Des plaisanciers n’auraient pas les compétences nécessaires
NAVIGATION – Pour conduire une embarcation motorisée, seul un examen théorique doit être réussi. Certains plaisanciers et organisations considèrent toutefois que cette exigence est insuffisante.
Cet examen permet d’obtenir une carte de conducteur d’embarcation de plaisance qui fait office de preuve de compétence.
Selon le coordonnateur du programme de navigation de plaisance de la Société de sauvetage du Québec, François Plamondon-Labrecque, les conducteurs d’embarcations motorisées devraient avoir une formation plus approfondie.
«Le processus qui a été mis en place pour l’obtention de la carte de conducteur est très bien, c’est un bon début, mais c’est loin d’être suffisant et complet», affirme-t-il.
C’est pourquoi la Société de sauvegarde du Québec offre un cours de navigation de plaisance de 33 heures.
«Lorsque les plaisanciers prennent la peine de suivre un cours plus étoffé, ça réduit de façon drastique les occurrences d’accidents, fait valoir M. Plamondon-Labrecque. Plus les conducteurs sont formés, plus ils voient venir voir les situations fâcheuses et sont en mesure de les éviter.»
Réactions
L’imposition d’un cours pratique aux plaisanciers pourrait nuire à l’industrie, croit Pierre Fortin, propriétaire de la Marina Fortin, située à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix. «Ça pourrait être quelque chose d’optionnel, mais de là à l’obliger, je ne pense pas que c’est nécessaire, dit-il. Ça nous couperait l’herbe sous le pied et c’est notre gagne-pain.»
À la Marina Fortin, on offre une formation à tous les acheteurs de bateau. «On va sur l’eau avec le client, explique M. Fortin. On ne le laisse pas partir sans formation, ce qui n’est pas le cas partout dans les autres marinas.»
Il est trop facile de se procurer une embarcation motorisée, estime Mikaëal Blais, conseiller technique à la Marina Gosselin située à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix et lui-même plaisancier. «Ça prend une carte de crédit pour s’acheter un bateau, pas de la compétence, pense-t-il. Les gens ne jugent pas bien l’eau, le courant. Vive les assurances! Ils ne connaissent pas bien leur bateau ni les lieux où ils vont.» Les priorités de navigation, la signification des bouées, les endroits où ils doivent ralentir et la courtoisie font partie des connaissances qui font souvent défaut aux plaisanciers, remarque M. Blais.
Du côté de l’Association maritime du Québec (AMQ), qui représente tant l’industrie du nautisme que les plaisanciers, on incite les conducteurs à suivre une formation pratique. «Il y a des comportements dangereux sur l’eau, soutient Xavier Colas, responsable des communications à l’AMQ. On est à 200% en faveur de la formation pratique et on pousse dans ce sens-là.»
D’ailleurs, l’AMQ offrira un cours d’une heure gratuitement dans le Vieux-Port de Montréal, du 9 au 11 septembre. Les plaisanciers qui le souhaitent pourront prendre la barre de l’une des deux embarcations qui sera mise à leur disposition et un instructeur qualifié leur offrira une formation d’une heure. Il est possible de s’inscrire en ligne sur le site Internet www.salondubateau.com.
Du côté de la Sûreté du Québec, qui patrouille notamment sur la rivière Richelieu, on a refusé de nous accorder une entrevue.
Diversité des embarcations
Transports Canada, qui s’occupe de délivrer les cartes de conducteurs, justifie l’absence de formation par la variété des bateaux.
«Transports Canada n’exige pas de formation pratique parce qu’il existe une multitude de types d’embarcations et elles ne se conduisent pas de la même façon», mentionne l’agent de développement de Transports Canada au bureau de la sécurité nautique, Jean Tellier.
«Les propriétaires ou conducteurs de ces embarcations sont libres d’aller chercher la formation pratique particulière au type de leur embarcation», ajoute-t-il.
Pour le moment, la réglementation ne devrait donc pas changer. Toutefois, Transports Canada indique que des efforts sont mis de l’avant pour améliorer l’éducation en matière de sécurité nautique et pour renforcer la qualité des examens menant à l’obtention de la carte de compétence.
Avec la collaboration d’Adaée Beaulieu