Le CPE Les jeunes pousses ferme deux cuisines faute d’argent

ENFANCE – Le Centre de la petite enfance (CPE) Les jeunes pousses des Jardins-du-Québec ferme la cuisine de ses installations d’Hemmingford et de Sherrington, soulevant la grogne des parents, afin d’économiser au minimum 55 000$ par année.

Cette mesure fait partie d’un ensemble d’actions posées par le conseil d’administration pour équilibrer le budget, qui a été lourdement amputé par le gouvernement du Québec, affirme la directrice générale de l’établissement, Stéphanie Richer. Le CPE doit essuyer des pertes de plus de 132 000$ pour l’année 2015-2016.

Ce faisant, la cuisinière de l’installation de Sherrington a été mise à pied. Celle du CPE d’Hemmingford travaillera de pair avec la cuisinière de l’installation de Napierville. D’ici quelques semaines, tous les repas seront préparés à Napierville, puis livrés aux deux autres installations. Le CPE compte louer un véhicule pour assurer le transport quotidien des repas.

Le CPE utilisera environ 55% de l’allocation de transition que le gouvernement lui alloue cette année pour mettre cette mesure en œuvre. Une somme de 35 000$ servira pour acheter un four à cuisson rapide, de contenants isothermiques pour le transport des repas, de plats de cuisson et un mélangeur.

Administration

Depuis mai 2015, deux postes de direction d’installation et un le poste de commis-comptable ont été abolis, rappelle Mme Richer. D’autres mesures ont aussi été prises par le CPE pour diminuer le poids de sa masse salariale, notamment en ne remplaçant pas les éducatrices absentes lorsque le ratio enfants/éducatrice le permet.

«Nous avons fait comme choix de couper dans les frais administratifs d’abord et ainsi préserver le plus longtemps possible les services directs aux enfants», affirme la directrice.

Toutes ces mesures réunies permettront au CPE de dégager un maigre surplus annuel de 856$.

Craintes des parents

Cette décision soulève l’ire de nombreux parents qui s’inquiètent notamment de la qualité de la nourriture qui sera servie à leurs enfants. C’est le cas de Christian Haut, père de deux enfants qui fréquentent l’installation d’Hemmingford.

«On s’inquiète de la qualité et de la chaleur de la nourriture, dit-il. Juste en kilométrage, c’est 30 minutes entre Napierville et Hemmingford, sans compter le chargement et le déchargement des repas et la distribution aux enfants. Qu’est-ce que ça va être si le camion de livraison suit un tracteur ou s’il y a une tempête de neige?»

M. Haut déplore aussi le fait que cette décision a été prise cet été, alors qu’il n’en a pas été question lors de l’assemblée générale annuelle tenue à la mi-juin.

«On se fait imposer ça et ça nous frustre», dit-il.

Il a notamment fait parvenir une lettre au député de Huntingdon, Stéphane Billette, pour dénoncer la situation. Selon lui, d’autres parents ont entrepris une démarche semblable.

Réaction

Mme Richer reconnaît que la décision de fermer les deux cuisines ne fait pas l’unanimité. «Je comprends les parents, confie Mme Richer. La bonne odeur n’y sera plus le matin à l’arrivée des enfants, ainsi que les visages familiers et rassurants des cuisinières qui agissaient avec bienveillance auprès d’eux. C’est très dommage, car ça fait partie de l’expérience agréable qu’est le CPE, mais nous n’avons pas le choix.»

Mme Richer assure cependant que cette mesure n’affectera pas la qualité de la nourriture. «Les recettes seront les mêmes avec les mêmes ingrédients et mieux, car en regroupant nos cuisines, nous ferons également une économie sur les achats», explique la directrice.

En ce qui concerne la température des repas livrés, Mme Richer indique que grâce aux contenants isothermiques, les aliments chauds ne perdront qu’un degré à l’heure. «Dans notre cas, les plats seront transférés du four au contenant et livrés à l’intérieur d’un délai d’une heure», précise-t-elle.

Dans l’éventualité où les repas ne pourraient pas être livrés en raison d’une météo peu clémente, la directrice générale précise que les installations auront des repas sous vide en réserve, comme de la sauce à spaghetti, mais aussi de la purée pour les poupons et des aliments en conserve.

Fermeture

M. Haut se demande si ces difficultés financières ne sont pas le présage à une éventuelle fermeture des installations déficitaires d’Hemmingford et de Sherrington. «Il n’a jamais été question de fermer les petites installations, rappelle Mme Richer. C’est la raison pour laquelle nous travaillons aussi fort pour avoir l’installation de Saint-Cyprien.»

Une 4e installation pour assurer la pérennité du CPE

L’installation de Napierville (70 places) suffisait à éponger les déficits des plus petites installations de Sherrington (39 places) et Hemmingford (39 places).

Avec le changement récent des barèmes de financement des CPE imposé par le gouvernement du Québec, ce n’est plus possible.

«Nous aurons besoin de la quatrième installation (celle de Saint-Cyprien, de 75 places) afin d’assurer la pérennité de nos installations.»