Indication géographique protégée: une nouvelle appellation pour les vins du Québec

ACTUALITÉ – Après l’Agneau de Charlevoix, le Maïs sucré de Neuville et le Vin de glace du Québec, le vin québécois a désormais sa propre indication géographique protégée (IGP) «Vin du Québec». Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, en a fait l’annonce le 16 novembre, au vignoble Domaine Saint-Jacques, à Saint-Jacques-le-Mineur.

Pour pouvoir porter le logo de l’IGP «Vin du Québec», les vins québécois devront satisfaire aux exigences d’un cahier de charges strictes. Sur une base volontaire, les vignerons du Québec pourront soumettre leurs vins à un processus d’évaluation mené par un organisme indépendant.

Cette IGP offrira une garantie de qualité des vins québécois et assurera une traçabilité du produit, de la vendange jusqu’à la bouteille.

«Le Québec devient le seul territoire en Amérique du Nord où le processus d’obtention d’une IGP est basé sur les normes ISO de l’Organisation internationale du vin, explique Yvan Quirion, propriétaire du vignoble Domaine Saint-Jacques et président du Conseil des vins du Québec. Je suis convaincu que cette appellation deviendra un gage de qualité recherché par les consommateurs, tout en témoignant du savoir-faire des vignerons et de l’excellence de nos produits.»

Entrée en vigueur

Publiée dans la Gazette officielle du Québec le 17 novembre, cette appellation pourra être donnée aux millésimes 2018.

«Ce qu’on annonce va contribuer à accroître le dynamisme et la production de tout ce secteur au Québec», déclare le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne.

  1. Quirion prévoit que des vins provenant d’une quarantaine de vignobles québécois porteront l’IGP «Vin du Québec», dès le printemps 2019.

«On a toujours voulu relever la barre, dit M. Quirion. Nous sommes le vignoble qui a le plus de compétition chez lui, au monde. À la SAQ, on retrouve 15 000 vins qui compétitionnent avec nous. Nous sommes condamnés à la perfection.»

La France et l’Italie n’ont qu’à bien se tenir parce qu’on va en prendre des parts de marché, et vite en plus!

Yvan Quirion, propriétaire du vignoble Domaine Saint-Jacques

Exigences

La zone géographique de l’IGP «Vin du Québec» s’étend de la chaîne des Laurentides au nord, à la frontière américaine au sud, puis de la frontière de l’Ontario à l’ouest, aux Appalaches à l’est.

Seuls les vins faits avec 100 % de raisins québécois pourront porter cette mention.

Cette nouvelle appellation s’applique au vin blanc, rouge, rosé, mousseux, pétillant, au vin de vendange tardive, et au vin de raisins passerillés.

Il en coûtera environ 1000 $ par année, par vigneron, pour obtenir cette appellation.

Un logo distinctif sera apposé sur les bouteilles pour différencier les produits qui auront obtenu l’IGP «Vin du Québec».

En 2009, les vignerons québécois avaient obtenu la dénomination «Vins du Québec certifiés». Contrairement à cette certification, qui est donnée par l’industrie du vin, l’IGP émane d’une loi gouvernementale, la Loi sur les appellations réservées et les termes valorisants.

Réaction

Pour Sébastien Daoust, copropriétaire du vignoble Les Vignes des Bacchantes, à Hemmingford, cette annonce tombe à point nommé. Son vignoble s’étend sur 10 hectares et compte 40 000 vignes. Il produit actuellement 15 000 bouteilles par année et vend une bonne partie de sa récolte de raisins à d’autres vignerons.

«Depuis que j’ai commencé, je voulais être certifié Vin du Québec et là, l’IGP arrive seulement deux après ma première vinification. Pour un gars qui part, comme moi, c’est merveilleux. Ça met du sérieux dans la «patente». Pour l’instant, l’IGP «Vin du Québec» est plus importante que mon propre <@Ri>branding<@$p>, parce que je ne suis pas connu.»

Futur

À moyen terme, l’IGP pourrait se préciser et désigner des terroirs plus circonscrits.

«C’est inévitable, croit M. Quirion. On y travaille déjà. Probablement que d’ici cinq ans, on va voir des sous-régions s’installer. On présume que la première va être l’Île d’Orléans, parce que c’est bien délimité.»

L’industrie québécoise du vin est en pleine expansion. Selon M. Quirion, les jeunes sont friands des vins d’ici.

«Les milléniaux ont changé la donne, dit-il. L’enjeu va être de répondre à la demande. On est dans le tsunami. Les ventes de vins québécois ont doublé en quatre ans. En ce moment, il se vend 2,5 millions de bouteilles de vin du Québec, par année, à la SAQ, sur un total de 240 millions de bouteilles provenant de partout ailleurs dans le monde. Là, il faut planter de la vigne pour que le vignoble québécois passe de 770 hectares, à 1500 ou 2000 hectares, d’ici 2025. L’objectif est de vendre 10 millions de bouteilles en 2030 et 25 millions de bouteilles en 2040.»

Les vignobles de la région

  • Vignoble Morou (Saint-Cyprien-de-Napierville)
  • Domaine Saint-Jacques (Saint-Jacques-le-Mineur)
  • Domaine des Salamandres (Hemmingford)
  • Vignoble Le Chat Botté (Hemmingford)
  • Domaine Clos St-Bernard (Saint-Bernard-de-Lacolle)
  • Vignoble Émile-Auguste (Saint-Bernard-de-Lacolle)
  • Vignoble 1292 (Saint-Blaise-sur-Richelieu)
  • Vignoble Camy (Saint-Bernard-de-Lacolle)
  • Les Vignes des Bacchantes (Hemmingford)

L’industrie du vin québécois en chiffres

6 %

La demande pour les vins québécois a connu une hausse de 6 % en 2017 à la Société des alcools du Québec.

295

Au Québec, en 2017, on dénombrait 295 entreprises qui cultivaient la vigne, dont 144 qui possédaient un permis de production artisanale de vin.

16 000

On estime la production de vin du Québec à plus de 16 000 hectolitres (43 % de vin blanc, 30 % de vin rouge et 27 % d’autres produits).

Source: Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

Une dizaine de vignerons québécois étaient présents lors de l’annonce de la création de la nouvelle IGP «Vin du Québec», le 16 novembre.