Rivière Richelieu: solutions coûteuses pour réduire les risques d’inondation

Environnement. Il en coûterait 21 M$ pour atténuer les ravages d’une inondation comparable à celle survenue en 2011 dans la région. Il ne s’agirait pas d’une solution miracle, mais d’un moyen pour abaisser de 15 centimètres le niveau de la crue à Saint-Jean-sur-Richelieu, propose le Groupe d’étude environnemental du lac Champlain et de la rivière Richelieu.

Onze ans après les inondations de 2011, le Groupe d’étude a déposé le mois dernier son rapport final sur cet événement historique. La Commission mixte internationale avait convié les citoyens à une audience publique le 7 septembre, à l’auditorium du Collège militaire royal de Saint-Jean, pour se prononcer sur ses recommandations. Une poignée de citoyens ont participé à l’exercice.

Il est possible de consulter le rapport complet sur le site Internet de la Commission mixte internationale (CMI). On peut aussi consulter sur ce site les faits saillants résumés dans un document de 35 pages.

D’entrée de jeu, « des mégacrues plus importantes que celles de 2011 sont plausibles, bien que peu probables », avancent les experts mandatés par la CMI. Selon les plus récentes modélisations, le niveau d’eau du lac Champlain diminuera au cours du siècle.

On note aussi que la hausse des températures stimulera l’évaporation et contrera l’augmentation des précipitations, prévoit le groupe d’experts.

Excavation

Les auteurs de l’étude recommandent néanmoins une excavation du haut-fond de la rivière, à la hauteur des anciens pièges à anguilles, pour en faire un double usage. Les matériaux ainsi retirés serviraient à ériger un seuil immergé entre le pont ferroviaire et le pont Gouin. Cette sorte de dos d’âne sous-marin aurait pour effet de modérer le débit pendant la crue et de hausser le niveau de l’eau en période de sécheresse.

La mesure s’accompagnerait d’une dérivation modérée de 80 mètres cubes/seconde de l’excédent d’eau grâce à une brèche effectuée dans le canal de Chambly. La dérivation majeure de 400 mètres cubes/seconde dans le canal de Chambly n’a pas été retenue. Les difficultés techniques liées à l’importance du chantier, les coûts élevés et l’augmentation possible des dommages causés en aval de la rivière rendaient cette option peu avantageuse.

15 centimètres

Ces deux mesures combinées permettraient d’abaisser de 15 centimètres le niveau de la crue à Saint-Jean-sur-Richelieu. Coût estimé de la facture: 21 M$. La moyenne des dommages évités par année, sur un horizon de 50 ans, s’élèverait à 3,6 M$. De plus, ces initiatives permettraient d’épargner 928 maisons si des inondations aussi graves se reproduisaient.

« Il n’existe pas de solution unique au problème des inondations », écrit le Groupe d’étude international. Ces mesures suggérées ne permettraient pas d’éviter le débordement du lac Champlain et de la rivière Richelieu, mais elles pourraient apporter un certain soulagement en cas de débits élevés.

Milieux humides

Les inondations de 2011 auraient été bien pires en l’absence de milieux humides, d’où l’importance de préserver ceux qui restent, insistent les auteurs du rapport. Le bassin du lac Champlain compte 1551 kilomètres carrés de milieux humides qui réduisent les apports dans le lac Champlain et la rivière Richelieu.

Ils abaissent le niveau d’eau maximum annuel de neuf centimètres à la marina Le Nautique. Grâce à eux, le niveau d’eau de la rivière s’est abaissé de 12 centimètres en 2011. « Par conséquent, le Groupe d’étude encourage les gouvernements non seulement à continuer de protéger les milieux humides existants, mais aussi, et dans la mesure du possible, à les restaurer et à en créer de nouveaux », peut-on lire en guise de recommandation.

Plaines inondables

La gestion des plaines inondables doit être axée sur la résilience, soutiennent les auteurs du rapport. Ils entendent par cela aménager le territoire en évitant les zones inondées, en composant avec elles ou à s’en retirer; de renforcer la réglementation en fonction du risque d’inondation et d’interdire tout développement immobilier dans les zones inondables à haut risque.

Les personnes qui désirent se prononcer sur le rapport ont encore une chance de le faire. La CMI invite le public à lui faire part de ses commentaires d’ici le 30 septembre par courriel ou par courrier. Pour connaître la marche à suivre, il faut consulter son site Web (ijc.com/fr).