Éoliennes à Saint-Cyprien: John Bud Morris explique son point de vue

Entrevue – Le processus du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement étant terminé, le Coup d’œil s’est entretenu avec le président d’Énergies durables Kahnawake (EDK), John Bud Morris et sa porte-parole, Lynn Jacobs, pour mieux connaître l’importance du développement de la filière éolienne pour la communauté mohawk.

Comment expliquez-vous qu’un nombre record de mémoires (337 en date du 31 juillet) aient été déposés au BAPE pour ce projet?

B. Morris:«Ce n’est pas exceptionnel que la majorité des gens qui s’expriment soient ceux qui s’y opposent. Cela ne change pas notre perspective vis-à-vis ce projet. Nous croyons qu’une majorité de Québécois appuie l’énergie renouvelable et l’énergie éolienne en particulier. Selon le dernier sondage que nous avons vu, 66% des Québécois appuient le développement de l’énergie éolienne, même si cela devait se faire dans leur cour.»

L. Jacobs:«Nous avons fait beaucoup d’efforts au fil des ans pour communiquer avec les citoyens, notamment avec le groupe Le vent tourne. Nous leur avons envoyé plusieurs demandes pour nous asseoir avec eux et entamer un dialogue, mais ils ont toujours refusé de le faire. C’est finalement au BAPE et de manière plus spécifique dans les mémoires déposés, que nous avons pu entendre les raisons de leur opposition. L’agriculture et le paysage sont les deux principales inquiétudes qui ont été exprimées.»

Quelles modifications proposées par des citoyens pourriez-vous apporter à votre projet?

B. Morris:«Le BAPE est l’agence qui va faire les recommandations pour apporter des modifications. Au minimum, nous voulons améliorer la représentativité du comité consultatif pour améliorer notre projet.»

L. Jacobs:«Même si nous avons fait des efforts, nous pouvons améliorer nos méthodes de communication et la façon dont fonctionne le comité consultatif. Nous voulons encourager les gens à participer au comité, malgré leur forte opposition, sans qu’ils ne sentent que leur participation signifie qu’ils appuient le projet. Nous allons bientôt publier un bulletin d’information qui sera disponible sur notre site Internet et qui sera envoyé par courriel aux gens qui se sont inscrits sur notre site pour recevoir des mises à jour plus régulièrement à propos du projet.»

Quelle est l’importance de ce projet pour la communauté de Kahnawake?

B. Morris: «Kahnawake pourrait recevoir approximativement 60 M$ sur une période de 20 ans. Ce montant sera divisé en deux entre le Conseil mohawk de Kahnawake et la CDEK. Le Conseil mohawk pourra financer différents programmes sociaux destinés aux jeunes, à la langue et la culture mohawk ou aux infrastructures d’eau et d’égouts. La CDEK pourra investir dans différents projets qui permettront de générer de nouveaux revenus. Elle pourra aussi investir dans l’éducation aux adultes. Nous aidons aussi le démarrage d’entreprises. Ce projet nous permettrait de planifier des investissements pendant 20 ans pour améliorer notre qualité de vie. Le parc éolien est notre moteur économique.»  

Si le projet est accepté, quelles actions comptez-vous prendre pour rétablir l’harmonie avec la communauté de Saint-Cyprien et des environs?

B. Morris: «Si on regarde d’autres projets éoliens, le niveau de peur diminue significativement après la construction parce que les gens expérimentent d’eux-mêmes. Ils réalisent qu’il ne se produit pas ce qu’on leur avait dit qu’il arriverait. Des membres de la communauté sont préoccupés par le bruit, mais je pense que nous avons démontré que nous n’entendrons pas les éoliennes. Certaines personnes ne croient pas cela. Elles s’appuient sur des expériences vécues ailleurs, où il y a des inquiétudes légitimes à propos du bruit. Ces projets n’ont pas été bien conçus. Allez à Saint-Rémi, vous n’entendez pas les éoliennes.»