Des idées innovatrices pour développer le Richelieu

Hôtel et piscine flottants, yourtes sur l’eau, plage, cinéma nautique et conteneur qui se transforme en restaurant: voilà seulement quelques-unes des idées innovatrices proposées dans le Plan stratégique de développement Rivière Richelieu-Lac Champlain récemment dévoilé par Tourisme Saint-Jean-sur-Richelieu et Région pour mettre en valeur ses plans d’eau en misant sur ce qui les distingue : le nautisme.

Le projet se déploie sur trois pôles soit Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, Saint-Jean-sur-Richelieu et Venise-en-Québec.  Le plan d’action prévoit quatre objectifs pour le pôle de Saint-Paul.  On veut valoriser la jetée, diversifier les activités et améliorer l’accessibilité de l’Île-aux-Noix, protéger les marais et les milieux humides et finalement, redonner accès aux berges et à la rivière au grand public. 

«On veut mettre en valeur nos marinas et notre patrimoine:le Fort Lennox et le Blockhaus, explique Gérard Dutil, maire de St-Paul.  Le Blockhaus est cet édifice en bois, construit vers 1781, sous le régime Anglais, qui faisait partie du réseau de défense de la colonie britannique.  

Bien que le projet de développement de la rivière Richelieu et du lac Champlain n’en soit qu’à ses premiers balbutiements, le maire Dutil est déjà à pied d’œuvre pour dynamiser sa ville et la rendre plus attrayante. 

À cet effet, le Blockhaus sera complètement rénové et sa vocation sera revue. Le kiosque d’information touristique qui se trouve à l’intérieur sera repositionné afin de laisser toute la place à la vocation muséale. 

«On va changer l’exposition à l’intérieur du Blockhaus.  On veut quelque chose de plus moderne sur l’Histoire et la guerre de 1812, explique M. Dutil.   

Faire découvrir un lieu méconnu

Du côté du Fort Lennox, M. Dutil déplore le fait que trop peu de gens en connaissent l’existence. 

«L’entrée de Parcs Canada, c’est beau, c’est propre,  mais il manque quelque chose pour le rendre plus attrayant, estime-t-il. Quand les touristes américains passent, ils voient une entrée de parc, c’est à peu près tout. Ce n’est pas tout le monde qui connait ça. Il pourrait y avoir des petits kiosques d’artisanat par exemple, qui amènent les gens et ensuite ils vont plus loin.»

M. Dutil travaille présentement à la mise sur pied d’un projet d’exposition de photos, qui sera présentée à l’extérieur, afin d’attirer davantage les gens à Saint-Paul.  Il s’agit de 20 à 30 photos grand format,  prises par des photographes québécois. 

«On essaie d’avoir une entente avec Parcs Canada pour pouvoir mettre ça à l’entrée du parc.  L’exposition de photos sera changée à chaque année » explique le maire.

Un projet ambitieux

Le projet est ambitieux : d’ici 5 à 10 ans, faire de la rivière Richelieu et du lac Champlain «la plus invitante des stations nautiques au Québec», peut-on lire dans le rapport qui a été présenté le 22 mars dernier, aux différents intervenants socio-économiques concernés.   L’idée est d’en faire un axe stratégique de développement, en redonnant l’accès aux berges au public et en facilitant les rencontres entre les plaisanciers et les visiteurs en berge. L’étude a été réalisée par les firmes Desjardins Marketing Stratégique et Option Aménagement. 

«Suite aux inondations, nous avons eu de l’aide de Tourisme Québec via Tourisme Montérégie, explique Mme Josée Julien, directrice générale de Tourisme Saint-Jean-sur-Richelieu et Région.  Le nautisme avait été identifié comme étant une des niches à développer.  Nous voulons nous doter d’une vision pour créer une synergie économique et récréotouristique.» 

Des idées originales

Bien que certaines idées proposées semblent farfelues à première vue, pensons au cinéma sur l’eau ou encore aux habitations flottantes de forme sphérique à l’allure futuriste, Mme Julien nous confirme qu’il n’en est rien. 

«Ce sont toutes des choses qui ont réellement été faite ailleurs, explique-t-elle. Ces idées ont été présentées pour amener les gens à s’intéresser au projet et leur montrer tout ce qui est possible de faire. Je pense qu’il y a un beau potentiel pour donner une vitrine à la rivière au lieu d’y faire dos.  C’est un spectacle!»   

Questionnée à propos du pôle de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix en particulier, Mme Julien nous explique que le projet en est encore au stade exploratoire.  « Pour le moment, on ne s’est pas assis concernant ce pôle en particulier.  Il y a un parc à l’entrée du Fort Lennox et c’est ce parc qui crée l’attractivité.  Par exemple, on pourrait faire une plage ou un accès en canot pour rendre le site plus accessible.  Les gens de Parcs Canada étaient présents lors de la présentation du projet et ils ont une ouverture», raconte la directrice générale.

Mobiliser la population

Quant à la gouvernance et à la mise en œuvre du projet futur, il a été proposé que ce soit piloté par un comité d’action local distinct pour chacun des trois pôles. Ce comité serait composé d’un élu, d’une marina, d’un commerçant, d’un plaisancier et d’un représentant de Parcs Canada.

Le maire de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, Gérard Dutil, se dit en accord avec ce mode de fonctionnement.  Comment seront choisis les gens qui feront partie du comité local?  On n’en sait trop rien pour le moment.  Nous avons demandé à M. Dutil s’il croyait qu’il allait y avoir un peu de bisbille quant à savoir qui siègera au comité d’action, chacun tirant la couverture de son côté.  «J’aimerais ça en maudit, s’il y avait de la compétition», lance-t-il, croyant que  cela démontrerait que les gens sont intéressés à participer au projet et qu’ils ont envie de s’y investir.

«On a consulté nos gens d’affaires.  On a travaillé en collaboration et on a transmis les informations à la firme qui a produit le rapport, soutient M. Dutil.  On a un travail à faire, il faut sensibiliser et quand les gens auront compris que c’est bon pour la municipalité, on va avoir une meilleure participation.» 

Même chose du côté de Tourisme Saint-Jean-sur-Richelieu et Région, où la directrice générale Josée Julien affirme que tous les acteurs ont été rencontrés.

«Pour que les gens s’approprient le projet, il y a un travail de terrain à faire.  Déjà, j’en ai un qui a appelé hier concernant une terrasse flottante et une salle de réception », explique-t-elle.

Au final, M. Dutil espère que ce projet de développement de la rivière Richelieu et du lac Champlain voit le jour et ainsi permettre à la ville de prendre un nouvel élan. 

«On aimerait se diversifier avec des activités nautiques, des cours de voile par exemple.  On pourrait aussi former des gens, des mécaniciens qui pourraient travailler à la réparation et à l’entretien des bateaux pendant l’hiver.  On mise également sur la possibilité que des gens décident de venir s’établir ici, à St-Paul», espère-t-il.