L’église Saint-Jacques-le-Mineur convertie
En dix ans, pas moins de 14 églises ont été démolies en Montérégie et 47 autres ont fermé ou changé de vocation révèlent des données obtenues par TC Media. À Saint-Jacques-le-Mineur, la municipalité a fait l’acquisition de son église en 2010, dans le but de la transformer en centre multifonctionnel. La mairesse, Lise Trottier, a tous les plans en main pour réaménager ce lieu. Il ne manque plus que les subventions du gouvernement pour aller de l’avant.
L’église de Saint-Jacques-le-Mineur était à vendre. Le diocèse souhaitait s’en débarrasser. Plusieurs citoyens, dont Mme Trottier, y ont vu une opportunité à saisir. «La demande venait des citoyens de sauver ce patrimoine bâti», explique-t-elle.
En septembre 2010, la municipalité achetait le presbytère au coût de 174 000$ et l’église pour 1$. Lors de la consultation publique qui a précédé l’achat de l’église par la municipalité, les citoyens ont largement appuyé cette initiative. «Les citoyens disaient qu’ils passaient à côté d’une opportunité d’acheter un édifice solide, se rappelle Mme Trottier. Les gens applaudissaient. Ils venaient au micro et certains disaient qu’ils s’étaient fait baptiser ici.»
L’objectif de Mme Trottier est d’en faire un centre multifonctionnel comprenant notamment une salle communautaire et un gymnase pouvant accueillir 225 personnes, la bibliothèque municipale et une salle multimédias. «De par sa localisation, ce bâtiment est intéressant. Il est à côté de l’école et au centre du village», note Mme Trottier.
Elle veut également y aménager des locaux qui seront mis à la disposition de différents organismes communautaires. Avec l’aide d’architectes, ils ont même imaginé y installer un mur d’escalade.
Mais avant toute chose, l’électricité et la plomberie devront être refaites, de même que les fenêtres. On veut y installer une cuisine, des salles de bain et des douches. Ainsi, les lieux pourront être utilisés à titre de centre d’hébergement pour la sécurité civile, en cas de catastrophe comme la crise du verglas ou encore si un accident majeur devait survenir sur l’autoroute 15. On y retrouvera un système de télécommunication et un ascenseur pour permettre aux personnes âgées d’accéder au jubé.
Mme Trottier caresse même l’idée de transformer ce qui, autrefois, était l’écurie et la maison du bedeau, qui se trouvent derrière le presbytère, en un petit théâtre d’été.
Un lieu achalandé
Avant même que les lieux soient réaménagés, l’église est régulièrement fréquentée par les citoyens. La sacristie a été transformée en salle du conseil. On y sert le déjeuner de Noël et les enfants y sont invités pour le dépouillement de l’arbre de Noël. Lors de notre visite, on y avait même aménagé un terrain de badminton.
Une salle est louée aux Alcooliques Anonymes tandis que d’autres servent à offrir des cours de danse. Le sous-sol se transforme en une gigantesque maison hantée à l’Halloween et sert présentement à la confection des paniers de Noël. Les familles peuvent également louer l’espace pour y célébrer une fête.
Quant au presbytère, la municipalité y loue trois logements en plus d’offrir plusieurs salles à différents organismes. «On n’avait pas de salle avant et maintenant, il va falloir leur trouver des noms!», explique Mme Trottier. Ma fierté, c’est que ce sont des bâtiments de la communauté, qui sont restés à la communauté, selon nos moyens.»
Subventions
De nombreux travaux devront être exécutés pour aménager les lieux. Les coûts de la conversion de l’église sont évalués à environ 2,2 M$. «Le diocèse avait fait faire un carnet de santé de l’église, qui la déclarait super solide», explique la mairesse.
Il en coûterait 4,4 M$ pour reconstruire le même bâtiment aujourd’hui, selon les architectes consultés par la municipalité.
Selon Mme Trottier, si un promoteur avait acheté l’église pour en faire des condos par exemple, la municipalité n’aurait pas été en mesure de trouver un autre terrain de 13 000 pieds carrés, comme celui de l’église et qui soit aussi bien situé.
Depuis quatre ans, la municipalité y a investi environ 20 000$, notamment pour remplacer le système de chauffage. «On ne veut pas endetter les citoyens, précise Mme Trottier. On veut aller chercher des subventions.» Selon elle, le ministère de la Culture pourrait investir jusqu’à 170 000$.
D’autres subventions pourraient également être disponibles, notamment pour l’aménagement d’une nouvelle bibliothèque. «Elle nous appartient, on l’a sauvée. On n’a pas de dette là-dessus», se félicite la mairesse.
Le projet a été soumis au gouvernement une première fois il y a deux ans et une seconde fois, en juillet dernier, sans succès.
«L’important pour nous, c’est d’avoir un projet articulé et de le présenter», souligne Mme Trottier. Elle compte soumettre à nouveau sa demande au gouvernement et faire valoir son argumentaire dès janvier 2014.