De retour sur le droit chemin grâce à Justice alternative

Actualité. Jérémie Beauchamp est passé des petits crimes de rue pendant sa jeunesse à la fabrication de grands décors de cinéma pour des films comme X-Men ou Transformers. C’est grâce à l’organisme Justice alternative du Haut-Richelieu que le parcours de vie de ce Johannais a changé lorsqu’il a réalisé des travaux communautaires pour l’International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu. 

« Ç’a été une belle expérience de me faire arrêter, car j’ai rencontré des personnes formidables. Ça m’a sauvé la vie parce que je ne crois pas que j’aurais arrêté mes coups juste de même. Je faisais de petits crimes pour le fun. Ça m’amusait, mais je n’avais besoin de rien. Ma mère qui était monoparentale travaillait fort dans ce temps-là pour tout nous donner à moi et ma sœur », raconte Jérémie Beauchamp.

Délits

Originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, ce jeune homme a fait ses études secondaires à la Polyvalente Chanoine-Armand-Racicot. À l’âge de 13 ans, il a commencé à voler des friandises avec quelques amis dans des commerces comme Dollarama. À 16 ans, lorsqu’il était en troisième secondaire, il s’est introduit par effraction dans des résidences. Il a même commis un vol à l’aide de complices dans une grande compagnie pendant la nuit. 

« À cette époque, je faisais des coups parce que j’aimais l’adrénaline que ça me procurait. Je me disais que je faisais des choses que personne d’autre n’était capable d’accomplir. Je n’avais pas conscience de l’ampleur de mes gestes jusqu’à ce que je vois ma mère souffrir. Elle ne dormait pas après mon arrestation. Elle vivait beaucoup de stress. Les policiers venaient chez nous pour vérifier si j’étais là », lance l’homme âgé dans la trentaine.

L’arrestation

À 16 ans, Jérémie Beauchamp a été arrêté après avoir détruit la voiture de l’un de ses voisins à l’aide d’un bâton de baseball. Il a posé ce geste avec son complice pour se venger de son voisin qui, la nuit précédente, l’avait frappé au visage pendant qu’il marchait dans la rue.

Lors de l’altercation, l’homme l’avait accusé d’être entré par effraction chez lui. Le voisin qui n’avait pas dénoncé les deux adolescents lors du premier accrochage a décidé d’aller voir la police lorsqu’il a vu l’état dans lequel se trouvait sa voiture. 

« J’ai passé une nuit au poste de police. Ma mère n’est pas venue me chercher. Elle m’a dit que si je faisais des niaiseries, c’était ma responsabilité. J’ai été convoqué au palais de justice neuf mois plus tard. C’était long, car d’autres crimes se sont ajoutés. J’ai brisé la vitre du bureau du directeur pour aller chercher mon iPod. Ce directeur, je me souviens encore de lui. Il m’a énormément aidé », confesse Jérémie Beauchamp.

Travaux communautaires

Il a été condamné à 65 heures de travaux communautaires. L’organisme Justice alternative du Haut-Richelieu l’a mis en contact avec l’International des montgolfières pour réaliser des travaux. 

« Je n’ai eu que quatre rencontres avec l’intervenante de l’organisme. Elle a vu que je n’étais pas méchant. Je suis content d’avoir travaillé pour le festival des montgolfières. Je me suis fait des amis là-bas que je garde encore aujourd’hui. J’adorais ça bouger partout. Je me suis même fait engager par le festival à la fin de mes travaux communautaires, car j’étais motivé », ajoute-t-il.

Cinéma

Aujourd’hui, Jérémie Beauchamp a une maison à la campagne près de Saint-Bernard-de-Lacolle et travaille dans le milieu de la construction. Il a été impliqué pendant plusieurs années à Montréal dans l’industrie du cinéma pour construire les décors de grands films comme X-Men, Transformers et Maman, la maison est hantée. Il se dit fier d’avoir terminé son parcours scolaire qui a été semé d’embûches.

« J’avais de la difficulté à rester assis et à écouter les profs à l’école. Le directeur a fait le choix de m’envoyer au pré-DEP (Programme de préparation au diplôme d’études professionnelles). Ce programme m’a permis de finir mes études secondaires pour pouvoir faire mon DEP en construction. Je savais que je devais trouver un travail à l’extérieur où je pouvais bouger. L’école n’était pas faite pour moi », conclut-il.

L’organisme

Justice pour adolescents, un programme de l’organisme Justice alternative du Haut-Richelieu, accompagne des adolescents de 18 ans et moins dans les mesures de réparation. Les jeunes doivent réaliser un certain nombre d’heures de travaux bénévoles pour des organismes de la Ville. 

« Notre rôle est de créer un lien de confiance avec les jeunes pour qu’ils arrivent à mieux gérer leurs émotions. Il y a des jeunes qui s’en sortent plus facilement, mais d’autres vivent dans des milieux plus complexes. Notre travail est de les accompagner et les aider à faire une réinsertion sociale », souligne Kim Forget Desbiens, intervenante chez Justice alternative.

L’organisme réalise également des ateliers de prévention dans les écoles primaires et secondaires. Dans la dernière année, 2625 jeunes du primaire et 3500 autres du secondaire ont assisté à des ateliers sur l’intimidation, la cybercriminalité et la gestion responsable des réseaux sociaux.