Décès de Conrad Gamache: Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix perd un de ses bâtisseurs

PORTRAIT – Travailleur infatigable, Conrad Gamache était encore à son poste, au Centre du Camion Gamache, qu’il a co-fondé avec son frère en 1971, la veille de son décès, le 3 janvier. Il avait 88 ans. Ses proches et ses amis pleurent le départ de cet homme plus grand que nature qui, toute sa vie, s’est dévoué à sa famille, son entreprise et sa communauté, lui qui a aussi occupé le poste de policier de paroisse, avant de servir comme pompier pendant près de 40 ans.    

«Il était très présent dans la vie de ses petits-enfants et de ses arrière-petits-enfants, confie Pascal Langlois, petit-fils de M. Gamache. J’ai deux enfants qui jouent au hockey et il venait les voir jouer toutes les fins de semaine.»

M.Langlois décrit son grand-père comme quelqu’un qui aimait profondément les gens et qui n’hésitait jamais à venir en aide à ses proches.

«C’est une grande personne qui inspirait le respect par sa prestance, dit-il. Les gens l’appelaient Monsieur Gamache. Il a toujours prêché par l’exemple. Il n’a jamais fait d’excès. Il a toujours gardé le cap, contre vents et marées. C’était un bâtisseur avec la tête dure. Ce n’est rien de moins qu’un monument qui s’éteint. Des personnes comme ça, il ne s’en fait que très peu de nos jours.»

Il faisait toujours les choses de la bonne façon, intelligemment et jamais à moitié.

Pascal Langlois, petit-fils de Conrad Gamache

«Protéger, servir et chérir étaient ses prérogatives, raconte Richard Gamache, président du Centre du Camion Gamache et neveu de Conrad Gamache. Il était un travailleur acharné, un père aimant, un grand-père et un arrière-grand-père très présent. C’était un homme de cœur. Il a été un pilier pour mes frères et moi après le décès de mon père. Conrad a su passer le flambeau tout en demeurant actif dans l’entreprise. Même s’il trouvait que ça allait trop vite, que ça devenait trop gros et craignait le pire, il nous a toujours soutenus. Au volant de son énorme remorqueuse, sa fierté faisait plaisir à voir. C’est grâce à mon oncle Conrad, que le Centre du Camion Gamache est maintenant reconnu au-delà des frontières et que nous exportons dans plus de 35 pays. La chaise qu’il occupait entre les nombreuses commissions qu’il effectuait chaque jour est bien vide. Même le perroquet de l’entreprise est triste et semble le chercher.»

Selon son neveu, un des héritages que laisse M. Gamache est certainement son assiduité au travail. En 2010, alors qu’il était âgé de 80 ans, il a reçu une plaque honorifique de la part de l’Association des professionnels du dépannage du Québec, soulignant le fait qu’il était alors le conducteur de remorqueuse actif le plus âgé de la province. Presque neuf ans plus tard, il était encore à bord de sa remorqueuse.

«Les vacances, les congés de maladie sont des concepts que M. Gamache connaissait ne connaissait pas, rappelle Carole Simpson, directrice générale adjointe de l’entreprise. Il a été le mentor et un professeur de mécanique et de soudure pour plusieurs générations d’employés du Groupe Gamache. Il laisse un grand vide, tant dans l’entreprise que dans le cœur de ceux qui l’ont connu.»

Policier

Avant même de démarrer son garage de réparation de camions avec son frère Arthur, M. Gamache était impliqué auprès de sa communauté, d’abord à titre de policier, puis comme pompier.

«Dans les années 1950, la Sûreté du Québec ne desservait pas les villages du coin, rappelle Richard Gamache. Il y avait un policier par village. Il y avait Conrad à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix et Gilles Blais, son beau-frère, à Saint-Valentin. Il avait un insigne, il portait son arme et il se déplaçait avec sa voiture personnelle. C’était une autre époque.»

L’insigne que M. Gamache portait lorsqu’il était policier de paroisse, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, à partir de 1952.

Pompier

Conrad Gamache a aussi été le tout premier chef des pompiers de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, en 1956. Il est resté en poste jusqu’au début des années 1990, cumulant 37 années de service.

«C’est un membre fondateur, rappelle l’actuel directeur du service des incendies, Gilles Bastien. Ç’a été mon mentor quand je suis entré, en 1979. Dans ces années-là, la formation, ça n’existait pas. C’est lui qui m’a montré à conduire un camion et à éteindre un feu. C’était un homme fier de ses pompiers et de son village. Il m’a appris beaucoup de choses sur les pompiers et sur la vie. C’est un monsieur que je respecte beaucoup.»

Bâtisseur

Conrad Gamache ne s’est pas contenté d’être le premier chef des pompiers de son village. Il a été un visionnaire et un précurseur dans l’organisation des services d’urgence de toute la région.

Il est à l’origine de la construction de la caserne. C’est à cette même époque que le service des incendies de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix s’est doté d’équipements tout neufs.

M.Gamache a aussi participé à la fondation de l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec, organisation qui a célébré son 50e anniversaire l’an passé et qui compte 800 membres, rappelle M. Bastien.

«Il est aussi un membre fondateur de l’entraide des Grandes-Seigneuries, qui comprend une vingtaine de services des incendies de la MRC des Jardins-de-Napierville, du Roussillon, une partie du Haut-Richelieu, Châteauguay, Mercier, etc. Il a aussi fondé l’entraide Clinton County, qui regroupe 29 services des incendies du nord de l’État de New York», précise M. Bastien.

«C’est peut-être une des plus belles réalisations auxquelles j’ai participé, disait Conrad Gamache à propos de cette entente avec les Américains, dans une entrevue accordée au journal Le Canada Français, en 1986. Grâce à ces ententes, nous pouvons réunir au moins 200 pompiers au même endroit en 45 minutes. Ainsi, nous serons mieux couverts qu’à Montréal. Pour en arriver là, ça n’a pas toujours été facile. J’ai eu à vaincre l’esprit de clocher qui existe entre les différentes paroisses. J’ai dû mettre beaucoup de temps et de patience pour vaincre ces réticences.»

Conrad Gamache et sa gigantesque remorqueuse.

Funérailles

La famille recevra les condoléances au salon funéraire Serre et Finnegan situé au 48, rue de l’Église Nord, le 18 janvier, de 14 h à 17 h et de 19 h à 22 h, ainsi que le 19 janvier, de 9 h à 10 h.

Les funérailles auront lieu le 19 janvier, à 11 h, en l’église de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix.