Carcasses d’animaux jetées dans un ruisseau: « Ça n’a pas d’allure ! » – Brigitte Garceau, directrice générale à Saint-Valentin
Actualité. En moins d’une semaine, Saint-Valentin a dû faire appel à deux reprises à l’organisme de gestion animalière Proanima pour retirer une grande quantité de carcasses d’animaux qui ont été jetées dans par-dessus le viaduc qui surplombe le ruisseau Jackson, à l’angle du rang Saint-Joseph et de la montée du Petit-Rang. Une situation que dénonce la municipalité.
C’est un citoyen de Saint-Valentin, Robert Lorrain, qui habite à proximité du ruisseau, qui a fait cette découverte lors d’une promenade, le 12 mars. Pas moins d’une quinzaine de carcasses de coyotes, dont la fourrure a été retirée, ont été jetées dans l’eau. M. Lorrain et un de ses amis ont aussitôt alerté les autorités.
La municipalité a ensuite fait appel à Proanima, qui a récupéré les carcasses, qui ont ensuite été éliminées par un service de crémation.
Il faut que les gens réapprennent à respecter la nature et la faune.
Robert Lorrain
Ministère
Au lendemain de cette découverte, Coup d’oeil a communiqué avec le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), pour savoir si une enquête serait menée. Un agent de protection de la faune a analysé le bien-fondé du signalement et jugé « qu’aucun élément n’indique qu’il puisse s’agir d’une situation d’infraction », nous indiquait Daniel Labonté, relationniste de presse au MELCCFP.
Ce dernier rappelle que le piégeage de cette espèce est légal à condition de détenir la certification requise.
« Bien que la disposition des carcasses n’ait pas été faite de manière éthique, il n’y a pas lieu d’ouvrir une enquête avec les informations reçues à l’heure actuelle », a-t-il ajouté.
Récidive
Moins d’une semaine plus tard, soit le 17 mars, un employé des travaux publics de -Saint-Valentin, qui était chargé de faire une ronde de surveillance dans ce secteur, a fait une découverte tout aussi lugubre. Au même endroit, on avait jeté les carcasses de deux ratons laveurs, cinq coyotes, deux têtes de vaches et un sac rempli de carcasses de corneilles.
Proanima a donc dû intervenir à nouveau pour récupérer ces animaux morts qui ont été lancés à l’eau.
Réaction
« Ça n’a pas d’allure, insiste la directrice générale de Saint-Valentin, Brigitte Garceau. Nous avons rapporté la situation à SOS Braconnage et au ministère de la Faune. On ne sait pas qui fait ça. C’est un endroit peu passant, mais c’est dégoûtant. Il ne faudrait pas que des enfants qui se promènent avec leurs parents voient ça. »
Le conseil municipal a été avisé de la situation. À ce jour, Saint-Valentin n’a pas eu à débourser pour nettoyer le cours d’eau, mais cela pourrait changer.
Proanima
« C’est la troisième année que nous intervenons à Saint-Valentin pour retirer des carcasses d’animaux de ce ruisseau, rappelle la directrice générale de Proanima, Anny Kirouac. Nous avons étiré l’élastique de nos services parce que c’est une petite municipalité, mais il faut que les gens cessent de faire cela. »
À elle seule, la dernière intervention a coûté plus de 1500 $ à Proanima.
« C’est très cher pour un organisme à but non lucratif comme le nôtre, explique Mme Kirouac. On ne peut pas se permettre cela. Nous voulons réserver notre budget pour sauver des animaux, sans compter que c’est totalement démotivant pour notre personnel. Nous avons demandé à Saint-Valentin d’installer un panneau de signalisation à cet endroit et des caméras. »
Bonnes pratiques
Les carcasses d’animaux de compagnies ou sauvages sont des matières résiduelles au sens de la Loi sur la qualité de l’environnement, rappelle Daniel Labonté du MELCCFP. « En vertu de l’article 66 de la même -Loi, nul ne peut déposer ou rejeter des matières résiduelles, ni permettre leur dépôt ou rejet, dans un endroit autre qu’un lieu où leur stockage, leur traitement ou leur élimination est autorisé par le ministre », précise-t-il.
Or, si le fait de rejeter ces carcasses dans la nature ne constitue pas une infraction, cela ne fait pas partie des bonnes pratiques, estime Pierre Martin, un citoyen de Saint-Bernard-de-Lacolle qui est le président de l’Association des trappeurs de Montréal-Laval-Montérégie.
« Une carcasse écorchée peut retourner à la nature pour nourrir les animaux l’hiver, explique M. Martin. Mais les mettre en paquet à la même place, ça choque l’œil, c’est plus que ce qui est nécessaire et ça paraît très mal. Les jeter dans un cours d’eau, c’est encore pire. »
L’hiver, M. Martin dispose les carcasses des animaux qu’il trappe à un endroit sur son terrain où les oiseaux de proie et les corneilles viennent se nourrir. Au printemps, il enterre ce qui reste des squelettes.
« Il ne faut jamais mettre ça à un endroit où ça va choquer les gens, conclut-il. Il faut que ce soit placé de façon à ce que ça ne dérange personne. Si je voyais quelqu’un faire ça, je lui parlerais, mais normalement, on ne devrait pas avoir à expliquer aux gens de ne pas faire quelque chose comme ça… »