Chemin Roxham à Saint-Bernard-de Lacolle : un nombre record de demandeurs d’asile affluent à la frontière

Un nombre record de demandeurs d’asile sont entrés au Canada en juillet par le chemin Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle.  

C’est ce que le Coup d’œil a appris de source sûre. La fin de semaine du 22 et 23 juillet, plus de 450 personnes auraient quitté les États-Unis pour entrer illégalement au pays par cette petite route autrefois paisible. Ils étaient près de 200, le lundi 24 juillet.

L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) refuse de commenter ces chiffres. Les données officielles sur le nombre de demandeurs d’asile interceptés par la GRC au Québec seront rendues publiques vers la mi-août, précise Jacqueline Roby, conseillère en communications à l’ASFC.

Par contre, l’ASFC admet être dans l’obligation de louer un nouveau local, situé au 339, chemin Guay à Saint-Bernard-de-Lacolle pour y aménager son centre de traitement régional pour les demandeurs d’asile. L’Agence a signé un bail de 13 mois, débutant le 1<V>er<V> mai 2017.

«Selon les besoins opérationnels, des mois supplémentaires pourront être intégrés à l’entente existante», précise Judith Gadbois-St-Cyr, conseillère en communications à l’ASFC.

L’ASFC répond aux besoins de base de ces demandeurs d’asile en leur fournissant de la nourriture ou des couches pour enfants, assure Mme Gadbois-St-Cyr.

«Les personnes présentes ont accès à des toilettes, toutefois, il n’y a pas de lits ou de structures d’hébergement sur place puisque les demandeurs d’asile sont redirigés vers Montréal dès que le traitement de leur demande le permet», affirme-t-elle.

Le processus de traitement d’une demande d’asile peut prendre entre 4,5 et 12 heures, estime l’ASFC. «Étant donné le nombre de demandeurs d’asile arrivant chaque jour, des délais d’attente s’ajoutent à ce temps de traitement», convient Mme Gadbois-St-Cyr.

Police

De son côté, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) admet qu’elle a récemment ajouté des effectifs pour faire face à une augmentation du nombre de personnes qui traversent la frontière à cet endroit.

«Il y a plus d’agents qui surveillent le chemin Roxham dans les dernières semaines, convient le gendarme Érique Gasse, porte-parole de la GRC. On suit les tendances en fonction du flot d’arrivants.»

Selon les données les plus récentes de Citoyenneté et Immigration Canda, 4 345 personnes ont été interceptées par la GRC alors qu’elles entraient illégalement au Canada, entre le 1<V>er<V> janvier et le 30 juin 2017. De ce nombre, 3 350 sont entrés par le Québec, presque exclusivement par le chemin Roxham.

Voisinage

Pierre Sigouin réside sur le chemin Roxham, à quelques centaines de mètres de la frontière. Une partie de son terrain borde la frontière américaine. Ce qui le perturbe le plus, ce n’est pas l’entrée massive de ces immigrants, mais plutôt le va-et-vient incessant des véhicules de la GRC.

«Les demandeurs d’asile, on ne les voit pas, dit-il. La chose qui est la pire pour nous, c’est la circulation des gendarmes de la GRC qui se remplacent continuellement, jour et nuit.»

Plusieurs résidents du chemin Roxham ont de la difficulté à dormir la nuit. «Tous les 15 à 20 minutes, il y a un ou deux véhicules qui passent», précise M. Sigouin.

Des citoyens auraient même accroché des pancartes au village pour rappeler aux gens de respecter la limite de vitesse de 50 km/h sur le chemin Roxham, dit M. Sigouin.

M. Sigouin habite à cet endroit depuis presque 20 ans n’avait jamais été confronté à une telle situation avant. «C’est quand M. Trump a été élu que ç’a commencé à augmenter, dit-il. Personne sur la rue n’a vu ça venir. Avant, c’était un endroit extrêmement calme, où on pouvait voir deux ou trois voitures passer par jour, parfois même aucune.»

Il semble que les autorités anticipent l’arrivée de plusieurs autres demandeurs d’asile sur cette petite route. Depuis quelques semaines, une camionnette de type Econoline est garée au bout du chemin pour transporter ces nombreuses personnes qui entrent au Canada.

«À la frontière, ils ont parlé qu’ils utiliseraient peut-être un autobus tellement il y en a», conclu M. Sigouin.

Demandeurs d’asile interceptés par la GRC au Québec  
Janvier   245  
Février 432  
Mars 644  
Avril 672  
Mai   576  
Juin 781