Après la fin du télétravail obligatoire: beaucoup de chiens vivent de l’anxiété de séparation

Au plus fort de la pandémie, nombreuses sont les personnes qui ont adopté un animal de compagnie. Les chiens ont certainement été parmi les animaux les plus convoités. Au cours des deux dernières années, la plupart d’entre eux étaient à la maison 24 heures par jour, en présence de leur maître, en raison du confinement. N’ayant jamais été habitués à être seuls, plusieurs de ces chiens souffrent d’anxiété sévère lorsque leur maître quitte la maison.

C’est le constat que fait -Chanel -Brosseau, qui est propriétaire du -Chenil -Hurle-Vent, à -Saint-Bernard–de-Lacolle, depuis cinq ans.

Fondé en 1992 par le propriétaire précédent, le -Chenil -Hurle-Vent accueille une vingtaine de chiens à la fois, principalement des chiens de grande race, et ce, 12 mois par année.

« -On accueille parfois des chiens de la police ou des douanes, précise -Mme -Brosseau. Récemment, on a eu un chien qui fait la détection de la viande dans les bagages à l’aéroport -Pierre-Elliott-Trudeau. »

On y offre un service de pension pour des séjours à long terme, mais aussi pour une ou deux nuitées, pour des gens qui partent une fin de semaine ou en vacances, par exemple.

Problématique

Chanel -Brosseau anticipait la problématique qu’elle rencontre aujourd’hui chez plusieurs chiens qu’elle garde, et ce, dès le début de la pandémie.

« -On travaille tous les jours avec des chiens et on sait comment leur cerveau fonctionne, -dit-elle. On a vu ça venir dès le commencement. Les gens se procurent des chiens et ils étaient constamment présents à la maison. Là, ils recommencent à sortir, mais leurs chiens ne sont pas habitués à socialiser avec des inconnus ou avec d’autres chiens. Ça leur cause beaucoup d’anxiété parce qu’ils ne sont pas habitués à être séparés de leur propriétaire. »

Refus

Comme beaucoup de gens se sont procuré des chiens, la demande est en forte hausse dans les chenils comme au -Hurle-Vent.

« -Nous devons refuser une vingtaine de demandes par semaine, explique -Mme -Brosseau. Parmi ces refus, il y en a cinq ou six qu’on ne prend pas après leur essai obligatoire de 24 heures, parce que les chiens sont trop anxieux. »

Symptômes

Chez certains chiens, l’anxiété excessive se traduit par de l’automutilation, alors que des chiens se blessent en se mordant les pattes, par exemple. D’autres vont aussi se blesser en essayant de sortir de leur enclos, ce qui force -Mme -Brosseau à rappeler le propriétaire pour qu’il vienne chercher son animal.

Un chien anxieux va haleter, comme s’il avait chaud. Il peut gratter le sol, baver, japper ou encore tourner en rond de manière excessive.

« -On voit aussi des propriétaires qui sont excessivement anxieux. Certains d’entre eux pleurent lorsqu’ils laissent leur chien. Ils ont réellement peur que quelque chose leur arrive », raconte -Mme -Brosseau.

Solutions

Dans les cas extrêmes, la solution pour aider ces chiens sera la prise de médicaments. « -Je sais que certaines personnes sont contre ça, mais j’ai vu de beaux progrès avec le bon dosage de médicament », confie -Mme -Brosseau.

Autrement, pour prévenir l’anxiété de séparation chez son chien, -Mme -Brosseau recommande de les laisser dans leur cage pendant quelque temps, tous les jours, pour habituer le chien à être séparé de son propriétaire, et ce, dès leur plus jeune âge.

« -Moi-même, j’ai cinq chiens et il y en a deux, les plus jeunes, que je laisse dans leur cage quand je ne suis pas là et parfois même quand je suis présente, -explique-t-elle. Si c’est bien fait dès le début, le chien va aimer sa cage. C’est comme sa petite maison. Pour un chiot qui fait pipi aux -demi-heures, c’est difficile, mais un chien plus âgé devrait être capable d’être dans sa cage pendant huit heures. »

Il faut cependant s’assurer que la cage est assez grande pour l’animal, c’-est-à-dire qu’il doit être capable de se lever et de se retourner.

Dernière minute

Une autre solution pour prévenir l’anxiété chez son chien est de l’habituer à fréquenter un chenil.

« -Les gens se cherchent souvent un chenil à la dernière minute, seulement lorsqu’ils en ont besoin. Pourtant, ça devrait être automatique dès qu’on se procure un chien, pense -Mme -Brosseau. On devrait se chercher un chenil de confiance dès le début. Parfois, ça prend plusieurs essais, des petits séjours à la fois, avant que ça fonctionne. Des gens m’apportent leur chien une journée, puis une journée et une nuitée et ensuite deux jours, pour lui donner une chance de s’adapter à l’environnement. »

Attention aux services de gardiennage

Elle met aussi en garde les propriétaires de chien contre les personnes qui offrent des services de gardiennage, mais qui n’ont aucune expérience. « -Avec la pandémie, on a vu beaucoup de personnes offrir ces services, -note-t-elle. Plusieurs d’entre elles font ça comme sideline. Il faut éviter ça parce que souvent, ces gens n’ont aucune expérience, aucun permis et aucune assurance. »

Pour opérer son chenil, -Chanel -Brosseau détient un permis délivré par le ministère de l’Agriculture, des -Pêcheries et de l’Alimentation du -Québec (MAPAQ), ainsi que des assurances. « Ça fait en sorte que nous sommes inspectés. Le -MAPAQ inspecte nos installations, nos protocoles de nettoyage, etc. Ça donne confiance aux gens », -souligne-t-elle.

Le bon chenil

En somme, -Chanel -Brosseau recommande aux propriétaires de chien de prendre le temps de trouver le bon chenil pour leur chien.

« -On peut les laisser dans un chenil même si on n’en a pas besoin, -conclut-elle. C’est bon d’avoir une pension qu’on a visitée et qu’on a essayée parce qu’on ne sait jamais quand ou pourrait en avoir besoin, en cas d’urgence médicale, un accouchement, un déménagement, etc. De toute façon, les chiens s’amusent en pension. Ils sont comme au camp de jour ! »