Haut-Richelieu-Rouville: plus d’autistes que partout ailleurs en Montérégie

Le Haut-Richelieu-Rouville est l’endroit où la proportion de jeunes autistes est la plus élevée en Montérégie. En 2019-2020, on en recensait 1110, ce qui représente 3 % des jeunes de 17 ans et moins de cette région région.

C’est ce qui ressort du plus récent bulletin d’information Périscope de la Direction de santé publique de la Montérégie.

À titre comparatif, on comptait 1140 jeunes autistes dans les Jardins-Roussillon, qui regroupe les MRC des Jardins-de-Napierville et de Roussillon, pendant la même période. Cela représentait 2,4 % des enfants âgés de 1 à 17 ans de ce secteur. 

Sensibilisation

Selon elle, les écarts de la prévalence du trouble du spectre de l’autisme (TSA) entre les différents réseaux locaux de services s’expliqueraient « par une plus grande sensibilisation au TSA ainsi que par divers facteurs de nature organisationnelle ».

Dans le Haut-Richelieu, la cause de l’autisme fait souvent les manchettes grâce à la Fondation Le Renfort. La population est habituée d’y contribuer pour améliorer la qualité de vie des personnes autistes ou avec une déficience intellectuelle.

Cette clientèle est aussi desservie par un programme éprouvé du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO) à Saint-Jean-sur-Richelieu. Son programme d’intervention comportementale intensive a mis la Montérégie sur la carte. Il aurait aussi convaincu plusieurs familles de jeunes autistes de se rapprocher des services offerts, pense Brigitte Dépelteau, nouvelle retraitée après 36 ans passés comme intervenante au CISSSMO.

Combler les retards

« Nous avons acquis une renommée provinciale grâce à notre thérapie. Elle était même offerte aux personnes en hypothèse d’autisme. Nous étions capables de récupérer 18 mois de retard en un an et notre liste d’attente était extrêmement bien gérée. Nous avons été victimes de notre succès », explique-t-elle.

Mme Dépelteau fait aussi partie du conseil d’administration de la Fondation Le Renfort. Elle souligne que les services de réadaptation en Montérégie « ont toujours eu une très bonne cote ». Ce n’est pas aussi développé dans toutes les régions. La réadaptation a même déjà été carrément absente de certaines d’entre elles.

« La Montérégie a été un précurseur dès 2003. Nous sommes structurés depuis de nombreuses années. Nous avons été parmi les premiers à organiser nos services d’intervention », confirme Caroline Bouffard, coordonnatrice du programme spécialisé en trouble du spectre de l’autisme chez les enfants de 7 ans et plus. 

Évolution

Les données scientifiques sur l’autisme évoluent rapidement. Il y a une dizaine d’années, on parlait du trouble envahissant du développement. Aujourd’hui, l’autisme, le syndrome d’Asperger et toutes leurs variantes font partie du trouble du spectre de l’autisme. La Direction de santé publique de la Montérégie le définit comme « une divergence neurodéveloppementale qui influence la capacité d’une personne à communiquer et à entrer en relation avec les autres, affectant ainsi la façon dont elle perçoit le monde ».

En 2019-2020, un jeune sur 45 vivait avec un TSA en Montérégie, pour un total de 6630 enfants et adolescents. Leur nombre devrait avoir augmenté de 15 % cette année. C’est beaucoup plus qu’en 2000-2001, alors qu’il s’en trouvait seulement 450.

Caroline Bouffard ne se dit pas surprise de cette augmentation importante. Sa plus grande préoccupation réside dans la capacité de ses équipes à répondre à la demande.

« On ne peut pas nier que ça crée une pression sur les listes d’attente, dit-elle. Je tiens à souligner les efforts des intervenants pour adapter leurs services sans en compromettre la qualité. En contexte de pandémie, nous avons utilisé les moyens technologiques pour réaliser des interventions à distance. Pour moi, c’est un gain. »

Ratio

Selon les dernières statistiques, le trouble du spectre de l’autisme touche 3,4 garçons pour une fille. Ce rapport était plus élevé il y a 20 ans, alors qu’il était de 4,4 garçons pour une fille. « Les données sont comparables partout dans le monde, indique Marie-Ève Garon, coordonnatrice des programmes spécialisés du CISSSMO pour les enfants de 0 à 6 ans. Nous ne sommes pas différents d’ailleurs, mais les aspects génétiques ne sont pas pleinement élucidés. »

Autre fait intéressant, la prévalence la plus élevée du trouble du spectre de l’autisme se trouve chez les jeunes de 10 à 14 ans. En 2019-2020, 3,2 % des jeunes dans ce groupe d’âge avaient un TSA. Caroline Bouffard n’en est pas étonnée. Il existe encore une bonne proportion de diagnostics tardifs.