En cinq ans en Montérégie Ouest: la valeur des terres agricoles bondit de 153 %

ÉCONOMIE – Le prix des terres agricoles en Montérégie Ouest, qui comprend la MRC des Jardins-de-Napierville, a subi une forte augmentation au cours des cinq dernières années. En 2015, le coût d’acquisition d’une terre en culture était de 29 791$ l’hectare. Le prix moyen pour cette même superficie était de 11 761$ en 2010, ce qui représente une croissance de 153,3 % en cinq ans.

Ces statistiques ont été dévoilées il y a quelques semaines par la Financière agricole du Québec (FAQ) dans son rapport annuel Transac-Terres. La FAQ recense toutes les transactions effectuées avec son aide au cours de l’année et établit une moyenne à l’hectare par région. Elle soustrait toutefois les «taux de faveur», par exemple une vente à prix moindre à un membre de la famille.

Si les terres de la Montérégie sont les plus chères, c’est qu’elles sont les plus prisées en province. Plusieurs facteurs expliquent l’intérêt des acheteurs, souligne le directeur du secteur financement à la FAQ, Bertrand Carrier.

«Le contexte agricole est généralement bon, remarque-t-il. Les prix des denrées sont élevés, tout comme les rendements des terres. La qualité de ces sols est excellente, et elles sont à proximité de grands centres urbains.»

Un autre facteur qui influence grandement le prix est la capacité de payer de l’acheteur, selon lui.

«Les taux d’intérêt sont bas, note-t-il. Les entreprises grossissent de plus en plus et se consolident. Quelqu’un qui veut une terre pour accroître la capacité de son entreprise est probablement prêt à en mettre un peu plus pour l’avoir.»

En contrepartie, les agriculteurs savent très bien ce que vaut leur terre, laisse tomber le président du Syndicat de l’UPA du Haut-Richelieu, Jaclin Bisaillon. S’il acquiesce que les chiffres de la FAQ ressemblent beaucoup à ce qu’il a observé sur le terrain au cours des derniers mois, il ajoute que plusieurs terres ont été vendues à un prix bien supérieur à la moyenne de 30 000$ l’hectare.

M. Bisaillon révèle que les agriculteurs veulent obtenir le meilleur prix pour leurs terres quand vient le temps de vendre. Certains agissent comme le gouvernement pour la vente d’actifs. Ils demandent des soumissions.

«L’agriculteur n’est pas fou. Si tu ne mets pas le prix, tu n’auras pas sa terre, explique-t-il. Des gens d’affaires avaient un œil dessus. Le voisin la voulait lui aussi, alors il a dû payer cher pour l’obtenir.»

Rentabilité

À 30 000$ l’hectare, Jaclin Bisaillon doute que les agriculteurs parviennent un jour à rentabiliser leur acquisition.

«Le taux de rentabilité dans le Haut-Richelieu est de 18 000$ l’hectare, soupire-t-il. Au bout de 25 ans, les gens savent très bien qu’ils n’auront pas fait un sou. Le seul bon côté des choses, c’est qu’ils auront la valeur de leur terre derrière eux. Il n’y a pas beaucoup d’offres et ça demeure un bon placement.»

Le fort prix des terres en culture dans le Haut-Richelieu n’aide en rien les personnes qui voudraient intégrer le milieu de l’agriculture, convient Bertrand Carrier.

«Ça représente un défi important pour la relève, concède-t-il. En même temps, il est fort possible que l’achat de terres serve de consolidation pour certaines entreprises en vue d’une éventuelle relève.»

Hausse provinciale

158%

Pour l’ensemble de la province, la valeur moyenne des terres en culture est passée de 7531$ l’hectare en 2010 à 19 432$ en 2015, ce qui représente une variation de 158%.

(Avec la collaboration de Marc-André Couillard)