Légaliser le cannabis pour éloigner le crime organisé

ACTUALITÉ – Jean Rioux, qui est le député du comté de Saint-Jean, qui comprend notamment Saint-Blaise, Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, Saint-Valentin et Lacolle, et son collègue Michel Picard, député de Montarville, ont défendu le projet de légalisation du cannabis lors d’une soirée de consultation qui s’est récemment tenue, à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Pas plus d’une dizaine de personnes ont assisté à la rencontre qui portait sur ce projet de loi dont le but est d’éloigner le crime organisé et de contrôler la qualité de cette drogue populaire.

Les deux députés fédéraux avaient toutefois rencontré précédemment des représentants d’organismes. La Commission scolaire des Hautes-Rivières, la Chambre de commerce et de l’industrie du Haut-Richelieu, Justice alternative du Haut-Richelieu, le Centre de crise et de prévention du suicide, la maison des jeunes Le Dôme et celle d’Iberville, L’Éclusier du Haut-Richelieu et le CLSC de la Vallée-des-Forts étaient au nombre des organismes représentés.

Plus tôt, en début d’après-midi, ils avaient échangé avec une trentaine d’étudiants du Cégep Saint-Jean-sur-Richelieu dans le cadre d’un cours.

La consultation s’est tenue avant l’adoption du projet de loi sur la légalisation du cannabis votée le 27 novembre par la Chambre des communes et qui sera maintenant à l’étude par le Sénat.

Le but de la rencontre à Saint-Jean était d’entendre les préoccupations des gens sur la question alors que le processus de légalisation du cannabis est très avancé et que le gouvernement fédéral maintient la date du 1er juillet 2018 pour l’entrée en vigueur de la loi.

Le député Picard a dit aux citoyens de conserver leurs préoccupations parce qu’il y aura une réévaluation de la situation chaque année.

Légalisation

Michel Picard est un ancien policier de la GRC. Il a dirigé le programme de deuxième cycle sur la criminalité financière à la faculté d’administration de l’Université de Sherbrooke. Il est l’auteur de La Commission Charbonneau: Les aveux d’un système corrompu.

Pourquoi décriminaliser la possession simple du cannabis? M. Picard est d’avis que la situation actuelle est un échec lamentable. Malgré son caractère illégal, les Canadiens sont les plus grands consommateurs de cannabis au monde, constate-t-il. «Un jeune qui achète un sac de marijuana à la sortie de l’école ne sait pas ce qu’il y a dedans», ajoute-t-il pour faire valoir une préoccupation de santé publique.

À ceux qui s’objectent que le gouvernement légalise une drogue, M. Picard répond que le produit n’est pas bon pour la santé et qu’il n’est pas question d’en faire la promotion. Mais il est convaincu que de ne rien faire, c’est laisser la voie libre au crime organisé.

«Quand vous avez une situation illégale avec un effet extrêmement néfaste, vous avez un devoir d’agir.»

-Michel Picard, ancien policier de la GRC

Par ailleurs, le problème de la consommation existe déjà, a poursuivi le député Picard. «Il n’y a rien de plus facile actuellement pour les jeunes d’avoir accès au cannabis», a-t-il fait observer.

Picard évalue qu’il sera plus facile d’encadrer la vente une fois cette drogue décriminalisée. Il y aura un contrôle de la qualité, un taux maximum de THC et des licences pour la production attribuées avec des critères sévères.

Prévention

À la question d’un citoyen qui disait s’inquiéter que la légalisation encourage une consommation accrue, M. Picard admet qu’il y aura un effet de curiosité durant un certain temps, mais des ressources seront investies pour la prévention.

Le député Rioux a rappelé le succès des campagnes d’éducation à l’alcool au volant et à celles contre la cigarette. Quant aux coûts que devront assumer les provinces chargées d’appliquer la loi, le député Picard a répondu que des négociations sont en cours. Il a assuré qu’il y aura de la formation pour les policiers chargés de détecter la présence de la drogue chez les conducteurs aux facultés affaiblies.

L’intention des libéraux est connue depuis la dernière campagne électorale, a-t-il rappelé en réponse à la demande du gouvernement québécois de reporter l’entrée en vigueur des changements.