La Fromagerie Fritz Kaiser en pleine croissance
La Fromagerie Fritz Kaiser poursuit sa croissance. L’entreprise de Noyan a déjà amorcé une série d’investissements d’une valeur de 2 M$ qui se poursuivra jusqu’en 2017 et lui permettra de se doter d’une nouvelle ligne de production pour des fromages à pâte molle.
Ces montants investis dans la production représentent un beau cadeau de fête pour l’entreprise, qui célèbre cette année ses 35 ans. Parmi les équipements achetés, on note un tailleur, une presse et un cailleur. Une machine à emballer est aussi dans les plans.
Ces investissements surviennent cinq ans après un autre gros morceau. En 2011, l’entreprise avait financé de nouveaux bâtiments et équipements pour la somme de 5 M$.
«Nous grossissons, les ventes aussi, justifie Fritz Kaiser. Notre croissance est d’environ 5% par année. Nous achetons et installons les équipements au fur et à mesure que les besoins se présentent.»
En plus d’augmenter la production, qui est actuellement à trois tonnes de fromage par jour lorsque l’usine est à plein régime, les équipements permettront d’obtenir des produits plus uniformes.
Actuellement, la fromagerie est occupée à remplir ce que son propriétaire surnomme «la banque de fromages». Les chambres froides sont plutôt vides en juin, indique M. Kaiser. L’entreprise commence à accélérer la cadence pour remplir les étagères de Douanier, de Pont Tournant, de Sœur Angèle ou des autres produits comme le fromage à raclette. L’inventaire devrait atteindre près de 120 tonnes de fromage cet automne.
Pionnier
C’est d’ailleursavec son fromage à raclette que Fritz Kaiser s’est fait connaître. Originaire de la Suisse, il débarque au Canada en 1978 avec une formation de fromager. Il a travaillé sur la ferme laitière de ses frères, à Noyan, avant de démarrer sa propre entreprise, en 1981.
«J’avais appris quelque chose, et je me suis dit que je pourrais l’utiliser, raconte M. Kaiser. J’ai donc transformé une petite laiterie et commencé à fabriquer du fromage ici.»
Dès le départ, il se lance dans la raclette. Ce produit n’était pas fabriqué au Québec à l’époque. Ce qu’on trouvait sur les tablettes provenait inévitablement d’outre-mer. M. Kaiser affirme avoir été le premier à commercialiser de la raclette locale au Canada.
«Petit à petit, j’ai remplacé l’importation, souligne-t-il. Les autres ont suivi après.»
Habitudes
Les habitudes de consommation de fromage des Québécois ont grandement évolué au cours des 35 dernières années. Le jour et la nuit, estime M. Kaiser.
«C’est incroyable comment ça a changé, laisse-t-il tomber. Quand j’ai commencé, il n’y avait que du Oka qui était produit localement. Le marché était composé de 10% de fromages canadiens et 90% de produits européens, surtout la France et la Suisse. On me disait même à l’époque qu’il y avait trop de fromages ici. Aujourd’hui, le Québec est le meilleur marché pour les fromages spécialisés de tout le Canada. Et je crois que c’est en partie grâce à l’influence européenne.»
Les habitudes de consommation ont commencé à se métamorphoser à la fin des années 80. Plusieurs émissions de télévision sur le vin et faisant la promotion de leur accord avec les fromages ont alors fait leur apparition. C’est également à cette époque que plusieurs entreprises ont débuté l’importation de fours à raclette, ce qui a propulsé ce type de fromage dont les ventes étaient plutôt saisonnières auparavant.
Gamme
Fritz Kaiser se souvient avoir lancé sa «gamme» de produits en 1981. Elle était constituée de fromage à raclette et de son célèbre Noyan. Il avait également tenté d’obtenir un permis pour fabriquer du brie, mais on le lui avait refusé.
Disons simplement qu’il ne regrette pas cette rebuffade. Son catalogue de produits compte aujourd’hui une trentaine de fromages, à pâte demi-ferme, ferme ou molle, lui qui se spécialise dans les fromages à croûte lavée. Sans compter les produits exclusifs que l’entreprise fabrique pour plusieurs chaînes d’alimentation comme Metro et Sobeys.
Ce lien avec les épiceries, c’est Fritz Kaiser lui-même qui l’a développé.
«C’est moi qui étais allé voir Steinberg à l’époque, se souvient-il. Ils m’avaient permis de distribuer mes produits dans les deux succursales de Saint-Jean-sur-Richelieu.»