Étude du ministère de l’Environnement: quinze pesticides détectés dans l’eau du Richelieu

ENVIRONNEMENT – À l’été 2016, quinze pesticides ont été détectés dans l’eau de la rivière Richelieu, selon une étude publiée à la mi-février par le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Deux d’entre eux dépassent le critère de qualité de l’eau.

Chaque année, le ministère échantillonne des cours d’eau de diverses régions agricoles du Québec pour y vérifier la présence de pesticides utilisés dans différentes cultures. Le rapport ciblait plus particulièrement les zones de maïs et de soya. Le document inclut des programmes d’échantillonnage réalisés dans deux cours d’eau de la Montérégie, soit le Richelieu et la rivière Yamaska.

La superficie totale en culture du bassin de la rivière Richelieu représente 44 % du territoire. La proportion cultivée en maïs et en soya compte pour 32,3 %. Sans surprise, les pesticides associés à ces cultures sont ceux qui sont le plus souvent détectés dans la rivière.

Atrazine

Au total, 15 pesticides ou produits de dégradation de pesticides ont été identifiés dans le Richelieu. Ce sont principalement deux herbicides qui sont décelés le plus souvent.

L’atrazine et le métolachlore ont été décelés dans 100 % des échantillons. Deux autres herbicides, l’imaséthapyr et le glyphosate ont été détectés respectivement dans 30 % et 18,2 % des échantillons. Le glyphosate est l’élément actif du Roundup produit par la compagnie Monsanto. Les neuf autres herbicides ont été trouvés dans 9 % à 10 % des échantillons.

Insecticides

Les échantillonnages ont aussi permis d’identifier deux insecticides, soit le thiaméthoxame et le chlothianidine. Le premier était présent dans 50 % des échantillons et le second dans 20 %. Ces deux produits font partie de la catégorie des néonicotinoïdes, des insecticides soupçonnés d’être une cause de la baisse des populations d’abeilles.

Ce n’est pas parce qu’un pesticide est détecté qu’il pose problème. Pour mesurer l’impact sur la qualité de l’eau, les auteurs de l’étude ont utilisé le «critère de vie aquatique chronique» (CVAC). Ce critère mesure le risque d’effet sur les organismes aquatiques. Il s’agit de la concentration maximale d’un produit à laquelle les organismes aquatiques peuvent être exposés pendant toute leur vie sans effet néfaste. La durée et l’intensité de l’exposition peuvent accroître l’effet. À l’inverse, une période pendant laquelle la concentration est sous le CVAC a comme un effet compensateur.

Les deux néonicotinoïdes détectés dans le Richelieu dépassaient leur CVAC lors d’un échantillonnage réalisé le 7 juin 2016. Dans un cas, la concentration était quatre fois plus élevée que le CVAC et dans l’autre, trois fois plus.

UPA

À la suite de la publication de l’étude, l’Union des producteurs agricoles du Québec a réagi en rappelant au gouvernement québécois l’importance d’adopter un véritable plan vert agricole et d’augmenter de façon significative les budgets gouvernementaux dévolus à l’agroenvironnement.

L’UPA demande de hausser les fonds octroyés aux centres de recherche afin d’accroître les connaissances dans chaque production et de bonifier les outils de lutte aux ennemis des cultures (insectes, maladies, mauvaises herbes). Elle croit qu’il faut assurer un meilleur accompagnement des producteurs (formation) et améliorer l’offre de services-conseils neutres (gestion des ennemis des cultures et des pesticides, adoption de pratiques de conservation des sols, etc.).

L’organisme préconise de promouvoir et soutenir adéquatement la production biologique. Enfin, elle juge nécessaire de rétribuer les producteurs pour les biens et services environnementaux (BSE) qu’ils rendent à la société.