Bridges not borders: des citoyens s’unissent pour aider les demandeurs d’asile

ACTUALITÉ – Une cinquantaine de citoyens sensibles au sort réservé aux demandeurs d’asile, ont récemment fondé le groupe Bridges not Border. Ils organisent une séance d’information, le 25 mars, à Hemmingford, pour répondre aux questions du public. Les participants pourront entendre le témoignage de deux demandeurs d’asile, dont une dame qui est entrée au Canada par le chemin Roxham.

Bridges not Borders a vu le jour en septembre 2017. Il s’agit d’un groupe informel, dont les membres proviennent de Hemmingford, Saint-Bernard-de-Lacolle, Sherrington, Havelock et Ormstown, entre autres.

«C’est un groupe très dynamique qui comprend des anglophones, des francophones, des fermiers, des gens de Montréal, des jeunes et des vieux», explique Frances Ravensbergen, une citoyenne de Hemmingford qui fait partie de Bridges not Borders.

Leur objectif est d’offrir leur aide aux demandeurs d’asile, ce qui n’est pas simple. Les préjugés sont tenaces face à ces personnes qui cherchent refuge au Canada et les groupes qui s’opposent à leur accueil attirent beaucoup l’attention médiatique.

«Comme partout, il y a toutes sortes d’appréhensions face à la diversité et aux gens qui ne sont pas comme nous, explique Mme Ravensbergen. Il y a du travail à faire. On voit comment l’extrême droite est en train de grandir et d’être plus publique. C’est ça qui m’inquiète le plus. Ils ne se cachent plus pour dire ce qu’ils pensent. C’est pour ça que j’ai décidé de m’impliquer.»

Appui

Les membres de Bridges not Borders se sont donnés trois mandats, soit d’offrir de l’aide aux réfugiés directement à la frontière, faire de l’éducation auprès de la population locale et influencer les politiques et les procédures qui nuisent aux demandeurs d’asile.

Tous les dimanches, des bénévoles de Bridges not Borders se rendent du côté américain du chemin Roxham pour remettre des vêtements chauds aux demandeurs d’asile qui s’apprêtent à traverser la frontière. Ils soutiennent l’organisme Plattsburgh Cares, qui offre son aide du côté des États-Unis.

«Quand ces gens traversent la frontière, ce n’est pas illégal, c’est irrégulier, parce qu’ils n’ont pas d’autres moyens de traverser.»

Frances Ravensbergen, membre de Bridges not Borders

Éducation

Bridges not Borders fait aussi de l’éducation auprès de la population locale.

«Nous organisons une rencontre d’information le 25 mars, explique Mme Ravensbergen. Nous avons invité deux réfugiées qui feront un témoignage, dont une dame a traversé le chemin Roxham avec ses enfants, après avoir passé par plusieurs pays. Elle va nous expliquer ce qui est arrivé avec elle depuis ce temps et comment elle s’intègre. L’autre lutte depuis dix ans pour avoir ses papiers pour elle-même et ses enfants.»

Politiques

Bridges not Borders fait aussi des représentations auprès des politiciens dans le but de modifier des lois et des procédures qui nuisent aux demandeurs d’asile. Le groupe a déjà rencontré les élues fédérales Brenda Shanahan, députée de Châteauguay-Lacolle, et Anne Minh-Thu Quach, députée de Salaberry – Suroît.

Le groupe remet notamment en question la légitimité de l’Entente sur les tiers pays sûrs. En vertu de cette entente, une personne en provenance des États-Unis, qui demande l’asile à un poste frontalier canadien, sera renvoyée aux États-Unis, qui sont réputés sûrs pour les réfugiés.

Le hic, c’est que depuis que le président américain Donald Trump a adopté des mesures visant à expulser des gens qui sont sans statut permanent aux États-Unis, ces derniers craignent que leur demande d’asile soit refusée. C’est la raison pour laquelle ils tentent leur chance au Canada.

Ainsi, la seule façon pour eux de faire une demande de statut de réfugié au Canada, c’est de le faire à partir de l’intérieur du pays. Pour ce faire, ils doivent nécessairement entrer en évitant les postes frontaliers.

«C’est imbécile comme règlement, déplore Mme Ravensbergen. Cette Entente n’est pas approuvée par le parlement canadien. Ç’a été décidé en comité il y a plusieurs années. Elle est contestée en cour par des organismes comme Amnistie internationale et le Conseil canadien des réfugiés.»

GRC

Les membres de Bridges not Borders demandent aussi que les procédures employées par les agents de la GRC pour l’accueil des demandeurs d’asile soient uniformes.

«On a remarqué une différence entre les agents dans ce qu’ils disent et ce qu’ils font, dit Mme Ravensbergen. Certains disent aux réfugiés qu’ils entrent illégalement au Canada. J’ai un problème avec ça. On souhaite que la GRC n’induise pas en erreur les demandeurs d’asile.»

Réunion d’information sur les réfugiés

Bridges not Borders et l’organisme Solidarité sans frontières organise une séance d’information portant sur les demandeurs d’asile, le 25 mars, de 14 h à 16 h, au Forrest Figsby Hall de l’église anglicane de Hemmingford, située au 531, avenue Champlain.

Outre le témoignage de deux demandeurs d’asile, les participants pourront entendre Davis Smith, d’Amnistie internationale, qui parlera de l’Entente sur les tiers pays sûrs.

Enfin, un bénévole Plattsburgh Cares présentera l’organisme et abordera le sujet des décisions récentes de l’administration Trump en matière d’immigration, qui amènent des gens à demander refuge au Canada.