Fermeture du chemin Roxham: la députée Christine Normandin se pose bien des questions
La députée fédérale du comté de Saint-Jean a plus de questions que de réponses à propos de la fermeture du chemin Roxham. Pourquoi des migrants sont-ils encore conduits à ce passage illégal de la frontière entre les États-Unis et le Canada? Comment le nombre de migrants maximum accepté au pays a-t-il été déterminé, et par qui? « On ne sait pas tout! », déplore Christine Normandin.
Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la fermeture permanente du célèbre passage samedi dernier, en marge d’une visite à Ottawa du président américain Joe Biden.
L’entente conclue avec les États-Unis empêche désormais les demandeurs d’asile en provenance de la frontière américaine d’entrer au Canada par un point de passage irrégulier, comme le chemin Roxham.
En vertu de l’Entente sur les tiers pays sûrs, les demandeurs d’asile doivent faire leur demande dans le pays où ils arrivent. Les migrants qui tentent de traverser la frontière ailleurs que par un poste frontalier officiel sont refoulés s’ils sont interceptés dans les 14 jours suivants leur arrivée.
Selon la nouvelle mouture de l’entente, le Canada consent à accueillir 15 000 migrants par les canaux officiels. Les négociations auraient été amorcées il y a un an entre le Canada et les États-Unis.
Des questions
« L’application de l’Entente sur les tiers pays sûrs s’étend désormais sur l’ensemble de la frontière canado-américaine. Ça soulève beaucoup de questions. Pourquoi a-t-on déterminé que ce sont 15 000 migrants qui pourront faire leur demande d’asile au Canada? Est-ce que ce seront des demandeurs d’asile triés sur le volet déjà reconnus comme réfugiés aux États-Unis? Comment comptabilisera-t-on le nombre de migrants qui entreront au Canada? C’est vraiment très flou… », estime Mme Normandin.
La députée bloquiste se demande également comment les services frontaliers pourront savoir à quel moment les migrants ont traversé la frontière canadienne.
« Comment sera-t-il possible de savoir si les migrants sont au Canada depuis plus de 14 jours? Ils pourraient se cacher dans les bois pour écouler la période de deux semaines ou encore se tourner vers des réseaux de passeurs pour disparaître dans la nature et ne pas se déclarer comme réfugiés au Canada. Et s’ils sont refoulés à la frontière, quelles seront leurs conditions une fois retournés États-Unis? », se questionne Christine Normandin.
D’autres endroits
Avec ses quelque 9000 km de longueur, la frontière canado-américaine est la plus longue frontière internationale du monde. Près de 98 % des demandeurs d’asile qui arrivent de façon irrégulière au Canada empruntent le chemin Roxham. En 2022, 40 000 personnes seraient arrivées par ce passage irrégulier.
Ce passage migratoire est le plus près de la ville de New York, un important point d’entrée de migrants aux États-Unis, souligne Mme Normandin. Le chemin Roxham a été publicisé, ajoute la députée, soulignant que certaines personnes ont même été transportées par des douaniers américains.
« Les migrants ne passeront plus par le chemin Roxham, parce que c’est maintenant interdit. Pour les migrants, c’était facile de passer par Roxham. Mais ils vont assurément trouver d’autres points de passage pour venir au Canada, comme par les Cantons-de-l’Est, où les terres agricoles qui bordent la frontière ne sont pas vraiment surveillées. Je suis loin d’être convaincue que tous les problèmes seront réglés en fermant le chemin Roxham. Il y a beaucoup de suivis à faire. Le diable est dans les détails… », indique la députée de Saint-Jean.