Des Michelois sceptiques face au nouveau projet éolien de Kruger
Une soixantaine de citoyens ont assisté, dans le calme, le 11 mars, à la première de deux réunions d’information offertes par Kruger Énergie, qui projette de construire une dizaine d’éoliennes Saint-Michel et à Saint-Rémi d’ici 2016. Plusieurs d’entre eux ont interpellé l’entreprise en remettant en doute la nécessité de construire de nouvelles éoliennes, alors qu’Hydro-Québec accumule des surplus d’électricité. Une deuxième rencontre aura lieu le 13 mars, à Saint-Rémi.
Le directeur du développement durable chez Kruger, Gilles Côté, a d’abord présenté ce que Kruger appelle maintenant le Projet éolien des cultures, avant de répondre aux questions du public pendant environ une heure. La totalité des personnes qui ont pris la parole ont émis des réserves quant à la nécessité d’aller de l’avant avec ce projet.
«On vide les poches d’Hydro et par conséquent, les nôtres aussi», a lancé un citoyen qui participait à la réunion d’information.
Parmi la quinzaine d’interventions venant du public, la majorité a pris la forme de commentaires traduisant un mécontentement face à la décision d’Hydro-Québec de développer la filière éolienne à grands frais. «Depuis quand on fait des projets où l’on perd de l’argent?», demandait un citoyen. À cela, M. Côté a répondu qu’il valait toujours mieux gérer des surplus que des déficits.
Surplus
Il faut dire que cette rencontre avait lieu peu de temps après que l’on eut appris que la Régie de l’énergie autorisait Hydro-Québec à augmenter ses tarifs de 4,3%. Elle faisait aussi suite à un rapport de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, publié en février, qui recommandait au gouvernement de cesser tout ajout de capacité de production d’électricité et de suspendre tout nouvel investissement, notamment dans les contrats d’approvisionnement en éolien, pour les infrastructures qui ne sont pas encore construites.
Certains ont fait valoir que le coût de production de l’énergie éolienne est beaucoup plus élevé que le prix auquel elle est revendue sur le marché américain. D’autres s’inquiétaient de la perte de valeur de leur maison si un parc d’éoliennes devait voir le jour dans leur cour. Citant les conclusions d’une étude qui aurait été produite par une université américaine, M. Côté a expliqué qu’il n’y aurait pas d’impact notable sur la valeur des résidences.
Appui
Certains citoyens étaient en accord avec le projet, dont René Martin, qui a été approché par Kruger pour accueillir des éoliennes sur ses terres. «J’en veux trois! Elles seraient au bout de ma terre. C’est loin et ça ne nuit à personne. On va les voir, mais c’est beau.»
Mario Isabelle, qui possède lui aussi des terres et avait été approché par Kruger dans le cadre du projet de parc éolien qui a déjà vu le jour, appuie le développement de l’énergie éolienne, mais il croit que le gouvernement devrait attendre. «Je suis pour ça à 100 milles à l’heure. C’est sûr que c’est bon, mais on n’en a pas besoin présentement. J’ai fait des voyages en Californie et en Hollande en voir. C’est de toute beauté!» Selon lui, la présence d’éoliennes n’a pas pour effet de dévaluer les résidences puisque le câblage est souterrain. «À Candiac, il y a des fils électriques partout et les maisons se vendent encore plus cher.»