Productions horticoles au Québec: les recettes en hausse de 16,5 % en trois ans

AGRICULTURE – Les recettes horticoles québécoises ont connu une hausse de 16,5 % entre 2014 et 2017 pour s’établir à 1,3 G$, selon les données de l’Institut de la statistique du Québec, publiées le 27 septembre. Cette hausse est attribuable au climat, au taux de change et au coût de transport, estime André Plante, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec (APMQ).

Les recettes de 1,3 G$ au Québec en 2017 représentent une hausse de 1 % par rapport à 2016. À titre comparatif, la production horticole au Canada a généré des recettes de 7,3 G$ en 2017. La production québécoise représentait 17,5 % des recettes canadiennes cette même année.

Parmi les différents secteurs de la production horticole québécoise, ce sont les arbres de Noël (+ 55,1 %), les pommes de terre (+ 33,1 %) et les légumes (+ 26,3 %) qui ont connu la plus forte croissance entre 2014 et 2017.

Explications

Plusieurs causes expliquent cette bonne performance de ce secteur de l’économie, dont un épisode de sécheresse en Californie.

«En 2014-2015, la Californie a connu de sérieux problèmes de sécheresse qui ont entraîné des pertes de rendement importantes, explique M. Plante. Ils ont arrêté la récolte parce qu’il manquait d’eau. Ils n’ont pas la capacité de fournir la côte est américaine. Le marché québécois de l’exportation a presque doublé depuis 2014.»

Selon lui, la Californie n’a pas de solution à court terme pour compenser les pertes de rendements provoquées par le réchauffement du climat.

«Il faut qu’ils souhaitent qu’il y ait un El Niño, comme en 2017, qui a amené des pluies abondantes pendant l’hiver», croit M. Plante.

Il est aussi d’avis que la faible valeur du dollar canadien, par rapport au dollar américain, favorise les exportations vers nos voisins du Sud.

Transport

Un autre facteur qui favorise la croissance des recettes de la production horticole québécoise est lié à la forte hausse des coûts de transport aux États-Unis, depuis 2016, rappelle M. Plante.

«Les lois américaines ont changé et les chauffeurs sont plus surveillés sur le nombre d’heures qu’ils peuvent voyager, dit-il. Ça crée une pénurie de main-d’œuvre qui a fait exploser les coûts de transport.»

Il en coûte environ 10 000 $ pour faire voyager une remorque de la Californie vers la côte est américaine, contre 2000 $ si elle part du Québec, précise M. Plante.

En ce moment, entre 60 % et 70 % des revenus sont engloutis par le coût de transport aux États-Unis.

André Plante, directeur général de l’APMQ

André Plante, directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec.

Demande

Cette situation chez nos voisins du sud pourrait faire grimper les prix de nos légumes cet hiver, prévient M. Plante.

La solution pour les consommateurs québécois passe par une augmentation de la production en serre dans la province.  Cependant, les coûts énergétiques de la production en serre sont très importants.

Selon M. Plante, le gouvernement doit offrir des incitatifs financiers pour permettre aux agriculteurs de produire de l’énergie à faible coût, que ce soit à l’aide de biomasse ou de biogaz.

«Plus il y a d’incitatifs, plus ça amène de nouvelles techniques pour produire de l’énergie, dit M. Plante. De cette façon, on risque de voir une expansion des variétés de légumes produits en serres au Québec.»

Le coût de construction d’un acre de serres et d’environ 1 M$, estime M.Plante. Au niveau de la rentabilité, cela rend impossible la production en serre d’autres légumes, comme le brocoli ou le chou-fleur, qui occupent de très grandes superficies.

Présentement, les principales variétés produites en serres au Québec sont les concombres, les tomates, les poivrons et les fraises. Il en est ainsi parce que ces cultures poussent en hauteur et l’on retrouve plusieurs de ces produits sur un même plant.

Pourcentage de chaque secteur de la production horticole québécoise par rapport au total (1,3 G$), en 2017

  • Légumes (46,2 %)
  • Horticulture ornementale (18,8 %)
  • Petits fruits (13, 9 %)
  • Pommes de terre (13,4 %)
  • Fruits de verger (4,6 %)
  • Arbres de Noël (3,1 %)

Source: Institut de la statistique du Québec