Les pompiers veulent que le service des incendies soit réorganisé

Problème de rétention des pompiers, difficulté à en recruter de nouveaux, absence de garde interne et externe et les nombreux changements au poste de direction en peu de temps sont autant d’irritants pour les pompiers du service de sécurité incendie (SSI) de Sainte-Clotilde. Ces derniers réclament des changements dans la façon dont le service est dirigé, et ce, dans le but de mieux servir les citoyens, clament-ils.

C’est du moins ce que dénonce le président du syndicat des pompiers de Sainte-Clotilde, Alexandre Beaudoin-Vachon, qui estime qu’avec son budget annuel d’environ 450 000 $, le SSI devrait être en mesure d’offrir un service de meilleure qualité aux contribuables.  

RESTRUCTURATION

Lorsque le directeur du SSI, Stéphane Chenail, a quitté ses fonctions pour poser sa candidature au poste de conseiller municipal, à l’automne 2020, Danny Brais a été nommé directeur par intérim avec pour mandat d’optimiser et de restructurer le SSI. 

« Son plan de match était d’abolir les postes de chefs cadres et de les remplacer par des capitaines-cadres et de former quatre équipes avec un capitaine-cadre à la tête de chacune d’elle, qui assurerait le commandement, explique M. Beaudoin-Vachon. Ça permettait d’économiser près de 280 000 $, qui seraient redistribués aux postes de garde interne. »

Ce plan prévoyait donc que quatre pompiers seraient en caserne, 12 heures par jour, du lundi au vendredi. D’autres pompiers seraient de garde à l’externe, le soir et les fins de semaine. Entre temps, M. Brais a quitté son poste et ce plan de restructuration n’a jamais vu le jour.

GARDE 

« En ce moment, il n’y a aucune garde, illustre M. Beaudoin-Vachon. S’il y a un appel, je ne suis pas sûr d’avoir trois pompiers. Il pourrait aussi arriver qu’il y en ait 15 qui arrivent en même. Il faudrait alors les payer trois heures minimum chacun. »

L’enjeu principal est le respect du temps de réponse, qui est imposé par le schéma de couverture de risques en sécurité incendie, rappelle-t-il. 

« Nous avons un territoire de 72 km2 et notre temps de réponse moyen, de la maison à la caserne, était de six à huit minutes en moyenne, l’année passée, précise le pompier. L’hiver, ça peut prendre dix à douze minutes. Rendus à la caserne, nous avons une minute pour nous habiller et partir. Si on imagine qu’on se rend au point le plus loin sur le territoire, il faut prévoir une course d’environ huit minutes avec le camion qui transporte 1500 gallons d’eau. Ça nous donne une arrivée sur les lieux en 15 à 20 minutes, si ce n’est pas plus. Notre schéma nous impose d’être huit pompiers en 20 minutes sur les lieux d’un incendie. En date d’aujourd’hui, je ne suis pas sûr d’avoir trois ou quatre pompiers. »

De par leur nature, 85 % des appels reçus par les pompiers de Sainte-Clotilde ne sont pas soumis aux règles du schéma de couverture de risques. Il peut s’agir d’appels pour un accident de la route ou un appel de nature médicale. Dans de tels cas, les quatre pompiers qui seraient de garde en caserne pourraient répondre à tous ces appels, soutient M. Beaudoin-Vachon. Une alerte générale pourrait être lancée en cas d’incendie seulement, afin de réclamer l’aide des pompiers des municipalités voisines. « Nous n’avons que deux incendies par année, en moyenne, à Sainte-Clotilde », affirme-t-il. 

PLUSIEURS DÉPARTS

M. Beaudoin-Vachon calcule que sa brigade compte actuellement 15 pompiers et 3 capitaines cadrent. De ce nombre, 6 ont quitté leur poste pour des raisons diverses: maladie, démission, maternité, etc.

« Il nous reste 12 pompiers, dont un noyau dur de 4 qui répondent à presque tous les appels et 4 recrues, qui ne peuvent pas aller au feu, illustre-t-il. Nous recevons une centaine d’appels par année, mais certains pompiers ne répondent même pas à cinq appels par année. »

Ce dernier est d’avis qu’il manque de direction à la tête du SSI. Il estime que 15 à 20 pompiers ont quitté leur poste à Sainte-Clotilde, depuis 2018. 

« Ils partent souvent parce qu’ils sont mis à l’écart, dit M. Beaudoin-Vachon. Il manque de leadership à la tête du SSI pour guider les recrues, donner les informations et réparer l’équipement lorsqu’il est brisé. Il y a un climat de tension au sein du service des incendies. On veut que le climat soit bon et on veut donner un bon service à la population. »

RÉACTION DU MAIRE

Le maire de Sainte-Clotilde est d’avis que le budget alloué au SSI est trop élevé. 

« À Saint-Rémi, ils sont 9000 de population, ils ont un directeur à temps plein, une caserne relativement neuve et une grande échelle pour un budget de 725 000 $, dit-il. Nous, pour 2000 de population, ça nous coûte 452 000 $, ce qui est beaucoup trop. »

PLAN REJETÉ PAR LE CONSEIL

Le plan de restructuration présenté par l’ancien directeur par intérim, Danny Brais, a été rejeté par le conseil municipal, rappelle le maire. 

« Ça devait coûter moins cher au début, mais plus cher à la longue, précise-t-il. La première chose que j’ai faite a été d’aller voir Saint-Rémi et voir la possibilité de déléguer la gestion administrative de la caserne de Sainte-Clotilde. Le dossier est ouvert. On discute. »

M. Mayné espère ainsi réduire le coût du SSI d’au moins 200 000 $. 

Ce dernier a récemment participé à une rencontre avec le préfet de la MRC des Jardins-de-Napierville, Yves Boyer, qui cherche lui aussi à mettre sur pied un regroupement des SSI de différentes municipalités, afin d’en réduire le coût pour les citoyens. 

« Oui, il y aura de la garde interne, parce que soit on s’en va avec Saint-Rémi, soit on participe à un regroupement de municipalités avec M. Boyer, assure le maire. Je vous garantis que ça va se faire. Je ne veux pas fermer la caserne comme certains le disent. C’est faux. C’est précieux et je veux la garde, mais je veux que les citoyens en aient pour leur argent. »