Semaine de prévention du suicide: des ressources pour les agriculteurs

ACTUALITÉ – Le taux de détresse et de suicide chez les agriculteurs est deux fois plus élevé que dans l’ensemble de la société, avance la Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie. Dans un tel contexte, la mission d’un organisme comme Au cœur des familles agricoles (ACFA) prend tout son sens. Son président, Jaclin Bisaillon, un agriculteur de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, rappelle aux agriculteurs qu’ils peuvent communiquer en tout temps avec l’ACFA pour obtenir de l’aide. 

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M. Bisaillon a été producteur laitier avant d’être producteur de céréales. Il a vendu sa ferme en mars 2018. Il a aussi été à la tête du Syndicat de l’UPA du Haut-Richelieu. C’est là qu’il a pris conscience de la détresse que vivent certains agriculteurs.

«Les agriculteurs ne sont pas épargnés par les idées suicidaires. Au moins deux d’entre eux sont malheureusement passés à l’acte, au Québec, pendant la période des Fêtes, témoigne M. Bisaillon. Cette réalité me choque et ça augmente d’année en année. Avec Au cœur des familles agricoles, on essaie d’intervenir avant que ça arrive.»

Les agriculteurs qui traversent un moment de crise peuvent communiquer 24 heures par jour, 7 jours par semaine, avec une intervenante de l’ACFA, en composant le 450 768-4920, rappelle M. Bisaillon.

Terrain

L’ACFA vient notamment en aide aux agriculteurs grâce à son programme de travailleurs de rang. Comme un travailleur de rue, cette personne sillonne les rangs pour aller à la rencontre des agriculteurs qui vivent des moments difficile et leur apporter de l’aide concrète.

«On a un travailleur de rang en Montérégie et on va en avoir un deuxième d’ici quelques mois», explique M. Bisaillon.

En ce moment, le temps d’attente pour rencontrer un travailleur de rang est d’environ deux semaines, ce qui est beaucoup trop long aux yeux de M. Bisaillon.

«On veut que l’attente soit de deux ou trois jours maximum, dit-il. Les agriculteurs sont très orgueilleux. Quand ils appellent, ils ont besoin d’aide tout de suite et ils ne rappelleront pas.»

Ce ne sont pas les fermes qui nous intéressent, ce sont les hommes, les femmes et les jeunes qui font de l’agriculture.

Jaclin Bisaillon, président d’ACFA

Les besoins sont grands et l’ACFA y répond en offrant toute l’aide nécessaire lorsque son travailleur de rang intervient.

«Quand ils ont rendez-vous avec nous, ce n’est pas juste pour une heure, c’est tant qu’ils en ont besoin, assure M. Bisaillon. Ils peuvent venir à la maison de répit d’ACFA, à Saint-Hyacinthe, on peut les rencontrer à la ferme, ou quelque part entre les deux si c’est loin. Quand le travailleur de rang a le temps, il passe dans les fermes pour se présenter et juste donner une poignée de main. C’est comme ça qu’on arrive à se faire connaître.»

Causes

Les causes de la détresse psychologique des agriculteurs sont multiples, mais une tendance se dessine depuis les dernières années, remarque M. Bisaillon.

«Depuis deux ans, 70 % de nos utilisateurs sont des producteurs laitiers, dit-il. Avec toutes les nouvelles politiques internationales, ils sont vraiment affectés. La relève commence à réfléchir. C’est moins intéressant pour eux. Il y a beaucoup d’inquiétude.»

M. Bisaillon remarque que les demandes d’aide sont moins fréquentes lors de la période des semences ou des récoltes.

«Quand il y a moins d’ouvrage, c’est là que ça sort, on dirait.»

Toutes les problématiques

L’ACFA vient en aide à tous les producteurs, peu importe la nature de leurs problèmes et même s’ils ne sont pas reliés à l’agriculture.

«À l’ACFA, on s’occupe de tout, affirme M. Bisaillon. Que ce soit pour un problème de jeu ou un divorce, du moment que ça touche un agriculteur ou la relève, on est là pour aider. Dans les cas de divorce, on peut intervenir pour sauver la ferme. Souvent, les gens ne s’aiment plus, mais ils ont toujours l’amour de la ferme.»