault)