Des économies à la pompe près de la frontière américaine

ESSENCE. Les automobilistes qui font le plein à Lacolle, à Hemmingford ou à Saint-Bernard paient leur essence moins cher qu’ailleurs grâce à une mesure présentée dans le dernier budget déposé par le ministre des Finances, Carlos Leitão. La réduction peut atteindre jusqu’à quatre sous le litre depuis le 1er avril.

Cette mesure s’applique aux stations-services situées à moins de 20 kilomètres de la frontière américaine, mais aussi du Nouveau-Brunswick et de l’Ontario. Ces stations qui, pour la plupart, affichaient déjà des prix moindres qu’ailleurs, retrancheront quelques sous additionnels à la pompe.

Le but? Accroître la compétitivité des postes d’essence situés de ce côté-ci de la frontière et faire en sorte que les automobilistes soient moins nombreux à se rendre aux États-Unis pour faire le plein de carburant.

Le gouvernement entend ainsi diminuer le montant des taxes qu’il perçoit pour compenser une hausse progressive des prix de l’essence observée au cours des quatre à cinq dernières années.

De plus, depuis le début de l’année, l’entrée du Québec dans la deuxième phase du marché du carbone a provoqué une augmentation de trois sous le litre. Cette hausse a été refilée aux automobilistes.

Mesure

Pour les points de ravitaillement situés à moins de cinq kilomètres d’une frontière, une baisse de quatre sous sera observée et s’ajoutera aux huit sous déjà en vigueur (0,12$ au total). Le rabais s’établira à trois sous pour les stations localisées entre 5 et 10 kilomètres de la frontière. Le coût chutera de deux sous pour celles situées de 10 à 15 kilomètres plus loin, et d’un sou pour celles se trouvant entre 15 et 20 kilomètres de la limite territoriale.

La mesure est évidemment bien perçue par CAA-Québec. «On voit cette mesure d’un bon œil. Ce sont les automobilistes qui auront un répit financier, tout comme les entreprises québécoises qui avaient de plus en plus de difficultés à être compétitives», laisse savoir la porte-parole Anne-Sophie Hamel-Longtin.

«Cette nouvelle mesure arrive à point, poursuit-elle, surtout quand on sait que le niveau de taxation est beaucoup plus élevé ici que dans d’autres provinces canadiennes ou aux États-Unis. Il est difficile dans ce contexte d’offrir des prix comparables à ceux de nos voisins.»

Moins de déplacements aux États-Unis?

Il est trop tôt pour savoir si la mesure freinera l’exode vers nos voisins du Sud et sur les détaillants qui se trouvent tout juste à l’extérieur de la zone de 20 kilomètres, pense Mme Hamel-Longtin.

«Reste à voir également si les intentions du ministre Leitão vont mettre de la pression sur certains détaillants, dont les stations se trouvent tout juste exclues de la zone touchée par cette mesure. Ça pourrait avoir pour effet de changer la dynamique dans certains marchés, ce qui pourrait être une très bonne nouvelle pour les automobilistes. Par contre, il ne faut pas oublier que le coût d’acquisition pour les autres stations-service ne sera pas réduit», ajoute la porte-parole du CAA-Québec.

Réaction d’un détaillant

Dominic Jodoin est le propriétaire de la station d’essence Harnois, à Lacolle. Il voit cette mesure d’un bon œil. Son commerce est situé entre 5 et 10 kilomètres de la frontière des États-Unis. Il a donc réduit le prix de son essence de trois sous, le 1er avril, passant de 1,059$ le litre à 1,029$. «J’espère que ça va attirer de nouveaux clients. Ça va être bon pour l’économie du Québec au complet», dit-il.

Avec la collaboration de Ghyslain Forcier