Keven Chouinard, un artiste qui revient de loin

CULTURE – Keven Chouinard mène une vie paisible, à Saint-Cyprien-de-Napierville, avec sa conjointe et ses trois enfants. Le parcours de cet auteur-compositeur-interprète n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. Après avoir connu l’itinérance, la drogue, la prostitution et la prison, pendant une quinzaine d’années, il se voue à la musique, à travers laquelle il raconte le quotidien des gens. Aujourd’hui, il veut vivre de sa passion et il poursuit le rêve de venir en aide aux toxicomanes.    

«Je viens d’une famille rock n’ roll. Ma mère était barmaid et mon père musicien. Ma vie a pris une tournure bizarre, quand j’avais 7 ans. Mon oncle a abusé de moi, jusqu’à l’âge de 11 ans, raconte l’artiste de 38 ans. À 12 ans, je n’étais plus tenable à l’école. La DPJ m’a envoyé au Centre jeunesse.»

C’est à partir de là que les événements malheureux se sont enchaînés et qu’ils ont entraîné le jeune Keven dans la tourmente. «C’est là que ma carrière de criminel a commencé», lance-t-il.

Fuir

À l’âge de 13 ans, il s’enfuit du Centre jeunesse. Son périple l’amène à Montréal, puis Ottawa, Toronto et Vancouver. C’est à Toronto qu’il goûtera au crack. Une drogue puissante, qui le poussera à se prostituer, pour être capable de se la payer. Il en sera accro pendant 11 ans.

Un jour, il décide d’aller rejoindre un oncle qui travaillait avec des chevaux de course, à Pompano Beach.

«De truck stop en truck stop, je me suis rendu jusqu’en Floride, dit-il. Mon oncle était découragé! J’ai travaillé là deux semaines, le temps de ramasser 800 $, et je suis revenu au Québec. La SQ est venue me chercher aux douanes à Lacolle. Je suis retourné en Centre jeunesse et sept jours après, je repartais en fugue. Ç’a été ça, mon adolescence.»

La chute

À 18 ans, il est «libéré» du Centre jeunesse, mais pas de ses démons. Il erre de ville en ville, se rendant à Vancouver pour fuir l’hiver, avant de revenir vers Montréal pendant la période estivale. À 21 ans, il découvre l’héroïne.

Ce parcours infernal prendra fin en 2005. Alors âgé de 25 ans, M. Chouinard revient à Montréal pour faire face à la justice. Plusieurs accusations pèsent alors contre lui, dont celles de vol et de recel.

Je sens que je peux amener un changement chez les toxicomanes parce que je l’ai vécu et je m’en suis sorti tout seul.

-Keven Chouinard

«Ils m’ont envoyé à la prison de Bordeaux, dit-il. Là, j’ai fait une demande pour aller en thérapie et j’ai vu un psychiatre. J’ai été sobre pendant un mois en prison et après j’ai décidé de tout arrêter. Je suis allé dans un centre de désintoxication pendant neuf mois.»

L’année suivante, il s’est inscrit à l’école et a complété un diplôme d’études professionnelles en mécanique d’engins de chantier, avant d’obtenir un permis pour conduire la machinerie lourde.

Répertoire

Même quand ça allait moins bien, la musique a toujours fait partie de la vie de Keven Chouinard.

«J’ai fait au moins deux fois le tour du Canada avec ma guitare dans le dos», dit-il.

En 2015, il a diffusé une première composition sur YouTube et sur Facebook. «C’était une chanson de camionneurs, raconte l’artiste. J’ai mis ça en ligne à 11 h 30 et le lendemain matin, j’avais 17 000 vues!»

Depuis, Keven Chouinard a composé une quinzaine de chansons, en s’inspirant du vécu des gens. Il a lancé un premier simple intitulé La peur du bonheur, qui a tourné à la radio commerciale.

«C’est à moi que je parle dans cette chanson-là et je me botte le cul tout le long, mais ce n’est pas juste moi qui vis ça, dit-il. Dans mes chansons, je parle d’espoir, des forces cachées en nous, de courage, d’amour, mais aussi de 2e chance… et 3e et 4e

Dans T’es jamais bien loin, il raconte la vie d’un camionneur. «Je fais des chansons pour tout le monde, dit-il. En 2016, j’ai fait une chanson pour la Journée de l’autisme. Je suis allé chercher du monde de partout avec ça.»

Il donne aussi des concerts, où il présente ses chansons, mais aussi des reprises. Il était sur scène à Lacolle, à l’été 2018, à l’occasion de la Fête nationale. Il a même composé une chanson pour les élèves de 6e année de l’école primaire Saint-Joseph, à Lacolle, qui parle de leur passage vers le secondaire. M. Chouinard fera paraître son tout premier album commercial en septembre.

L’auteur-compositeur-interprète Keven Chouinard rêve d’ouvrir un centre de zoothérapie pour venir en aide aux toxicomanes.

Rêve

Keven Chouinard veut faire carrière en musique, mais ce qui le motive par-dessus tout, c’est son rêve d’ouvrir un centre d’aide pour les toxicomanes.

«Mon but c’est de faire assez d’argent pour ouvrir le plus grand centre de zoothérapie au Québec, pour les toxicomanes», lance M. Chouinard.

Cette idée lui est venue après un passage dans un centre de désintoxication, où il y avait un chien.

«J’ai passé neuf mois en thérapie, raconte-t-il. Il y avait un chien là-bas. Les gens partaient dans le bois avec lui, pour lui parler. Même moi je parlais à voix haute au chien et je revenais libéré. Les toxicomanes sont dépendants affectifs parce qu’ils en ont tous pas eu.»

Il est possible d’entendre les chansons de Keven Chouinard et de le suivre sur sa chaîne YouTube, la page Facebook Keven Chouinard ou sur le site www.kckevenchouinard.com.