La carpe asiatique menace la rivière Richelieu

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a confirmé hors de tout doute que la carpe asiatique est présente dans le fleuve Saint-Laurent. Le redoutable poisson envahissant a été détecté sur dix kilomètres aux portes de la rivière Richelieu.

En détruisant des herbiers essentiels à la reproduction des espèces indigènes, dont la perchaude, la carpe asiatique pourrait causer des ravages dans les plans d’eau de la province. C’est pourquoi elle est considérée comme une menace.

Une étude confirme pour la première fois sa présence au Québec. Des analyses de fragments d’ADN animal sur 110 sites en province ont permis de trouver des traces de la carpe asiatique à 16 endroits, dont trois sur le Richelieu.

«D’autres analyses ont été menées en amont et au lac Champlain. Bonne nouvelle, il n’y en a pas pour l’instant. L’autre voie d’accès, liée à l’Hudson, est négative», indique Véronik de la Chenelière, du ministère de la Faune.

Les échantillons ont révélé qu’il s’agit de la carpe de roseau, une des quatre espèces originaires de l’Asie importée aux États-Unis dans les années 60. Il n’y avait aucune trace au Québec des carpes argentées et à grosse tête, deux spécimens qui sont aux portes des Grands Lacs. La carpe noire, qui a colonisé le Mississippi, n’a pas été évaluée. Soulignons qu’à cet endroit, ce poisson représente jusqu’à 90% de la biomasse.

Obstacles

Il y a un aspect rassurant pour le Richelieu, à l’effet que la carpe a été recensée en aval, plutôt qu’en amont. Les œufs déposés au fond des plans d’eau dérivent avec le courant.

«Il faudrait qu’il y ait une migration. Des obstacles pourraient représenter des barrières naturelles. Une analyse est en cours pour les déterminer. Ces vecteurs pourraient empêcher les carpes de se rendre en amont par leurs propres moyens», mentionne Mme de la Chenelière.

Sur la rivière, les chutes de Chambly pourraient être l’un de ces atouts. Si c’est le cas, cet obstacle pourrait être exploité, afin de restreindre l’avancée de la carpe.

Prévention

Ces efforts pourraient toutefois s’avérer vains si la contamination se fait en amont. Pour cette raison, le Ministère a resserré ses règles.

L’utilisation du poisson-appât vivant est désormais interdite à l’année. En saison hivernale, les pêcheurs pourront avoir recours aux menés morts sur le lac Champlain et la rivière Richelieu. Cette mesure vise à éviter que les jeunes carpes soient confondues avec les poissons habituellement choisis comme leurre.

Également, Québec poursuivra l’implantation de saines pratiques de nettoyage des embarcations et de gestion de l’eau des viviers. On portera aussi une attention particulière à la gestion des barrages et des passes migratoires.

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Un poisson dévastateur

Là où elle s’installe, la carpe asiatique bouleverse les écosystèmes. Elle est herbivore, mais elle avale jusqu’au cinquième de son poids chaque jour. Elle vole la nourriture aux espèces indigènes.

1,3 mètre

La taille de la carpe de roseau, l’espèce dont la présence a été détectée jusqu’à maintenant, peut atteindre 1,3 mètre.

50 kg

Un spécimen peut peser jusqu’à 50 kilogrammes. Sa croissance est rapide et son appétit vorace. Sa chair n’est pas bonne à la consommation.