Sceptique face aux mesures sanitaires imposées: des élus de Saint-Bernard-de-Lacolle réclament la démission du conseiller André Lafrance

MUNICIPAL – Des élus de Saint-Bernard-de-Lacolle ont voté à majorité en faveur d’une résolution demandant la démission du conseiller André Lafrance. On lui reproche de nier l’existence de la pandémie et de faire de la propagande contre les mesures sanitaires imposées par le gouvernement du Québec.

Deux résolutions ont ainsi été adoptées lors d’une séance extraordinaire qui s’est tenue le 23 novembre.

Le conseil reproche à M. Lafrance des propos qu’il a tenus dans les médias, notamment dans un article qui a paru dans le Journal de Montréal à la mi-novembre, ainsi que sur sa page Facebook.

À travers de nombreuses vidéos publiées sur sa page Facebook personnelle, M. Lafrance commente la situation sanitaire qu’il a observée dans différents pays européens qu’il a visités au cours des dernières semaines.

M. Lafrance estime que le gouvernement impose des mesures sanitaires qui sont disproportionnées par rapport à la situation.

«Toutes les mesures sanitaires que le gouvernement a prises, il a l’obligation d’en établir la nécessité parce qu’elles vont à l’encontre des chartes des droits et libertés. Ma démarche vise à démontrer au peuple du Québec ce qui se passe en Suède, en Norvège, en Pologne. En Suède, il n’y a aucune mesure coercitive. Nous avons plus de cas au Québec avec le masque, qu’en Suède où il n’y a pas de masque. Selon moi, le gouvernement n’a pas établi de façon stricte que ces mesures étaient nécessaires.»

Le conseil réclame sa démission

Par ces résolutions, les élus affirment que la municipalité se dissocie de tous les propos tenus par M. Lafrance. Le conseil lui donne un avis de blâme, exige qu’il cesse «la campagne de désinformation qu’il mène concernant les mesures sanitaires mises en place afin d’enrayer la pandémie» et réclame sa démission.

Ces résolutions stipulent que M. Lafrance tient des propos inacceptables et dangereux pour la sécurité publique du Québec en niant l’existence de la pandémie du coronavirus.

Une seconde résolution, qui a été adoptée à l’unanimité, réclame qu’il cesse ses représentations à titre de conseiller alors qu’il n’a pas le mandat de le faire. On le retire aussi de tous les comités auxquels il participait.

Un préjudice pour le club de golf

Lors de la séance du 23 novembre, le conseil a aussi lu une plainte formulée par Stéphane Guay, président du Club de golf International 2000, qui a été envoyée à la municipalité.

Dans sa lettre, M. Guay exige que la municipalité se dissocie des propos de M. Lafrance. Il soutient que plusieurs clients provenant de l’extérieur de la région ont exprimé des inquiétudes quant au maintien des mesures sanitaires à Saint-Bernard-de-Lacolle, à la suite des propos tenus par M. Lafrance.

«Nous avons par conséquent dû redoubler d’effort afin de rassurer cette clientèle que cette position n’est pas celle du Club de golf international 2000 et que toutes les mesures sont maintenues en place tel que recommandé, souligne M. Guay. Malgré ces efforts, nous avons pu observer une diminution de l’achalandage en lien avec ces inquiétudes.»

Plusieurs citoyens ont appelé parce qu’ils trouvaient que ça n’avait pas d’allure.

-Robert Duteau, maire de Saint-Bernard-de-Lacolle

Ce dernier estime avoir subi un préjudice. Il réclame une rectification publique des propos du conseiller Lafrance et sa démission.

«On a demandé sa démission, mais je ne pense pas qu’il la donne, commente le maire, Robert Duteau. Ça fait suite aux commentaires qu’il a faits dans les journaux. Ce n’est pas correct au niveau de l’éthique. Il travaille contre le gouvernement.»

Le maire de Saint-Bernard-de-Lacolle, Robert Duteau.

Le conseiller réplique

André Lafrance n’a pas l’intention de démissionner. «Je vais terminer mon terme et présenter une équipe complète aux prochaines élections pour faire le ménage à Saint-Bernard», annonce-t-il.

M. Lafrance estime que ces résolutions sont diffamatoires à son endroit. Il reproche aussi au maire le commentaire qu’il a fait au journaliste Cédérick Caron du Journal de Montréal, affirmant que c’est une attaque à son droit à la libre expression.

Ce dernier pense plutôt que c’est le maire qui devrait démissionner.

«Au mois de mars, il a refusé d’agir ne minimisant les impacts de la situation, dit-il. Il disait que c’était juste une grosse grippe. Il n’a pas voulu convoquer le conseil pour prendre la décision de fermer les installations municipales. C’est moi qui l’ai fait.»

Position personnelle

M. Lafrance assure que ses commentaires ont été faits sur une base personnelle.

«Si mes paroles ont été mal interprétées, je m’en excuse, dit-il. Je veux que les citoyens comprennent que j’ai parlé en mon nom personnel dans toutes les vidéos que j’ai faites sur la Suède, la Pologne et la Norvège et jamais au nom de la municipalité.»

Il se défend aussi d’inciter les gens à ne pas respecter les mesures sanitaires. «Dans plusieurs vidéos, j’indique aux citoyens qu’ils n’ont pas le choix, qu’ils doivent respecter les règles imposées par le gouvernement, ajoute M. Lafrance. J’ai porté mon masque partout où j’avais l’obligation de le faire.»

«Tous les gestes que j’ai posés à Saint-Bernard sont contraires à ce qui m’est reproché dans ces résolutions. Ce qu’ils ont fait porte atteinte à mon intégrité personnelle pour des considérations politiques, pour détourner le regard des citoyens sur des choses qu’ils ont faites dans le passé, plaide-t-il, en faisant notamment référence aux sommes consenties au Parc régional. Ils se payent des équipements qu’ils n’ont pas les moyens de se payer et c’est déficitaire depuis toujours.»