Abstinent depuis 24 ans: un membre des Alcooliques anonymes partage son histoire

RÉCIT – Jean-Claude, c’est un nom fictif, nous a rencontré pour nous raconter son histoire, mais aussi pour partager quelques-uns de ses trucs pour ne pas succomber à la tentation de boire, pendant les Fêtes, où l’alcool est souvent présent. Il s’agit d’un temps de l’année qui peut être particulièrement éprouvant pour les personnes qui luttent contre l’alcoolisme.  

«C’est bizarre cette maladie-là. Personne ne va boire 14 Pepsi en ligne, mais 14 Labatt 50, oui, lance-t-il, d’entrée de jeu. Tu bois six ou huit bières, tu es malade, et le lendemain, tu recommences. Quand tu es atteint de cette maladie, ce n’est plus drôle. Tu ne peux plus boire, mais tu ne peux pas arrêter parce que ton corps l’exige. Une bière c’est trop, parce que 1000 ce n’est pas assez.»

Il avait l’habitude de boire de la bière, tous les jours. «Je prenais aussi de l’alcool si je voulais quitter la planète, dit le résident de Sainte-Clotilde. C’était le blackout automatiquement. Je prenais ça quand je voulais m’effacer.»

Conséquences

L’alcool a entraîné des conséquences négatives dans sa vie. Il a souvent conduit en état d’ébriété, avec ses enfants à bord de la voiture.

«Mes fils ont eu leur permis de conduire seulement à 30 ou 35 ans. Ils m’ont avoué beaucoup plus tard que c’est parce que je leur avais fait peur, je les avais traumatisés. Ils ne voulaient pas prendre la chance de reproduire ça avec leurs enfants», confie Jean-Claude.

Il a aussi calculé le coût financier de tout l’alcool qu’il engloutissait. «Je serais millionnaire!, dit-il. J’ai calculé que je consommais 600 $ d’alcool par semaine, en 1995.

Conscience

Pour Jean-Claude a mis de nombreuses années à prendre conscience du fait qu’il avait un problème de consommation.

«Tout le monde autour le sait, mais nous, on ne s’en rend jamais compte par nous-mêmes. Ce n’est jamais de notre faute. Au début, on boit parce qu’il y a une fête, un baptême, les vacances, mais après un certain temps, on se crée des événements. Il pleut, je vais prendre une bière. Il fait chaud… Au moins, je ne buvais pas le matin. Plus tard, j’ai commencé à 10 h le matin, en disant qu’il était 16 h à Paris», raconte-t-il, en riant.

Il a éventuellement essayé différents trucs pour tenter de réduire l’effet de l’alcool sur lui, comme consommer moins ou changer de «drink», mais en vain.

«J’ai même commencé à prendre une cuillère d’huile d’olive avant de boire, pour que ça passe plus rapidement dans l’estomac, sans m’affecter, raconte Jean-Claude. C’était une légende urbaine!»

Alcooliques anonymes

Jean-Claude a décidé de participer à une rencontre des Alcooliques anonymes après s’être fait arrêter pour une troisième fois, pour avoir conduit en état d’ébriété.

«Je me suis fait arrêter en 1979, en 1987 et en 1995, confie-t-il. La dernière fois, le juge voulait m’envoyer en prison. J’ai été très chanceux parce que je n’ai blessé personne. Il y a des gens qui se réveillent en prison et c’est le juge qui leur annonce qu’ils ont tué deux personnes… Puis, il y a mes fils qui étaient tannés de me voir dormir, chaque fois que je prenais cinq ou six bières. C’est mon fils qui m’a proposé d’aller voir les Alcooliques anonymes.»

Il a tout de suite été attiré par les gens qu’il a rencontrés aux Alcooliques anonymes (AA). «Dans ma tête, un alcoolique c’était un itinérant, qui quête sur le coin d’une rue. Moi, c’était pas ça. J’avais une femme, une voiture, une maison. Je me suis aperçu que les gens dans les AA étaient aussi respectables que moi. Il y a des médecins, des juges, des artistes. Tout le monde peut être atteint de cette maladie. Ça n’a rien à voir avec ce que tu possèdes.»

Quand tu te fais frapper, ce n’est pas par le wagon de queue. C’est la première bière qu’il ne faut pas prendre.

Jean-Claude, membre des AA depuis 24 ans

Cette rencontre avec les AA a été salutaire pour lui. Il a arrêté de consommer de l’alcool du jour au lendemain. «Il y en a que ça fait dix ans qu’ils vont dans les rencontres et ils ont encore soif, dit-il. Moi, j’ai eu une révélation: c’est juste la première bière qu’il ne faut pas prendre! Et ça marche!»

Fêtes

«Dans le temps des Fêtes, il y a les partys de bureau, les fêtes familiales, tout le monde consomme de l’alcool, remarque-t-il. La majorité des gens consomment normalement, mais il y a environ 10 % de la population qui est alcoolique, selon l’Organisation mondiale de la santé.»

Jean-Claude recommande aux gens qui veulent arrêter de boire de l’alcool de toujours avoir un verre de liquide plein devant eux, que ce soit une boisson gazeuse, un café ou un simple verre d’eau.

«Les gens nous offrent tout le temps à boire. De cette façon, ça nous permet de refuser l’offre, puisqu’on a déjà quelque chose à boire. Aujourd’hui, quand on m’offre à boire, je dis, comme Obélix, que j’ai tout bu l’alcool que j’avais à boire quand j’étais jeune et que là, l’effet est permanent», lance-t-il en ricanant.

Il recommande aussi de prendre ses distances des personnes avec qui on avait l’habitude de consommer de l’alcool. «Il ne faut pas penser qu’on va rester chez nous et avoir une vie plate, assure Jean-Claude. Par contre, il faut peut-être se tenir à l’écart des gens avec qui on prenait un coup, pendant quelques mois.»

Pour obtenir de l’aide

Il est possible de participer à des rencontres des AA dans plusieurs municipalités de la région, dont Napierville, Lacolle, Saint-Rémi, Hemmingford, Noyan, Saint-Édouard, Sainte-Clotilde ou Saint-Jean-sur-Richelieu.

Pour obtenir plus d’information, il suffit de visiter le site Internet https://aa87.org/.

Les AA offrent aussi un service d’aide téléphonique, disponible tous les jours de la semaine, de 9 h à 22 h. Il suffit de composer le 514 376-9230. Les membres qui répondent transmettent le message des AA, orientent vers une réunion des AA, répondent aux interrogations sur l’alcoolisme, et partagent leur propre expérience et leur espoir dans le programme de rétablissement des AA.