Policier, homme fort et homosexuel: le parcours inspirant de Dany Horth

TÉMOIGNAGE – Dany Horth est policier. C’est aussi lui qui organise la compétition de force annuelle à Saint-Cyprien-de-Napierville, en Montérégie. Dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai, il a accepté de se livrer sur son parcours jalonné d’obstacles qui l’a mené à l’acceptation de soi. De quoi inspirer les jeunes homosexuels et leurs parents qui vivent dans la peur du jugement des autres.

Dany Horth est un colosse de 34 ans. Il a quitté sa Gaspésie natale à 17 ans pour s’établir à Québec, avant de devenir policier à Napierville en 2007. Depuis janvier, il est technicien en scène de crime à la Sûreté du Québec (SQ). Son passe-temps: homme fort.

Il est en couple depuis sept ans. Il ne le crie pas haut et fort, mais si on lui pose la question, il répondra que son conjoint est un homme. «Je suis rendu à un point de ma vie où je ne m’en cache plus», dit-il.

Avec le temps, il a appris à s’accepter, ce qui lui a donné la force d’affronter le monde extérieur.

Bien que la société québécoise soit ouverte face à l’homosexualité, il y a encore du travail à faire pour contrer l’homophobie, croit M. Horth.

«Il faut continuer de parler de l’homophobie et faire de l’éducation, dit-il. Souvent les gens ont des pensées négatives par manque de connaissances et par peur.»

Métier et passe-temps

On pourrait penser que le milieu policier et celui des hommes forts ne sont pas des plus accueillants pour les homosexuels. Pourtant, Dany Horth s’y est taillé une place.

«Quand je suis arrivé à la SQ, je voulais qu’ils voient d’abord qui je suis au travail, confie-t-il. Je voulais être jugé pour qui j’étais, avant de dévoiler mon orientation sexuelle. Après ma deuxième année de service, j’ai décidé de le dire à tout le monde. Je suis chanceux parce que Napierville, c’est un poste jeune. Je suis tombé sur une génération ouverte.»

M. Horth remarque aussi une ouverture dans le monde des hommes forts. Certains doivent connaître son orientation, mais n’en font pas de cas.

«Il n’y a aucun lien avec ce qu’on fait, répond-il. On a la même passion. On est là pour forcer, pour le dépassement de soi. That’s it

Famille

L’adversité, Dany Horth l’a rencontrée là où il ne l’attendait pas. À 17 ans, il a eu quelques copines. «J’allais sur des forums de discussions sur Internet et je posais mes questions, dit-il. Finalement, je me suis dit qu’il fallait peut-être voir… La première fois, avec un autre homme, je ne peux pas dire que j’ai détesté ça. J’étais encore plus mêlé.»

Entre 18 et 21 ans, Dany Horth commence à annoncer à ses amis qu’il est homosexuel. Ces derniers l’ont soutenu.

«C’est à 21 ans que je me suis accepté, explique-t-il. Le déclic s’est fait en regardant le film Mambo Italiano avec Ginette Reno. Elle joue la mère d’un gars qui fréquente un policier gai qui ne dit pas qu’il l’est. Je me suis dit qu’il était temps que j’en parle à mes parents.»

Il s’attendait au pire. Il prévoyait que sa mère le prendrait mieux que son père.

«Ça n’a pas été ça, se souvient M. Horth. Ma mère était sens dessus dessous. Elle a pleuré. Mon père m’a dit que jamais un homme n’allait entrer dans sa maison.»

Après, sa mère lui posait des questions intimes. Les commentaires étaient souvent négatifs.

«Chaque fois, ça me virait à l’envers, dit M. Horth. Un jour, je lui ai demandé d’arrêter d’être négative ou bien de ne plus m’en parler. Son choix a été de ne plus m’en parler.»

Pendant des années, Dany Horth n’a plus jamais abordé le sujet de sa vie amoureuse avec ses parents.

C’est en 2010 que M. Horth rencontre l’homme avec qui il partage toujours sa vie aujourd’hui. En novembre 2012, son père l’appelle pour lui demander ce qu’il souhaite pour Noël. «Si je te dis que tu peux descendre par chez nous avec ton chum?», lui lance-t-il.

Surpris, Dany Horth met en garde son copain.

«Au final, on est arrivés là-bas et ç’a super bien été, dit-il. J’étais content, mais ça m’a mêlé. Pourquoi est-ce que ça ne pouvait pas marcher avant ? Pourquoi ç’a pris tout ce temps. Huit ans… Depuis ce temps, ça va super bien. La famille est toujours contente de nous voir tous les deux. Heureusement, l’amour de mes parents a toujours été là et je suis passé au travers.»

On a peur du jugement, peur de ne pas être accepté, de perdre des amitiés ou d’être renié par sa propre famille. C’est comme un gros secret. Toute personne ressent un jour le besoin d’en parler

Dany Horth

Jeunes

Si Dany Horth a un conseil à donner aux jeunes homosexuels, c’est d’en parler à quelqu’un de confiance, s’ils en ressentent le besoin.

Avant de faire son coming out, Dany Horth s’est d’abord construit comme individu.

«À la base, la personne a un travail à faire sur elle-même, dit-il. Tu dois d’abord apprendre à t’accepter pour être prêt à affronter le monde extérieur. Si tu en parles à quelqu’un et que ça ne passe pas du premier coup, essaie de le convaincre, mais ne t’arrête pas à cette personne parce que ça va te pourrir la vie. Il faut être capable de vivre avec la possibilité que ça ne passe pas.»

Chose certaine, les jeunes qui découvrent leur homosexualité ne doivent surtout pas ressentir de culpabilité, pense M. Horth.

«Il faut qu’ils sachent qu’ils ne sont pas seuls à vivre ces choses-là. Ils n’ont pas à s’en vouloir. Ce n’est pas un choix. Tu ne peux pas renier ta nature.»

Quelques ressources d’aide
Gai Écoute: 1 888 505-1010 ou www.gaiecoute.org.
Fierté agricole: 450 768-6995 ou www.fierteagricole.org.
Tel-Jeunes: 1 800 263-2266 ou www.teljeunes.com.