Son voyage à Cuba tourne au cauchemar

Alain St-Louis se souviendra longtemps de son dernier voyage à Cuba. Testé positif à la COVID-19 une fois sur place, ce résident de Napierville a été forcé de passer cinq jours confinés dans un hôtel désaffecté qui avait été reconverti en hôpital pour voyageurs malades. Les conditions de vie y étaient pitoyables.  

M. St-Louis a accepté de nous raconter son histoire pour dissuader d’autres voyageurs à s’envoler vers Cuba dans les semaines qui viennent. « Ça ne vaut pas la peine de prendre des vacances à Cuba en ce moment avec les cas qui montent en flèche ici, et peut-être aussi là-bas. On est mieux de le reporter pour ne pas tomber dans cet engrenage-là », prévient-il.

Sa copine et lui se sont envolés pour Cayo Coco le 20 décembre dernier malgré la recommandation émise par Santé Canada d’éviter tout voyage non essentiel. Doublement vacciné, M. St-Louis dit avoir pris la décision de s’y rendre pour accompagner sa fille qui avait réservé un séjour avec son amoureux au même endroit.

À ce moment-là, on dénombrait une moyenne de 2820 nouveaux cas par jour au Québec. « Je m’étais mis en tête que si jamais je tombais malade, je serais confiné dans ma chambre à mon hôtel, croyait-il. Dans le cas où j’aurais été réellement malade, je pensais qu’on m’amènerait dans un véritable hôpital. »

Positif

À son arrivée en sol cubain, M. St-Louis n’a eu qu’à fournir son passeport vaccinal. Sur le site du Gran Muthu Rainbow Hotel où il a séjourné, il n’y avait qu’une quinzaine de personnes, estime-t-il. Durant toute la durée de ses vacances, le quinquagénaire a porté son masque et s’est tenu à distance des autres vacanciers.

Les quatre vacanciers ont passé un test de dépistage à Noël, trois jours avant la date qui était initialement prévue pour leur retour au Québec. Le résultat s’est avéré positif pour M. St-Louis et son amie, mais pas pour sa fille et son copain. On leur a alors appris qu’ils devaient être confinés dans leur chambre jusqu’à l’arrivée d’une ambulance qui allait les transporter vers un hôtel-hôpital, peu importe s’ils n’avaient aucun symptôme.  

Confinés

L’hôtel-hôpital où ils passeront le reste de leurs vacances est situé à une quarantaine de minutes de leur hôtel. M. St-Louis et sa conjointe ont été logés dans un petit appartement avec trois autres personnes, elles aussi positives.

Le seul médecin sur place ne parlait ni français ni anglais. Les résidents de cet emplacement ne pouvaient quitter leur chambre que pour aller sur leur balcon. Ils étaient aussi possible de se rendre sur le trottoir à l’avant du bâtiment pour se dégourdir les jambes, mais sans plus. 

Nourriture

L’appartement où ils étaient confinés était composé d’une petite cuisine avec un frigo et de deux causeuses qui étaient si sales que personne n’a osé s’y asseoir. Il n’y avait même pas de couvertures sur les lits. Certains voyageurs ont aussi raconté qu’ils s’étaient fait piquer durant la nuit. 

À un moment donné, une boite de jonction électrique a laissé échapper de la fumée. Un des employés s’est alors servi d’un extincteur pour éviter un incendie « On est partis d’un cinq étoiles à un quart d’étoile, lance-t-il. C’était vraiment désaffecté. » 

Les repas étaient tout simplement indigestes, poursuit-il en donnant l’exemple d’un œuf dont le jaune avait viré au brun ou d’un morceau de viande si dur qu’il était impossible d’y piquer une fourchette. La nuit, il fallait s’assurer de fermer les portes pour éviter de recevoir la visite de chiens errants en quête de restes.   

À ses frais

M. Saint-Louis a passé cinq jours dans ce complexe. Il lui a fallu payer le séjour à cet endroit, en plus du transport en ambulance et des tests utilisés, pour un total de 2000 $ supplémentaires. « Au moins, je suis content que ça me soit arrivé à moi et pas à mes enfants », confesse-t-il.

Comme plusieurs, il se demande même s’il n’a pas été victime d’une arnaque. « Les gens arrivaient à tour de bras en ambulance. Ils ne savaient plus où les placer. À un certain moment, ils ont même ouvert un deuxième complexe pour loger les Canadiens qui arrivaient sur place », de conclure celui qui ne retournera pas à Cuba de sitôt.